L'odeur du chlore me piqua le nez. Aucune importance. J'en avais l'habitude.
Ensuite le silence alors que mon corps s'immergeait.
Puis petit à petit, le bruit de l'eau s'intensifia. Les sons étaient filtrés et transformés par le liquide à chacun de mes mouvements. Les battements rapides de mon cœur me parvenaient aussi, bien plus fort qu'en temps normal. Malgré cela, je me sentais bien.
Encore dix longueurs et j'aurais terminé.
L'eau caressa ma peau, me rendant légère physiquement et mentalement.
Ce moment de plénitude m'était indispensable. J'en étais presque devenue aussi accro qu'une droguée. Le monde s'effaçait pour ne laisser place qu'à la plénitude.
Lorsque j'étais assez sereine et libre, mon cerveau pouvait reprendre le dessus. Alors, tout en nageant dans ma piscine intérieure, je me mettais à réfléchir sur ce que j'allais écrire dans la matinée. Mes pensées se déployaient tout comme mon corps dans l'eau tiède, je créais les prochaines scènes, les prochains dialogues, résolvaient les problèmes.
C'était l'un de mes nombreux rituels pour me sentir bien, en tout cas pour ne pas sombrer.
Je m'étais fixé comme objectif de terminer une scène particulièrement ardue et riche en émotions. Je détestais ça. Il m'était parfois difficile de m'y mettre. Malgré cela, et pour me motiver chaque jour, j'avais instauré des habitudes rassurantes.
Je m'arrêtais quelques instants afin de reprendre mon souffle, les avant-bras posés sur le rebord. Allez, un peu de motivation. Je n'avais pas envie de sortir et de reprendre le cours de ma vie dans le monde réel. Pour parer à cela, il y avait heureusement d'autres habitudes cocooning.
Comme la douche. L'odeur du chlore n'était pas ma favorite ni les tiraillements qu'il occasionnait sur ma peau. Je courrai dans ma salle de bain. J'ouvris le jet. L'eau d'abord froide me fit sursauter. Pour oublier cette sensation désagréable, je pris dans ma paume une noisette de mon savon préféré. Lavande. Synonyme de tant de choses dans mon esprit. Vacances. Soleil. Bonheur.
Après, je m'installai confortablement à mon bureau, sur lequel trônait mon ordinateur.
Écrire n'était pas seulement une question de se laisser emporter par les flots de l'imagination, sans plan ni travail préalable. C'était aussi un labeur qui exigeait souvent des recherches détaillées et approfondies. Heureusement, j'étais parfaitement outillée pour cela. Au fil des années, ma passion pour les détails et l'exactitude m'avait poussée à constituer une bibliothèque personnelle conséquente, pour ne pas dire gigantesque. Elle regorgeait d'ouvrages rares. J'avais aussi compilé beaucoup de ressources numériques sur mon ordinateur qui couvraient les mythes et légendes du monde entier.
Amanda se plaisait à moquer gentiment mon « obsession ». Par contre, elle reconnaissait volontiers que ma collection était non seulement vaste, mais aussi impressionnante.
J'aimerais vous faire croire que je trouvais la force de me rendre dans des librairies pour faire mes achats de livres, mais la réalité était tout autre. La majorité de mes ouvrages, je les avais acquis en ligne, tout simplement. Certes, j'avais réussi à me rendre à plusieurs reprises dans de petites librairies que je savais peu fréquentées, mais cela me demandait une énergie considérable pour ne pas sombrer sous le coup de mes crises d'angoisse. Le jeu n'en valait pas la chandelle. C'était tellement plus simple et moins éprouvant pour moi d'acheter mes livres sur internet. Vous vous doutez bien que c'était pareil pour le reste, voire pire, puisque j'attachais plus d'importance à ma collection qui se trouvait sur mes étagères que ce qu'il y avait dans mon frigo.
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Dans l'ombre de S.Bennet - en cours de réécriture
RomanceSophia, écrivaine cachée derrière le pseudonyme mystérieux de S. Bennet, a toujours préféré la sécurité de l'ombre à la lumière des projecteurs. Son univers, c'est celui qu'elle a créé dans ses romans de fantasy à succès, où son personnage principal...