Chapitre 3: Cauchemar aveugle

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Je me suis réveillée au petit matin avant tous les autres élèves. La nuit avait été plus mouvementée que je ne l'aurais espéré, j'avais fait un affreux cauchemar. Le château, ma maison, tout, absolument tout avait été détruit. Les sorts fusaient de tous les cotés et seulement quelques élèves avaient survécus pour faire face à la menace qui se trouvait devant nous. Des gobelins. Les yeux rouges injectés de sang. C'était eux qui dans mon rêve avaient mis l'école à feu et à sang.

Je m'étais réveillée en sueur, ne sachant que faire de ce rêve que je venais de faire, autour de moi tout le monde semblait dormir profondément, mais mes yeux n'arrivaient pas à se fermer. Je vis apparaitre devant mon lit une forme étrange, démoniaque. Cette chose n'était pas humaine. Mon corps était paralysé et aucun son ne pouvait sortir de mes entrailles. Je suffoquais, je n'arrivais pas à garder la face. J'étais terrifiée. Seule une larme pu s'échapper de mon œil et couler le long de ma joue. J'étais en proie aux terreurs nocturnes depuis mon enfance, souvent l'on dit que lorsque l'on grandit elles tendent à disparaitre mais les miennes me suivent comme mon ombre. Celle-ci fut plus difficile à s'évaporer, le temps passée en proie à cette terreur m'avait paru être une éternité.

Je sortis du lit peu après m'être débarbouillée dans les salles de bains. J'enfilais une de mes robes et ne pris pas soin de coiffer ma chevelure rouge. Je m'en fichais éperdument, je cherchais juste à me promener dans le château avant le petit déjeuner. J'arpentais les couloirs en faisant attention de ne pas déranger les tableaux alentours. Certains semblaient grognons au petit matin. Je me dirigeai vers une des cours du château. M'aérer l'esprit semblait être la meilleure chose à faire dans ces situations. Je repensais à Sébastian, à sa requête de participer à ses combats. L'idée m'enchantais encore plus que la veille. J'avais besoin de me défouler et passer mes nerfs sur un élève venu m'affronter de lui-même rendait la chose plus acceptable.

- Qui es là ?

Une voix que je connaissais retentit non loin de la cour derrière un pilier. Je m'avançais prudemment. Je découvris le garçon du train adossé contre la paroi de pierre. Ominis. Son regard aveugle semblait me chercher, je m'approchais en toussotant. Son visage ayant entendu le bruit se tourna vers moi.

- Ominis Gaunt ? Que fais-tu à cette heure-ci tout seul dehors ? Tu as besoin d'aide ?

- Besoin d'aide ? Tu te fiches de moi ? Je suis un Gaunt, je n'ai pas besoin d'aide. Haltman.

Je levais les yeux au ciel devant tant de complaisance. Mais je n'avais pas vraiment la tête à me battre pour obtenir un peu plus de modestie.

- Comment ? Comment as-tu su que c'était moi ?

- C'est simple. Par ta voix. Je les reconnais toutes. Certaines m'insupportent plus que d'autres d'ailleurs. Je prie tous les jours pour ne pas entendre celle d'Imelda. Qui puisse être le seigneur de ce monde, il ne me laisse aucune foutue journée de répit.

Un sourire se dessinait sur mes lèvres. Bien sûr, il ne pouvait le voir, je me rapprochais de lui, ses yeux me fascinaient, ils avaient quelque chose de somptueux malgré le voile gris bleuté qui les entouraient.

- Peux-tu arrêter de me fixer ? C'est gênant.

Comment ? Mais par Merlin, comment faisait-il pour comprendre que je le fixais ? Était-il au moins vraiment aveugle ? Une telle prouesse n'était pas possible je n'en revenais pas. Je me plaçais à ses côtés dos au mur pour ne plus être tentée de le détailler du regard. Je me demandais comment avaient été ses années à Poudlard. Être aveugle dans un château immense n'avait pas dû être simple tous les jours. Mille et une questions se bousculaient à son sujet.

- Je t'entends penser Haltman.

Son ton était cassant. J'avais l'impression de le déranger. Je m'apprêtais à prendre congés lorsqu'il me retint par le bras d'un geste vif et rapide. Il avait su attraper mon bras sans même tâtonner pour le trouver. Cet homme restait un sacré mystère. Je restais alors à ses côtés, je sentais que son geste avait été presque désespéré. Cette fois ci il semblait me regarder droit dans les yeux.

Le Masque Du Serpent Blanc - Sebastian PALLOWOù les histoires vivent. Découvrez maintenant