Le papillon aux ailes mouchetées de bleu et de noir se posa délicatement sur une feuille d'un vert soutenu. Image saisissante de beauté. Pauvre bougre, il ne se doutait pas de ce qui l'attendait. Car, non loin, le danger rôdait. Une araignée absolument répugnante et dangereusement immobile se préparait à lui faire sa fête.
Je me jetais furieusement... Sur ma télécommande pour zapper. Mon esprit faisait bien trop de parallèles entre ce duel d'insectes et ma pauvre existence. J'étais sûre qu'Andrew Calvin était quelque part, tapi dans l'ombre, prêt à m'imposer sa présence.
Sa proposition avait provoqué une avalanche de réactions. Partout où je regardais, et particulièrement dans la presse, c'était comme si son nom et le mien étaient liés à jamais par un sort. Des bouffées d'angoisse m'étreignaient à chaque notification. Pourtant, je savais que je ne pouvais pas laisser mon anxiété me submerger. Sous peine de devenir complètement maboule.
Blottie dans mon fauteuil, j'observais à présent la pluie battante ruisseler le long de la fenêtre. Le ciel gris et cotonneux reflétait parfaitement mon humeur maussade de ce matin.
Une couverture chaude et douce autour de moi, j'étais plongée dans mes pensées lorsque mon ordinateur posé sur la table basse émit un son. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine.
Un message !
Je sautais prestement, ou presque, sur mon ordinateur qui vacilla sous l'assaut.
Le nom qui s'afficha égaya quelque peu ma morosité.
Mes problèmes personnels, mes phobies, la peur des autres influençaient fortement mon quotidien, et ils ne m'épargnaient pas non plus professionnellement. J'avais trouvé des moyens de m'adapter grâce au numérique. Les technologies modernes étaient une véritable bénédiction pour des personnes comme moi, offrant une échappatoire bienvenue pour rester connectées avec les autres sans avoir à les affronter face à face.
En tant qu'auteure, je publiais souvent sur les réseaux sociaux. Que ce soit pour annoncer la date de sortie d'un nouveau livre, partager un extrait, ou simplement pour interagir avec mes lecteurs. Ces plateformes me permettaient d'avoir un lien direct avec eux. Plusieurs étaient devenus des interlocuteurs réguliers, échangeant avec moi sur des sujets variés : les thèmes de mes écrits, leurs propres lectures, des réflexions sur des histoires en cours.
Pour l'un d'entre eux en particulier, j'étais plus qu'une simple auteure, j'étais une confidente, une amie virtuelle.
Stardust.
C'était un pseudonyme, bien sûr, mais cela n'enlevait rien à l'intensité de nos interactions.
Depuis quelques semaines, il me parlait de manière incessante d'Andrew Calvin, un nom qui semblait susciter autant d'excitation chez lui qu'il éveillait l'anxiété chez moi. Stardust était bien plus enthousiaste que moi à l'idée que mes écrits soient adaptés à la télévision. Il était même allé jusqu'à me proposer de m'accompagner pour rencontrer l'acteur, pour commenter les scénarios et aller sur les tournages. Quel filou ! Cette proposition, ouvertement intéressée, révélait, selon moi, son arrière-pensée : celle de profiter de l'opportunité pour enfin me rencontrer. Il me faisait souvent ce genre de demande sur le ton de l'humour et nous en avions fait un jeu. À chaque conversation ou presque, il trouvait un nouveau lieu insolite, une nouvelle idée saugrenue, une nouvelle manière de me proposer une date comme il l'appelait.
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Dans l'ombre de S.Bennet - en cours de réécriture
RomanceSophia, écrivaine cachée derrière le pseudonyme mystérieux de S. Bennet, a toujours préféré la sécurité de l'ombre à la lumière des projecteurs. Son univers, c'est celui qu'elle a créé dans ses romans de fantasy à succès, où son personnage principal...