Chapitre 24

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– Il y a enfin une pause dans le tournage. Je me demandais... ça te dirait de venir passer quelques jours chez moi ?

What ?

Un frisson glacial serpenta le long de mon dos jusqu'à ma nuque.

Non, non, non, je ne vais pas y arriver.

– Je... je ne sais pas, Andrew, bégayai-je. C'est assez loin, et je ne sais pas si je serai capable de rester plusieurs jours loin de ma maison.

C'est possible de faire plus pathétique ?

Voilà à quoi menait l'honnêteté : à la honte ! J'aurais adoré que le sol s'ouvre sous mes pieds pour me cacher dans une crevasse bien profonde. Histoire qu'on ne me voit plus. Et qu'on n'entende plus.

Inconsciemment, mes bras entourèrent mon buste pour me réchauffer. Le froid m'avait envahi.

– Je comprends tes appréhensions. J'avais pensé que ce serait l'occasion de faire le test. Pour tes challenges du quotidien, par exemple. On peut définir ce qui te mettrait en confiance et ce qui risque de te stresser. Tu ne seras pas seule. Tu n'auras pas à t'inquiéter pour quoi que ce soit sauf de profiter.

Argument de poids si ma peur ne l'avait pas emporté dans son combat contre mon courage.

– Je comprends pourquoi tu me fais cette proposition et je t'en remercie. C'est tentant. Mais... Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée. Chez moi, c'est mon refuge. L'idée de m'en éloigner pour plusieurs jours me terrifie. J'appréhende de me sentir perdue ailleurs, ou de faire des crises d'angoisse. J'ai peur que tout le travail que j'ai fait jusqu'à présent ne s'effondre d'un coup. Ça pourrait être une opportunité fantastique et une nouvelle étape dans ma guérison, mais l'idée de me retrouver loin de mon cocon, de ma zone de confort, clairement, ça me paralyse.

Andrew se rapprocha et saisit ma main, l'englobant dans les siennes, bien plus grandes.

– Je sais que c'est un grand pas pour toi, un cap difficile à franchir, mais je crois que ça pourrait te faire du bien. Tu sais que tu en es capable, insista-t-il. En plus, je vis au milieu de nulle part, tu ne risques pas de rencontrer grand monde. Et tu seras avec moi. On prendra tout ce qui te permettra de te sentir à l'aise. Et nous ferons tout pour que ça marche.

Sa peau contre la mienne obscurcissait ma réflexion. J'avais du mal à me concentrer, surtout quand son pouce commença à me caresser doucement l'intérieur du poignet. Bon sang, il arrivait à me faire tout oublier. Des flashes de notre « presque baiser » s'agrippèrent à chacune de mes pensées. Il me fallut donc prendre quelques précieuses secondes avant de lui partager mes doutes.

– Et si je commence à me sentir anxieuse ou dépassée ? Ce n'est pas beau à voir. Je n'ai pas très envie que tu en sois témoin.

Rien que d'imaginer la scène, j'en avais des suées désagréables.

– Alors, nous rentrerons immédiatement, sans aucune hésitation. On n'a pas besoin de faire des plans ambitieux. On peut simplement passer du temps ensemble, tranquillement. Que dirais-tu de venir pour deux ou trois jours pour commencer ? Si tout va bien, nous pourrons prolonger le séjour.

J'inspirai profondément. Son offre était tentante.

– Peut-être... peut-être que pour deux ou trois jours, ce ne serait pas trop mal, concédai-je. Je... je prendrai quelques affaires.

Ses épaules se relâchèrent soudainement. Je n'avais pas réalisé à quel point cette conversation avait pu être aussi importante.

En tout cas, il avait l'air ravi.

Dans l'ombre de S.Bennet - en cours de réécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant