Derrière le masque - une histoire Sokeefe.

Chapitre 15

Sophie souffla. Elle et Keefe venaient tout juste d'arriver chez Tam et Linh, après avoir monté l'escalier interminable qui menait à leur domicile. C'est Linh qui vint leur ouvrir, un léger sourire sur les lèvres.

— Je suppose que mon frère vous a prévenu du caprice de Lueur.

Keefe hocha la tête.

— Il a dit qu'elle voulait nous parler.

L'hydrokinésiste soupira.

— Je ne l'aime pas beaucoup, Lueur. Je veux dire... mon frère lui fait un peu trop confiance à mon goût. Tam n'est pas du genre à donner sa confiance à n'importe qui.

Keefe leva les yeux au ciel.

— J'avais remarqué ! Il ne me supporte pas.

— Non, reprit Linh, je crois qu'il commence vraiment à t'apprécier. Tam n'aime juste pas admettre qu'il s'est trompé sur le compte de quelqu'un.

Keefe ricana, et ce son résonna de manière étrange en Sophie. Elle avait passé une bonne partie de la nuit derrière à serrer Keefe dans ses bras et à tenter de le rassurer. Le garçon avait sangloté toute la soirée sur l'épaule de Sophie et, maintenant qu'il voyait Linh, il souriait et riait comme si rien ne c'était passé. Keefe était définitivement très doué pour cacher ses sentiments ce qui, de la part d'un empathe, pouvait paraître quelque peu surprenant. Toutefois, peut-être était-ce son pouvoir d'empathe et sa connaissance parfaite des émotions qui, d'une manière ou d'une autre, lui permettaient de savoir exactement comment cacher les siennes. Sophie soupira. Combien de nuits Keefe avait-il passé à pleurer seul dans l'obscurité de sa chambre ? Combien de journées avait-il passé à sourire alors que sa peine le noyait de l'intérieur ? Combien de drames serait-il encore obligé de vivre ? Keefe ne méritait pas cela. Malheureusement, il était né dans la mauvaise famille ; et son destin tragique semblait déjà tout tracé.

Lueur était dans le salon, assise sur le canapé. Sophie frémit. Monsieur Forkle les tuerait s'il savait qu'ils voyaient Lueur sans aucun adulte autour d'eux. Elle pourrait très bien tenter de leur tendre un piège. Mais Tam semblait avoir confiance en elle, et Sophie voulait lui laisser une chance. Après tout, Lueur n'était qu'une adolescente qui, tout comme eux, s'était retrouvée complètement dépassée par toute cette histoire.

— Tu voulais nous parler, il me semble, commença Sophie.

Lueur hocha la tête sous sa capuche.

— J'ai quelques..., elle sembla hésiter. Quelques morceaux d'informations vous concernant.

Keefe se laissa tomber dans un fauteuil, le froncement entre ses sourcils se creusant fortement.

— D'accord..., continua-t-il, l'air peu sûr de lui.

Lueur prit une grande inspiration.

— J'ai passé plusieurs années de ma vie à côtoyer ta mère, dit-elle en se tournant vers Keefe, et tous les autres membres des Invisibles. Malheureusement, je ne sais pas grand chose sur leur véritable identité ou leurs histoires passées... J'en suis à peu près au même point que vous, là-dessus.

Linh soupira.

— Et donc ? En quoi cela nous aide ?

— Comme je le disais, j'ai passé beaucoup de temps avec eux et il m'est arrivé d'entendre des bribes de conversations. Ils préparent quelque chose. Sophie, Keefe...

Elle se tourna vers Tam, hésitante. Le ténébreux hocha la tête pour l'inviter à continuer.

— C'est une sorte d'arme. Je ne sais pas vraiment de quoi il s'agit, mais c'est quelque chose de gros, d'énorme. C'est quelque chose de dangereux qui, selon Lady Gisela, pourrait bien détruire le Conseil et réduire à néant les humains.