Chapitre 28

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La grotte aurait pu être sombre si elle n'avait pas été éclairée par un feu ronronnant dans un de ses trous. Des trous, elle en était parsemée et Pauline avait l'air de les avoir employés comme placards à rangement, on y trouvait même des objets pour humains tel que des couverts ou des stylos qui semblaient bien de petite taille à côté de ceux employés par les dragons.

Je me présentais rapidement à la dragonne tout en continuant mon exploration visuelle des lieux tandis qu'elle me préparait un plat qui ressemblait à un omelette. Elle me la déposa et me souffla au visage.

- Mais... pourquoi viens-tu de... commençais-je avant de réaliser qu'elle venait d'utiliser un sort pour me sécher. Oh, merci.

- Comment t'es-tu retrouvée dans cet état ? Normalement on se baigne sans ses affaires, non ?

- J'ai été poursuivit par un dragon, un dénommé Morpho.

- Oh lui ? C'est un abrutit.

- Pourquoi dis-tu cela ? Tu as déjà eu affaire à lui ?

- C'est une histoire un peu spéciale et assez désagréable, me répondit-elle évasivement.

J'hésitait à lui en demander davantage et enfournai finalement une bouchée de son plat. Il n'était ni bon ni mauvais mais néanmoins chaud et revigorant ; tous ce dont j'avais besoin dans l'immédiat. J'avalais une seconde fourchettée et Pauline me demanda :

- Sinon, comment tu t'en sors depuis ton anniversaire ? Mis à part ta confrontation avec Morpho, bien sûr. Tu es ici depuis combien de temps ?

Je lui fis donc part de mes périples depuis mon entrée dans la forêt qui remontait à depuis bientôt trois jours.

Intéressée, elle m'écoutait en lâchant de temps à autre quelques commentaires afin de me laisser un instant pour manger un peu de son plat dragonesque. Une fois que j'eus fini mon cour récit, elle me raconta à son tour sa vie mouvementé entre ses six frères qui semblaient tous hyperactifs ou super susceptibles.

- Que comptes tu faire à présent ? Me demandais la dragonne tandis que je lavais l'assiette dans laquelle j'avais mangé à un petit point d'eau dans un coin de la grotte.

- Je comptes aller en haut de la montagne et puis, j'aviserai une fois là-haut... répondis-je pour ne pas lui avouer que j'étais absolument perdue dans cette histoire de cérémonie de l'âme.

Les ailes de Pauline s'affaissèrent légèrement mais elle se secoua les plumes et me proposa avec une voix qui se voulait entrainante :

- Je peux t'aider à grimper si tu veux ! C'est plus rapide en volant qu'en marchant avec de petites pattes de gravir ce tas de cailloux.

J'acceptais de nouveau son offre et repositionnai sur mon dos mon sac à présent aussi sec que moi. En sortant de la grotte, je papillonnai des paupières avant que mes yeux ne se soient habitués à la forte luminosité du monde extérieur. Je remarquai que ce n'étais pas le cas de Pauline et lui demandai, en montant sur son dos, si les dragons supportaient mieux les changements de luminosité que les humains.

- Tu es vachement perspicace toi dis donc. En effet, nos pupilles s'adaptent très vite à la luminosité, que l'on passe du clair à l'obscur ou inversement. Et puis on voit dans le noir, jusqu'à une certaine mesure. D'ailleurs, selon une légende, certains dragons seraient partis vivre sous terre. Mais ils n'auraient pu survivre.

- Mais vous clignez bien des yeux en revanche.

Elle rit doucement, de ce rire de dragon qui était si mélodieux à l'oreille.

- Bien sûr...

Un léger silence s'écoula tandis qu'elle décollait et j'en profitais pour admirer ses plumes qui étaient si douces sous la paume de mes mains. Elles étaient d'un violet foncé se dégradant élégamment en un mauve pâle et chaque mouvement des ailes de la dragonne les faisaient réaliser une dans hypnotique.

ElzémirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant