Chapitre 16

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– Bonjour Andrew... Je ne te dérange pas ?

– Pas du tout, répondit-il.

Les sons de voix étouffées qui me provenaient à travers le téléphone ainsi que son souffle court me racontaient une tout autre histoire.

– Comment vas-tu ?

– Très bien. Très agréablement surpris par ton appel. Tout va bien ?

– Oui, tout va bien. Je pensais à toi alors, je me suis dit que ce serait une bonne idée de t'appeler.

– C'en est une excellente même. Un nouveau défi accompli, j'imagine.

Je gloussai nerveusement en remettant l'une de mes mèches de cheveux derrière l'oreille. Il avait vu juste. D'ailleurs, nous commencions à bien nous connaître. Nos conversations pouvaient être légères et pleines d'humour, ou parfois plus profondes, souvent sur nos expériences, nos aspirations, et même nos difficultés.

Lors de nos discussions précédentes, il m'avait posé de nombreuses questions sur mes phobies. Bien que je lui réponde avec une certaine réserve et pudeur, j'avais réussi à mettre des mots sur mes maux. C'est ainsi que je lui avais évoqué mes challenges du quotidien. En écoutant un podcast, j'avais appris qu'on pouvait atteindre ses objectifs en les affrontant chaque jour, qu'il s'agisse de changer son alimentation, de pratiquer un sport ou d'apprendre une langue. Faire quelque chose régulièrement finissait par devenir une routine.

J'avais donc dressé une liste de défis à relever pour prendre l'habitude de sortir et de m'ouvrir aux autres, et ils étaient nombreux. Petit à petit, j'ajoutais des tâches pour sortir, être moins anxieuse et gagner en confiance.

Appeler Andrew était l'un des défis qui traînaient sur ma liste depuis quelque temps. Il ne faisait pas partie des moindres ; même si je devenais de plus en plus à l'aise, inverser la tendance et ne plus être passive dans notre relation restait difficile.

Le plus motivant, c'est que j'aimais vraiment discuter avec lui. Parce qu'avec lui, j'étais moi-même. Et il était génial ! Peut-être un peu trop pour mon bien.

L'autre raison de mon appel, et loin d'être insignifiante, s'avérait être qu'il venait de commencer le tournage de la série. L'équipe de production avait choisi l'Irlande pour ses paysages pittoresques à couper le souffle. Le cadre idéal pour donner vie à l'univers que j'avais créé.

– Alors, tu as tourné les premières scènes ? Je brûle d'impatience. Fais-moi rêver, raconte-moi tout.

– Oui, Sozakdam est entré en piste ! Je ne sais pas par où commencer pour tout te décrire. L'équipe, les décors... et j'ai pensé à toi ce matin, on a tourné l'un des combats. Avec les cascadeurs et certains acteurs, nous nous entraînons depuis des semaines. Le tournage est épuisant, mais j'adore. C'est intense d'être Sozakdam.

En l'écoutant, je ressentis quelque chose de fort dans mes entrailles. Une fois n'est pas coutume, il ne s'agissait pas de l'angoisse sourde qui vous tord le ventre. Plutôt d'un fourmillement qui se propageait, comme une armée de papillons, qui volait dans mon ventre. Une chaleur très agréable. Plaisante et troublante.

– Comment ce genre de scènes se passe dans ce cas, tu commences et le cascadeur fait les scènes plus complexes ?

Il émit un petit ricanement joyeux.

– À vrai dire, non ma chère. Je fais les cascades de A à Z, dit-il non sans fierté.

– Toi-même ? Les scènes de combat ?

Quoi ?

Je n'avais pas du tout envisagé cela. Non pas que je doute de ses capacités physiques ; après tout, j'avais bien remarqué les muscles saillants sous ses vêtements... Et sentis sous mes doigts lorsque nous nous étions percutés. Peut-être même m'était-il arrivé à une ou deux reprises de jeter un coup d'œil sur quelques clichés de lui. Totalement par hasard, bien sûr en surfant sur les réseaux sociaux. Photos que je ne parvenais pas à regarder longtemps sans ressentir quelques bouffées de chaleur et voir mes joues se colorer.

Dans l'ombre de S.Bennet - en cours de réécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant