La fille du passé c'est moi

Chapitre 9

- Et bien mademoiselle, vous êtes de nouveau bien silencieuse. Comme vous pouvez le voir, nous ne sommes pas devant la porte de mon bureau. Car je vous ai préparé une petite surprise...

Je ne répondis pas, non pas qu'il me manquait les mots, mais plutôt par appréhension. Je ne savais ni ce qui se cachait derrière cette porte, n'y quoi. Mr. Duboit, lui affichait un sourire sur ses lèvres, heureux de son châtiment. Celui-ci rapprocha son visage du mien, et plongea son intense regard dans le mien, avant d'ajouter :

- Eh bien Mademoiselle Martin, qu'attendez-vous ? Ouvrez cette porte.

Je m'exécutai sans broncher, la porte était lourde et la peur de la sanction m'envahissais petit à petit. Une fois que mon corps avait passé le bas de porte, du bruit se fit entendre, des bruit de combat. C'était une salle d'escrime, où un cours se déroulait. Un cours de jeune homme probablement d'une classe supérieure, car aucune fille n'était présente

- Suivez-moi, Mademoiselle Martin. J'ai quelqu'un à vous présenter. Il sera entre guillemets votre mentor, il vous aiguillera sur le bon comportement à avoir dans cet établissement. Car ce n'est pas parce que vous êtes une jeune fille, qui plus est nouvelle, que vous êtes en droit de ne pas respecter le règlement. En effet, je ne suis pas sûr de votre implication dans cette affaire, mais je préfère prendre mes précautions en vous attribuant un mentor de comportement. Vous serez amené à le voir minimum deux fois par semaine, pour qu'il vous aide à améliorer vos notes, qui ne sont pas grandioses soit disant passant. Et de plus, il vous enseignera les bonnes manières. 

Abasourdie pas ce que le surveillant venait de me dire, j'y réfléchis à deux fois avant de prendre la parole.

- Excusez-moi monsieur, mais j'ai du mal à comprendre. Pourquoi un jeune homme m'enseignerait le savoir être, si celui-ci n'applique pas lui-même les bonnes manières féminines. Enfin ce que je veux dire, c'est qu'il s'agit d'un jeune homme et non d'une jeune fille...

- Eh bien mademoiselle, tout simplement, car il s'agit de notre meilleur élève en matière de bonnes manières et de bonnes notes. Il a été élu l'an dernier premier du concours inter-régional d'éloquence.

Mr.Duboit ajouta :

- Il s'agit du jeune homme devant nous, qui est en train de combattre. 

Ok, je vais avoir affaire à un intellectuel de première, bon dans tous les domaines. Et pour ne pas arranger le tout, je vais devoir me le coltiner deux fois par semaine.

Mais bon après réflexion, on ne sait jamais ce que nous réserve l'avenir peut-être, que ce fameux jeune homme est finalement une gentille et aimable personne.

Le surveillant interpella d'un signe de main le garçon qui venait de finir la manche qu'il avait évidemment remportée. Celui-ci se retourna et se dirigea vers nous tout en enlevant son casque sur la tête. Et ce que je vis me retourna la tête, je ne m'étais pas préparé à cette éventualité...

- MATHIAS ! Comment te portes-tu ? J'ai une nouvelle élève pour toi.

Celui-ci ne posa à aucun moment les yeux sur ma personne, il détourna directement son regard sur mon accompagnateur. On pouvait déjà entendre sa respiration non joyeuse de là où nous étions. Mathias, c'est bien ça, l'ami de Mayeul, ce soi-disant élève, premier de sa promo en bonté et bienveillance. Je crois qu'il y a erreur dans le casting, ce garçon est dépourvu de la moindre compassion et amabilité. J'ai du mal à croire que ce jeune homme soit un si bon élève, j'aurais plutôt parié sur le briseur de cœur au fond ténébreux et rebelle.

Mathias changea d'expression au moment où il prit conscience qu'il s'agissait du surveillant, soit une figure d'autorité à ses yeux.

- Bonjour Monsieur Dubois, l'entraînement est bon, nous sommes à quelques semaines du championnat, nous faisons au mieux pour être prêts en temps et en heure.

- Parfait, fit le concerné. Je te présente Joséphine, une jeune fille que nous avons accueillie par bienveillance. Il prit le temps de faire une pause pour me dévisager, en passant de mon visage à celui de mon futur tuteur. Elle a fait ses premiers pas en classe de seconde ces dernières semaines, mais comme tu t'en doutes, j'aimerais te la confier pour, tu vois... enfin essayer... de l'aider à trouver le droit chemin.

Mathias eut un regard de dégoût au moment où ces phrases furent prononcées, mais il ne dit rien pour autant. Monsieur Dubois reprit une dernière fois avant de nous quitter :

- Je vous laisse, maintenant j'ai des impératifs. Je compte sur vous Mathias pour aider au mieux cette demoiselle Martin, je suis conscient de votre charge de travail, mais cela sera un atout notifié dans votre dossier de scolarité. Je vous planifie une première séance demain, la salle de lecture sera à votre disposition l'après-midi. Sur ce, je vous souhaite une bonne fin de journée.

Il finit sa phrase au moment où la cloche se mit à sonner la fin des cours. Les élèves présents dans la salle à mon arrivée avaient tous disparu, nous n'étions maintenant plus que tous les deux, pris au dépourvu. Je fus la première à prendre la parole :

- Je suis Joséphine,... je suis enchantée de faire ta connaissance, j'espère que nous allons bien nous entendre !

- Je sais qui tu es, répondit-il sèchement. Remballe ta joie de vivre, j'ai d'autres occupations plus attrayantes qui me prennent déjà une grande partie de mon temps libre, alors tu n'es qu'une charge supplémentaire pour moi.

Il tourna les talons en direction de la porte, avant d'ajouter franchement et distinctement :

- Rendez-vous demain 13h en salle de lecture.... Et ne sois pas en retard ou tu peux dire adieu à la moindre considération à ton attention.

Je restai statique et bouche bée devant son manque de gentillesse. Mais pour qui se prend-il celui-là à me parler sur ce ton ? S'il croit que je suis du genre à me laisser marcher sur les pieds, je suis bien motivée à lui montrer que je ne vais pas me laisser impressionner par un vulgaire premier de sa classe.

 La guerre est déclarée, monsieur l'intello....