Chapitre 29

18 5 11
                                    

     Je dévalai le flanc de la montagne en sens inverse sous les regards surpris des badauds alentours, manquant de peu et de nombreuses fois de me retrouver précipitée dans le vide à ma droite. Derrière moi, la dragonne aux écailles bleues semblait prête à jouer avec moi ainsi que l'avait fait Morpho.

     Mon cœur était un oiseau affolé coincé dans les barreaux trop épais que formait ma cage thoracique, mon souffle était rapide et peinais à trouver un rythme régulier tant et si bien qu'un point de côté commençais à poindre dans mon bas-ventre, mon sac commençai à peser si lourd sur mon dos et à tant me ralentir que je finis par le lâcher au détour d'un lacet -lacets que je coupai autant que faire se peut- et la chaleur du grand soleil qui brûlait ma peau m'écrasait.

     Au fur et à mesure que je descendais la montagne à une vitesse dangereusement grandissante, je croisais de moins en moins de dragons et le terrain s'aplatissait davantage. Je ne comptais plus les minutes qui s'étaient certainement muées en heures lorsque j'atteignis l'orée de la forêt. Ma gorge me brûlait, mes poumons semblait décéder tout comme mon cœur et chacun des muscles de mon corps, mon dos dégoulinait de sueur, trempant mon haut aussi sûrement si j'eus pris une douche et mes pieds me paraissaient lestés dans du béton au point que chacune de mes foulées me coutaient.

     A ma suite, la dragonne énervée suivait mon pas de course qui commençait à ralentir et cela devait bien faire deux ou trois kilomètres qu'elle avait cessé de gronder, de rugir et de claquer des mâchoires pour m'effrayer.

     Bientôt, je pus entendre la rivière que j'avais longée puis traversée dans la matinée sur ma gauche mais, soudainement, de cette fatalité due à mon épuisement mental et physique ainsi qu'à une racine sortant de terre au mauvais endroit, je m'étalais de tout mon long dans la terre meuble et légèrement boueuse des bois. Le choc résonna en moi.

     Pantelante, suffocante, je pivotais ma tête pour obtenir quelques goulées d'un air plus respirable. On eu dit que je voulais absorber tout l'oxygène que les arbres rejetaient.

     Tout mon corps criait souffrance. Mes muscles, tétanisés, refusaient à présent d'esquisser le moindre mouvement que je leur ordonnais de réaliser, les plantes de mes pieds brûlaient comme si un forgeron les avait trempées dans les braises avant de les frapper entre une enclume et son marteau et ma vessie pleine me semblait le comble du comble, j'étais à un cheveu de m'uriner dessus. Le fait que mon estomac n'a pas encore régurgité son contenu tenait du miracle, d'une prouesse que j'eu cru impossible. J'avais l'impression que mes doigts ne recevaient plus de sang ou bien beaucoup trop ; j'étais perdue dans mes sensation, mo pouls continuait de battre à une vitesse folle comme celui d'un lapin au bord de la crise cardiaque, dans mon gosier résidait un véritable feu de forêt sur le point de m'asphyxier, ma bouche entrouverte était celle d'un poisson hors de l'eau, un liquide coulait abondamment de l'une des narines de mon nez -du sang peut-être- et mes temps battaient furieusement contre les côtés de mon crâne. Ce dernier semblait d'ailleurs sur le point d'exploser dans une gerbe de cervelle et de liquide céphalo-rachidien, mes yeux peinais à garder un regard un tant soit peu droit mais toujours flou sur les fougères en face de ma figure et je me sentais sur le point de pleurer sans qu'aucun mécanisme pour qu'un tel acte est lieu ne s'activa en moi.

     Je ne sus comment je fus pour rester consciente malgré les tâches noires qui apparaissaient en vagues sourdes devant ma vision, résistant sans raison au doux appel du coma et souffrant dans mon corps qui n'étais plus que douleur et souffrance, mes nerfs s'excitant dans un plaisir malsain sous ma peau affaissée contre le sol.

     Je ne sus non plus combien de temps je restai là, sans pouvoir esquisser le moindre geste, le moindre embryon de mouvement. Mais au fur et à mesure de ce temps, lentement, ma respiration ralentie, mon pouls redescendit, ma vision se clarifia légèrement et, un à un, petit à petit, comme s'ils prenaient tout leur temps, la fibre de mes muscles commença à se détendre.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Nov 03 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

ElzémirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant