Derrière le masque - une histoire Sokeefe.

Chapitre 16

Sophie était rentrée chez elle l'esprit complètement embrumé. Des centaines de questions lui tournaient en tête, si bien qu'elle était incapable de réfléchir correctement. Quelle était cette arme dont Lueur, ou plutôt Rayni, avait parlé. Comment une aussi jeune fille avait-elle pu rejoindre les Invisibles ? Rayni avait-elle au moins connu autre chose que cet environnement toxique ? Avait-elle été élevée dans la haine des autres, la haine du Conseil et des humains ? Rayni était-elle réellement digne de confiance ? Après tout, la jeune fille avait choisi de révéler son identité à Sophie et son groupe d'amis. C'était bien la preuve qu'elle voulait s'en sortir et quitter les Invisibles à tout jamais, n'est-ce pas ?

Mais les Invisibles étaient-ils vraiment les méchants de l'histoire...? Qu'était-il réellement arrivé à Brant et Jolie ?

Sophie ne pouvait penser à rien d'autre qu'à cette question. C'est pourquoi, en cette fin d'après-midi, elle se jeta du haut des falaises d'Havenfield et se téléporta jusqu'au QG du Cygne Noir.

— J'ai des questions urgentes à vous poser, s'exclama la jeune elfe en ouvrant violemment les portes du salon de Monsieur Forkle.

Ce dernier releva lentement la tête, les yeux légèrement écarquillés.

— Mademoiselle Foster, la salua-t-il. Que me vaut l'honneur de votre visite ? Et... Où est Sandor ?

Sophie jeta un coup d'œil derrière elle.

— Hum, je l'ai oublié à Havenfield.

— Vous l'avez oublié ?

La télépathe haussa les épaules.

— Il faut croire. Mais ce n'est pas le sujet. J'ai des questions plus importantes à vous poser.

— D'accord. Mais avant toute chose, buvons un peu de thé. Le thé m'aide à réfléchir.

Le vieil elfe soupira et s'assis dans le canapé en désignant un fauteuil qui se trouvait en face, invitant Sophie à y prendre place. Il fit couler un peu de liquide dans la tasse qui se trouvait sur la petite table basse, puis en proposa à Sophie. Elle refusa. Elle n'était pas venue ici pour jouer à la dinette.

— Dites-moi tout.

— C'est à propos de Jolie. Ou plutôt à propos de Brant. J'ai besoin de savoir.

Monsieur Forkle soupira lentement.

— Très bien. Qu'est-ce que tu veux savoir ?

Sophie releva le menton, sûre d'elle.

— Tout.

Le vieil elfe se mordit l'intérieur de la joue.

— Brant était un bon garçon. Tu sais, il était jeune, intelligent, très doué. Et très amoureux de Jolie. Ils étaient très jeunes tous les deux, et Brant était laissé de côté à cause de son pouvoir. Il se cachait, il ne pouvait rien dire à personne par peur de se faire exiler. Jolie était très en colère parce que sa relation avec Brant était perçue comme « impure » par les autres élèves de Foxfire. Les remarques n'ont jamais atteint Jolie, elle était au-dessus de tout ça. Mais Brant était sensible, il était gentil, et il ne comprenait pas pourquoi tout le monde le fuyait.

Monsieur Forkle bu une gorgée de thé fumant, laissant un long et pesant silence se répandre dans la pièce.

— Il se sentait très mal et Jolie était révoltée. Elle a rejoint le Cygne Noir. Brant n'a pas tardé à suivre. Ils ont été très utiles, tu sais ? Ils ont donné de très bons conseils, étaient présents à toutes les réunions. Malheureusement, lorsque Jolie est... Lorsqu'elle est décédée, Brant a vrillé, disons. Il n'était plus le même, il était en colère contre le monde entier. Il était brisé.

Monsieur Forkle aspira une autre gorgée de liquide.

— Il s'est enfui une nuit et est parti rejoindre les Invisibles. C'est malheureux. Un si bon maillon, gâché aussi facilement, dit-il en contemplant le thé qui tournait doucement dans sa tasse, le visage froid.

La respiration de Sophie se coupa d'un coup. Brant était utile, il est un bon maillon. Monsieur Forkle se souciait-il réellement du sort de ses collègues ? De ses amis ? Ou n'étaient-ils tous que des chiffres, des maillons de la chaîne, des pertes malheureuses ?

— J'ai entendu parler d'une arme, murmura Sophie. L'arme des Invisibles. Je voudrais en savoir plus.

Le vieil elfe hocha lentement la tête.

— Il y a dix-neuf ans, nos sources nous ont informés que les Invisibles, qui étaient déjà nos ennemis numéro un depuis quelques années, préparaient quelque chose de gros. Une arme qui serait capable de détruire toutes les Cités Perdues, ainsi que les Cités Interdites. Nous...

Le vieil elfe hésita.

— Nous ne savons pas grand-chose sur cette « arme ». Mais nous t'avons créé pour la détruire. Tu es celle qui doit sauver le monde, Sophie. C'est ta destinée.

C'est ta « destinée », ton « héritage ». Tout cela faisait un petit peu trop écho à ce que les Invisibles répétaient à Keefe. Sophie commençait à comprendre ce que le garçon subissait depuis des années, et c'était loin d'être agréable.

— Je suis votre arme.

Monsieur Forkle plissa les yeux.

— En quelque sorte. Mais, Sophie, tu dois me promettre que tu feras tout pour détruire cette arme.

La jeune elfe garda le silence. Elle n'était que leur arme. Qu'un maillon. Toujours une petite chose utile, et jamais une adolescente, jamais une elfe dotée de sentiments. Keefe avait tellement souffert durant ces dernières années, et Sophie n'y avait pas assez prêté attention. Elle devait aller le voir, au plus vite.

— Sophie, j'ai besoin que tu me prouves que tu es de notre côté.

La jeune elfe se leva d'un bon, la colère bouillonnant dans ses veines.

— Non. J'ai besoin que vous me prouviez que vous êtes de mon côté ! Sans moi, vous n'êtes rien. Vous vous rendez compte de ça ? Je pourrais... Je pourrais sauter des falaises d'Havenfield sans me téléporter, heurter les rochers, et mourir de mon plein gré, vous n'auriez plus rien.

Elle eut un rire amer.

— Est-ce que vous avez fait quelque chose pour aider Brant ? Pour aider Keefe ? Pour m'aider moi ? Ou est-ce que vous vous êtes simplement servis de nous, de nos talents, jusqu'à ce que nous ne soyons rien de plus qu'une perte malheureuse ? Est-ce que vous vous rendez compte que vous utilisez des enfants pour sauver le monde... Pour sauver un monde que vous ne connaissez même pas réellement. Et qu'est-ce que vous ferez lorsque vous aurez anéanti les Invisibles ? Lorsque moi, j'aurais détruit leur arme ? Vous renverserez le Conseil ? Vous voulez que je vous dise, plus le temps passe, moins je vous comprends, moins je comprends mon rôle dans tout cela.

La jeune elfe donna un coup dans la théière de Monsieur Forkle, pris ses affaires et sortit du salon, faisant claquer ses chaussures contre le parquet.

— J'ai besoin de réfléchir, et ne vous avisez même pas d'essayer de venir me parler tant que je ne serais pas revenue vers vous, s'exclama-t-elle avant de claquer bruyamment la porte et de porter sans cristal de saut à la lumière, en direction de chez Keefe.

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heyy,

désolé, je poste moins en ce moment à cause des cours :')
en plus je travaille actuellement sur un autre projet d'écriture qui me prend pas mal de temps... 👀
mais je n'oublie pas cette fic, loin de là ! j'espère que ce chapitre vous aura plu (Sophie commence à prendre confiance en elle, youhouu).
biz tout le monde,
Cam's