Dans l'ombre de S.Bennet - en cours de réécriture

Chapitre 12

Amanda repartit le dimanche soir, après avoir passé le week-end à me tirer les vers du nez.

Ce fut avec un certain soulagement que je repris ma routine le jour suivant. Comme chaque matin, je nageais environ trente minutes. L'eau dissolvait pour quelques instants mes questionnements perpétuels.

Routine interrompue par un appel d'Andrew en milieu de matinée.

Des bruits de pas et ses soupirs à travers le combiné m'indiquèrent qu'il était nerveux. Pourquoi ? Je n'eus pas à obtenir une réponse. Il ne tourna pas autour du pot.

– Sophia, j'aimerais beaucoup te rencontrer, qu'en penses-tu ?

Quoi ?

Le crayon que je tenais dans ma main tomba lourdement sur le parquet.

J'aurais voulu lui demander de répéter, non, j'avais certainement mal compris. Aucun son ne sortit de ma bouche grande ouverte. Ses mots m'avaient laissé sans voix. Au lieu de cela, j'aspirai de l'air bruyamment, pas loin d'hyperventiler.

Qu'est-ce que j'en pense ? Que c'est une très mauvaise idée !

Oh, non, je n'étais pas prête. Pas du tout. Je n'y arriverai jamais.

Maintenant, qu'est-ce que je pouvais lui répondre ? La proposition était là, simple et directe. Impossible à esquiver par une pirouette.

Les pensées se bousculaient dans ma tête. Mon instinct de fuite se mêlait à mon désir secret de le rencontrer, et cela créait un chaos ingérable. C'était une chance et une menace, un mélange de saut dans l'inconnu et le besoin de m'enfoncer sous ma couette pour me protéger.

Comme sortie de la brume de mon esprit torturé, la voix de ma thérapeute, Emma, résonna dans ma tête : « N'ayez pas peur de mettre les pieds dans le plat, dites les choses comme elles viennent. »

Je dois affronter mes peurs.

Le temps se suspendit. Aucun mot à l'autre bout du fil. Andrew attendait.

– Pourquoi ?

Ma bouche se tordit en une vilaine grimace. Mon ton était trop abrupt.

– Pourquoi ? répéta Andrew, incrédule. Sophia, je me suis souvent demandé qui se cachait derrière ces mots que tu écris si magnifiquement. Ce n'est pas seulement de la curiosité, c'est... c'est comme si je ressentais un lien avec toi, à travers tes écrits, nos conversations. Je voudrais te rencontrer.

Ses mots me firent mal. Est-ce que je n'étais pour lui que l'écrivain ?

Ma respiration toujours bruyante, je ne dis rien.

– Mais ne t'inquiète pas, ce sera juste quelque chose d'informel, deux amis qui se retrouvent pour discuter...

OK, relation amicale, je peux peut-être gérer.

Mais malgré cette idée rassurante, mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Je me rongeais les ongles.

– Oui, c'est... Je ne suis juste pas habituée à... à ce genre de chose, commençai-je, la voix tremblante. Rencontrer quelqu'un, surtout toi de... cela me fait peur, mais... mais aussi, je l'avoue, cela m'intrigue.

Il doit me prendre pour une pauvre fille, ce n'est pas possible.

Je me levai, incapable de rester les bras ballants alors qu'un cataclysme venait de me déferler dessus.

– Je suis conscient de tes appréhensions, Sophia. Et je ne veux pas te mettre mal à l'aise.

– Merci, Andrew, murmurai-je, ma voix de plus en plus inaudible. Je vais y réfléchir. C'est une proposition que je n'aurais jamais imaginée... j'ai besoin d'y réfléchir.