𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐗

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𝐒𝐨𝐮𝐟𝐟𝐫𝐢𝐫 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐨𝐮𝐛𝐥𝐢𝐞𝐫



Abandonner, est une expérience que seul les gens forts peuvent expérimentés.






𝐍𝐈𝐍𝐀



FLASHBACK

— Je ne vous mens pas mademoiselle Miller.
Il m'a été informé qu'il souffrait d'une tumeur du cerveau. Depuis plus d'un mois il ne prenait plus son traitement, parce qu'il se disait revivre.

« Quand tu es ici tout près de moi, je revis ma puce »

Cette phrase, il me l'avait citer, mot pour mot, lorsque nous étions allés le voir il y a plus d'un mois dans le Nevada.

C'était à cause de moi ?

Ce n'était pas possible, il m'avait donc prévenu... je n'avais rien vu...

Il n'a pas pu faire ça, partir sans moi...
Je répétais dans un murmure indescriptible.

Ma vision se brouillait, et les larmes m'envahirent en effaçant toutes trace de lucidité. Mon cœur dégringola, anéantis.
Je n'y croyais pas.

Désarmée, je pinçais mes lèvres m'empêchant d'échapper un sanglot bruyant.

Mes pas s'arrêtèrent devant cette porte,
et j'abaissais la poignée en me retournant.

Mes yeux croisèrent les siens,
et systématiquement pour la rassurer.
Pour les rassurer, comme j'avais habitude de faire. Je mimais avec mes lèvres la phrase suivante.

— Tout va bien, ne vous inquiétez pas, je vais bien.

Sans savoir où mes pieds me menaient,
je longeais à quelques pas le couloir,
où Mila et toutes ses copines m'attendaient.
Elles m'entourèrent lorsqu'elles m'aperçurent.

Je l'es observais parlé sans assimiler le moindre mot.
Mon cerveau c'était arrêté.
Mon visage s'était éteint.

Je visualisais mes propres larmes s'évader de mon corps et dévaler le long de mes joues.
Mes lèvres ne contrôlaient plus leurs tremblements, et mon corps entier se montrait si lourd qu'il ne semblait pas être mien.

Ma respirations se coupait et plus rien ne fonctionnait. Mes jambes ne tenais que par ce squelette qui me composait.

Sans comprendre pourquoi, ni comment mes muscles se détachèrent de mon corps.
Je tombais brusquement par terre, en provoquant un trouble dans ma vision.

FIN DU FLASHBACK


Ma tête me berçait d'une douleur insupportable lorsque je me redressais pour m'asseoir sur mon lit. Je frottais mes yeux en tirant sur un fil relié à mon bras.

Je me découvrais dans une pièce propice à une chambre d'hôpital. Ma rêverie cessa, et je me redressai contre le rebord de mon lit brutalement.

Qu'est-ce que je foutais là ?

Raccordée à des dizaines de perfusions, mon corps ne réagissait que très peu. Les excédents de produit mis en contact avec mon corps m'en empêchaient. Ma tête tambourinait, et une douleur atroce se propageait.

J'observais mon être enveloppé d'une robe à pois noir et blanc.

La porte s'ouvrit sur un homme, habillé d'une longue blouse blanche. Des lunettes posées sur ses yeux, il était concentré à déchiffrer les données que lui transmettait sa tablette.

— C'est ce qu'il me semblait, votre rythme cardiaque me paraissait trop élevé pour que vous soyez toujours endormie. Bienvenue dans le monde des vivants, mademoiselle Miller, m'avait-il informé.

— Je peux savoir qui vous êtes, et pourquoi je me retrouve ici, seule avec vous ?

Je restais sur la défensive, agrippant violemment mes draps.

— Je ne suis qu'un médecin, ne vous inquiétez pas. Vous avez été emmené aux Urgences à cause d'une locution verbale. Vous vous êtes évanoui.

Les souvenirs me percutèrent soudainement.

Je me rappelais que ma vision s'était affaiblie et que mon corps avait perdu tout contrôle de mes membres.

— J'aimerais vous poser quelques questions, Mademoiselle, si vous me le permettiez.
Est-ce qu'il vous arrive souvent d'être angoissé ou anxieux ?

Je n'arrivais pas à décoller mes lèvres pâteuses, sceller l'une à l'autre.

— Je m'excuse, il me tendit un verre d'eau. Vous devriez mieux vous en sortir maintenant. Conclut-il lorsque je trempai mes lèvres dans l'eau.

Les lunettes du vieil homme se posèrent sur moi, en attente de réponse.

— Cela m'arrive, indiquais-je sans lui offrir un regard.

— À quelle fréquence exactement ?

— Je ne serais pas vous donner de réponses exactes. Il m'est arrivée d'en avoir.

— Mademoiselle Miller, je voudrais une réponse en toute honnêteté : vous arrive-t-il souvent d'être anxieuse ou angoissée ? Son regard se faisait plus pesant cette fois-ci.

Ne me faites rien.

— Oui, il m'arrive très souvent d'être anxieuse.

— Voilà une réponse qui nous fait avancer, Mademoiselle. J'ai pu détecter que votre locution verbale a été déclenchée à cause de troubles anxieux. En souffrez-vous ?

— Je... A vrai dire... oui depuis petite.

— Je comprends mieux, et j'en suis désolé.
Ce trouble est souvent détecté chez les jeunes qui, d'habitude, souffrent d'angoisse. Mais si ce n'est pas trop indiscret, j'aimerais savoir.
Vous portez-vous bien mentalement ?

Je replongeais mon corps dans la fine couette, voulant échapper à cette question inévitable.

Mon oncle venait de partir lui aussi.

Son absence creusait en moi un trou béant, impossible à refermer.

C'était donc vrai alors ?

Il ne reviendrait plus ?

Il était parti en emportant avec lui le peu de moi qu'il restait.

Pourquoi ne m'avait-il rien dit ?

— Qu'importe réellement cette réponse, si de toute manière cet aveux n'effacera aucunement la souffrance qui est en moi.

Ses lèvres bougèrent, mais aucun son ne se produisit, quand deux silhouettes surgirent à l'encadrement de la porte.

— Nous pouvions la voir maintenant ? Interrogea mon meilleur ami les bras croisés et adossés contre le mur.

Le médecin inclina la tête furtivement et décrocha l'ordonnance qu'il avait gribouillée précédemment.

Tom tendit son bras pour la récupérer, mais l'homme se tourna vers moi, en replaçant ses lunettes.

— Je laisserais mademoiselle Miller en personne la consulter. Avait-il signalé en déposant le papier sur la table près de mon lit.
Vous aviez 15 minutes avant que l'infirmière n'arrive. S'était-il contenté d'ajouter.

Mila s'approcha précipitamment, affolée par ma pâleur. Ses mains chaudes touchaient mon corps froid.

— Tu ne peux pas savoir la frayeur que tu nous as faite. Je n'ai rien vu venir, excuse-moi, je m'en veux. Elle s'éprit d'une profonde tristesse en m'observant.

Si seulement il n'y avait que ça.

Il y a tellement de choses que tu n'as pas vu.

Si seulement il n'y avait que toi, qui n'avait pas remarqué.

— Ne t'en veux pas pour moi, je t'en prie, vraiment. Ce serait la dernière des choses que je souhaiterais.

— Plus sérieusement, ça va ? On a appris pour la nouvelle de ton oncle, annonça Tom en se raclant la gorge. Sache qu'on est là, on sait à quel point tu tenais à lui, on te relèvera, OK ? Il n'aimerait pas te voir dans tous tes états ?

Ma respiration se bloquait lorsque soudainement, tous les événements resurgissaient.

Pourquoi tonton, pourquoi toi aussi tu es partie ?

Mon ventre me frappait de nouveau, malgré les paroles se voulant rassurantes de ma meilleure amie.

Je voulais partir moi aussi.

— Je... Ne peut pas mesurer à quel point tu souffres, Nina, je sais. Mais sache que tu pourras toujours te confier à moi, je refuse que tu souffres seul. Je l'aimais aussi et ta douleur doit être inestimable alors que tu le considérais comme ton seul parent.

Elle s'arrêta et ne put s'empêcher de me prendre dans ses bras. Je la reçu sans difficulté, mon corps était vide et ne répondait plus.

Mes yeux se perdaient dans la contemplation du mur blanc.

— Il aurait dû continuer ce putain de traitement, ou au moins te le dire. Il était malade depuis plus de six mois, pourquoi ne pas te le dire ? Son emprise se resserra sur moi, alors qu'elle laissait écouler des larmes sur son visage.

Tom se mit à me fixer intensément, et lorsque mon cerveau assimila ce qu'elle venait de me dire, mon emprise s'affaiblit, jusqu'à faire retomber mes bras contre le matelas.

Les larmes qui coulaient précédemment s'estompèrent. Une insupportable douleur frappait mon crâne.

— Quoi ? Comment peux-tu savoir qu'il souffrait depuis six mois ? Mila, il vient seulement d'arrêter son traitement.

— Je-heu... J'imagine que cela fait un bon bout de temps qu'il souffre, ce n'est pas ce qu'elle t'a dit la doyenne ?

— Non, je ne crois pas, je cherchais toutes preuves de ses dires, mais rien ne me revenait. Elle ne m'a jamais dit qu'il souffrait depuis six mois, alors comment le sais-tu ?

Elle se détacha en s'éloignant, ses yeux bleus me fuyaient.

— Et d'ailleurs, c'est la doyenne qui vous a dit ce qui est arrivé à mon oncle, ainsi que sa maladie ?

— Bien sûr que oui, bien évidemment. Balbutia-t-elle.

Mes yeux bouffis n'en revenaient pas, je ne sentais que ce déchirement en moi.
Non, ce n'est pas vrai.

— Ne me mens pas, Mila, PUTAIN ne me ment pas à moi! Tu t'es répétée deux fois pour dire la même chose, Mila, tu le fais uniquement quand tu mens ! Putain, il vient de partir, alors arrêtez de me mentir, je vous en supplie, j'ai trop mal !

Elle éclata en sanglot.

Ses mains couvraient son visage.

— Je suis désolé, Nina ! Je t'en supplie, je suis désolé ! J'ai trouvé une ordonnance pendant ses vacances là, et il m'a tout avoué. Il m'avait promis qu'il te le dirait ! Je te jure ! Je ne voulais pas te faire du mal ! Je t'en supplie, pardonne-moi ! Lâcha-t-elle entre deux sanglots.

Mon cœur dégringola, s'écrasant contre mon désespoir. Le calvaire de cette douleur envahissait l'entièreté de mon corps.

Je couvrais ma bouche en m'étouffant pour cesser ses larmes, je n'arrivais plus à la regarder.

— Toi aussi, tu savais ? M'adressais-je à l'autre. TOI AUSSI !

Ses yeux se vidaient lorsqu'il les posa sur moi.

— J-je... suis désolé Nina, je suis désolée...
Il passa sa main dans ses cheveux rapidement.

Il finit par s'approcher, voulant se tenir près de moi. Je reculais brusquement, incapable de le sentir de plus près.
Sa présence m'était trop difficile. Lui aussi.

— Ne t'approches pas de moi. Ne vous approchez plus de moi. Avouais-je la voix feutrée et sans modulation. Sortez.

Mila sortie larmoyante, me suppliant une dernière fois de la pardonner.

— Nin-Nina... Ses mots se perdirent en même temps qu'il répéta mon prénom. Regarde-moi, s'il te plaît.

Je ne pouvais plus, je n'arriverais plus.

— Sort Tomas, je t'en supplie.

Il patienta quelques secondes, persuadé qu'il finira par obtenir mon attention. Mais je n'en fis rien.

— On t'attend en bas à l'entrée, on te ramène. Avait-il ajouté en refermant la porte, les yeux fixés sur ma personne.

Debout sur mon lit, mon corps s'effondra, quand je me reposai une nouvelle fois dans l'intégralité de ses draps.

« Pleurer est un sort réservé aux faibles ».

Elle me l'avait dit, et j'y avais toujours cru ou essayé. Mais aujourd'hui, j'avais décidé.
J'avais compris, je n'étais pas forte,
je ne l'avais jamais été.

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