Chapitre 13

220 5 3
                                    

Sophie n'arrivait pas à y croire.
Keefe l'avait embrassée.
Keefe l'aimait.

Plusieurs heures avaient passé depuis leur baiser, mais elle ne s'en remettait toujours pas. Ce matin-là, lorsqu'elle s'était réveillée à cause des ronflements de Biana, un sourire était immédiatement apparu sur ses lèvres.

Certes, elle n'avait quasiment pas dormi de la nuit à cause de ses cauchemars et de son rôle de Colibris qui occupaient toutes ses pensées. Mais malgré tout cela, sa vie semblait se remettre en ordre.

Elle avait des amis soudés, une famille adoptive aimante, un adorable petit ami et une profonde détermination. Peu importe ce que l'avenir lui réservait, elle était prête à l'affronter.

Elle était prête à se battre contre les Invisibles.

Car, évidemment, elle n'oubliait pas la révélation que lui avait faite Vertina. Elle voulait rendre hommage à Jolie en accomplissant sa dernière requête, elle voulait suivre son exemple en se battant pour ce en quoi cette dernière croyait le plus : la liberté.

La liberté des Sans Talents, celle des pyrokinésistes, des jumeaux, des triplés, la liberté pour les elfes différents, la liberté d'aimer, sans se soucier de toutes ces histoires de listes.

La télépathe continua de méditer sur tous les problèmes que contenait le gouvernement des Cités Perdues. Mais ses pensées furent vite arrêtées : la porte du salon d'Everglend s'ouvrit dans un grand fracas et monsieur Forkle déboula dans la pièce, lançant une gigantesque carte sur la table.

— Euh ? On ne dit même pas bonjour Forklenator ? s'indigna Keefe.

— C'est vrai que ce n'est pas très poli, grogna Tam.

— Je pense qu'on devrait le punir, Tammy.

Tam ouvrit la bouche, près à proposer toutes sortes de châtiments. Mais le chef du Cygne Noir les arrêta d'un geste de la main.

— Nous n'avons pas le temps pour les formalités.

— Rohhh, il est encore de mauvaise humeur, râla l'empathe en levant les yeux au ciel.

— Monsieur Sencen, vous serez ravi d'apprendre que votre mère a encore frappé, le coupa le télépathe.

Le garçon devint grave.

— Qu'a-t-elle fait, cette fois ?

— Un festival était organisé cette semaine en Atlantide. Les Invisibles en ont profité pour diffuser un message de menace. Cela a déclenché une véritable panique générale et le Conseil est très inquiet.

Tam haussa les épaules.

— C'est leur problème, pas le nôtre.

— Justement si, monsieur Song. C'est notre problème. Nous avons un but commun avec le Conseil. Nous devons vaincre les Invisibles. Nos ennemis essaient de nous effrayer en déclenchant des mouvements de panique au quatre coins des Citées Perdues, mais leur tactique ne fonctionnera pas. Nous devons les arrêter.

Ro souffla fortement et releva ses grandes couettes roses en direction du chef du Cygne Noir.

— Et qu'est-ce que tu propose comme solution, Forkly ? demanda-t-elle en se curant les griffes.

— Nous devons rester en retrait pour l'instant et attendre les ordres du Conseil.

Ro explosa d'un rire aigu.

— Donc on ne fait rien ? Vous êtes venus jusqu'ici pour nous demander d'attendre la mort, tranquillement assis dans notre fauteuil.

L'ogresse leva les bras vers le plafond et se balança sur sa chaise.

— Vous voulez que je vous dises, elles commencent à carrément me gaver vos petites disputes d'Elfes. Vos ennemis sont à quelques pas de vous mais vous continuer d'attendre et de rester en retrait ? Et puis, depuis quand est-ce que vous suivez les ordres du Conseil ? Je vous pensais plus indépendant que cela, Forklenator.

Le chef du Cygne Noir se gratta la gorge, irrité.

— Princesse, je crois que vous ne saisissez pas bien la complexité de la chose. Si nous attaquons en premier, nous serons considérés comme les méchants.

Tam émit un petit rire amer.

— Ah ! Il n'y ni gentils, ni méchants dans cette histoire, très cher, repris l'ogresse. La guerre n'a pas de règles. Lorsque je dois me battre pour mon peuple et que la détermination me quitte, je pense toujours à la raison pour laquelle j'ai souhaité commencer à me battre. Dans votre cas, vous luttez pour la liberté. N'est-ce pas une chose qui vaut toutes les batailles ?

Forkle pinça ses lèvres en une petite ligne fine. Keefe passa sa main dans ses cheveux. Il se leva du canapé sur lequel il était affalé et alla s'appuyer sur le mur, à côté de sa garde du corps.

— Je suis d'accord avec Ro. Je connais ma mère, attendre ne sert à rien. On a déjà trop perdu... des batailles, des amis, des proches... il faut en finir, maintenant.

Tam le rejoignit rapidement et posa une main sur son épaule en lui adressant un petit signe de tête. Les deux garçons semblaient avoir enfin trouvé un terrain d'entente. Bientôt, Linh vint se placer à côté de son frère. Puis, ce fut autour de Fitz de s'adosser au mur, déclarant qu'il voulait avoir l'occasion de voir la défaite luire dans les yeux de son frère. Sophie ne tarda pas à faire de même, glissant sa main dans celle de Keefe pour lui montrer son soutien.

Finalement, Dex et Biana se décidèrent à avancer vers eux, déclarant qu'ils étaient plus forts ensemble.

Monsieur Forkle souffla brièvement, l'air embêté.

— Je vais en parler au Comité, dit-il simplement.

Et alors, sans un mot de plus, il tourna les talons et disparut dans le couloir.

— Tu as raison Ro, cette guerre dure depuis trop longtemps. Il faut en finir, maintenant. Peu importe l'issue de la prochaine bataille, il faut que ce soit la dernière, murmura Sophie, les yeux pleins de détermination.

Derrière le masque - une histoire Sokeefe.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant