P R O L O G U E

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SETH
2074, District Bram

Avis à la population. Des camps où vous pourrez trouver refuge ont été installés dans tous les districts. Je répète, le gouvernement a installé des camps pour vous réfugier dans tous les districts, soit les districts Orlie, Bram, Rook et Nexus. Il n'y en aura aucun chez les Syn'talas qui devront se rendre au district le plus proche pour être pris en charge.

La radio grésille et émet des sons aigus qui pètent les tympans avant que ma mère ne finisse par l'éteindre pour le plaisir de mes oreilles.

- Prépare tes affaires, on doit vite rejoindre le camp de Bram, m'ordonne ma mère.

Je m'exécute pour ne pas perdre de temps et quitte la table où nous déjeunions. Je remplis un sac de vêtements avant d'y fourrer mon téléphone et mes écouteurs. Dehors, les éclats de balles fusent et des bombardements nous assourdissent à quelques pâtés de maisons seulement. Ca serait mentir que de dire que je n'ai pas peur, mais le comportement de ma mère, qui semble avoir le contrôle de la situation, à le don de me rassurer. Les ennemis se sont dangereusement rapprochés, et si nous pouvions rester à l'abri et en sécurité jusqu'ici, ce n'est plus le cas depuis plusieurs jours.

- Le camp est au nord du district. La route est trop risquée pour espérer prendre la voiture, nous devons marcher jusque là-bas, m'informe ma mère qui tente tant bien que mal de dissimuler ses mains qui tremblent.

Je sais qu'elle aussi est terrifiée, pourtant, elle reste forte et s'acharne pour ne rien montrer, pour ne pas que je commence à paniquer, et je l'en remercie.

Après une bonne dizaine de minutes de marche en s'abritant au mieux, je commence à trouver le temps long.

- On arrive bientôt, me rassure ma mère, voyant que je souffle.

Je lui souris faiblement en balayant les alentours du regard avec tristesse. Tout s'écroule un à un. Notre monde est réduit en miettes, bout par bout par l'ennemi et ça fait mal à voir. Ces quartiers dans lesquels j'ai grandi, où je jouais autrefois avec insouciance et joie ne sont plus qu'un tas de ruines et de cendres.

Mon fil de pensées est interrompu par le cri soudain de ma mère. Je tourne les yeux dans sa direction et tout se passe très vite.

- Cours Seth ! m'ordonne-t-elle.

Je n'ai pas le temps de cligner des yeux que je suis projeté à quelques mètres. Ma vision est obstruée par la poussière autour de moi et je n'entends plus rien. Je me relève difficilement en pressant mes oreilles qui sifflent. J'ai l'arcade sourcilière ouverte, mais sur le coup, je ne sens pas la douleur, je le devine seulement au sang qui coule le long de ma joue. Je me concentre sur ce qui m'entoure avec attention. La poussière se dissipe, me laissant entrevoir la scène apocalyptique qui me fait face. Un gros cratère entrave la route, il y a des débris et des corps partout, c'est un vrai carnage.

Je reste quelques secondes, horrifié par ce à quoi mes yeux assistent. Je plaque une main sur ma bouche pour m'empêcher de vomir alors que la bile me monte à la gorge. Je refoule des larmes en cherchant ma mère du regard.

- Maman !? je m'écrie en la retrouvant sous les débris d'un immeuble voisin.

Cette fois, impossible de me retenir, je pleure à chaudes larmes alors qu'elle me rassure d'une voix faible, presque inaudible. La panique s'empare de mon corps et le fait trembler comme une feuille.

- Ne t'inquiètes pas Seth, cours vite au camp, mon grand.

- Mais je ne peux pas te laisser ici !

Son visage est sale de poussière et de sang. J'essaye de la dégager des débris qui lui entravent les jambes, mais rien à faire, ça ne bouge pas, c'est bien trop lourd. Je crie de toutes mes forces pour appeler à l'aide, en vain. Tout le monde est trop occupé à fuir pour se soucier de nous, ce qui est compréhensible, on aurait fait pareil. Je regarde autour de moi, l'air affolé, mais il faut se rendre à l'évidence, c'est la fin.

Je sens la main fébrile de ma mère se glisser dans la mienne et y déposer quelque chose.

- Pars vite ! elle m'ordonne dans un dernier souffle.

Je contemple son visage qui perd peu à peu la vie, ses yeux qui perdent de leur intensité jusqu'à devenir deux billes vides. J'ai le visage inondé de larmes qui ne veulent cesser de couler. J'ouvre ma main et y découvre son collier - je ne l'ai jamais vu sans auparavant. Je le serre fort, connaissant sa symbolique avant de le passer autour de mon cou et de le glisser sous mon t-shirt une fois attaché.

Je suis incapable de bouger pendant de longues minutes face à son visage autrefois rayonnant qui est maintenant inerte et sans vie. Je sais que si je pars, je ne la reverrai plus jamais et je n'arrive pas à m'y résoudre, c'est trop dur à accepter. Elle est la personne la plus importante pour moi, elle est ma seule famille, je ne peux pas vivre sans elle... Je lui caresse les cheveux d'une main tremblante et lui embrasse le haut du crâne avant de me relever dans un élan de motivation. Je chancelle quelques secondes, tel un ivrogne, avant de retrouver une stabilité. Je renifle en essuyant mon visage.

- Je te promets de te venger, je jure devant son cadavre, la mâchoire crispée.

Je compte bien tous les faire payer, peu importe si ça doit me prendre une éternité. Je vais les anéantir tous autant qu'ils sont pour me l'avoir enlever et ma rage ne s'atténuera qu'après ma vengeance accomplie.

Des coups de feu fusent à quelques mètres de moi et il ne m'en faut pas plus pour détaler comme un lapin, jetant un tout dernier regard au visage de ma défunte mère.

Notre pays est réduit à néant, c'est l'apocalypse. Pire que l'Enfer lui-même...

Un dangereux virus, appelé Pygrum 47, circule actuellement dans le pays, je vous invite d'urgence à rejoindre les camps de vos districts pour y trouver sécurité le temps de fabriquer un vaccin. Je répète...

La voix robotique de l'homme résonne dans les haut-parleurs de la ville, diffusant tout un tas d'informations depuis les sièges du gouvernement.

Je rejoins rapidement le camp du district Bram où je suis pris en charge. Des médecins m'examinent afin de définir si j'ai attrapé le virus, puis soignent mes blessures visibles tandis que je fixe l'hologramme qui diffuse les dernières nouvelles.
Le président Muller vient d'être retrouvé mort dans son bureau. Les causes de sa mort restent encore floues, même si des indices laissent penser que c'est l'ennemi qui en est la cause.

Tout le monde émet des bruits de surprise suite à cette annonce et un brouhaha pas possible se crée dans la pièce.

Ma jambe est prise d'un tic nerveux alors que j'écoute attentivement l'hologramme. Je veux venger ma mère, ceux qui lui ont fait ça doivent payer, pareille pour ceux qui ont tué le président, et je suis plus que résolu à les punir, même si ça doit me coûter la vie, ça sera pour la bonne cause. Ils vont expier leurs péchés et regretter d'avoir fait ça.

- Excusez-moi, vous savez si c'est encore possible de s'engager ? j'interpelle une infirmière qui passe.

- A l'armée ?

J'opine de la tête et elle m'informe que l'armée du pays manque cruellement de soldats.

- Il faut cependant avoir 17 ans minimum avant de vouloir t'engager, elle m'informe ensuite.

J'hoche la tête, déterminé. J'ai 17 ans dans quelques mois à peine. D'ici là, je dois encore survivre...

Je tripote nerveusement le collier de ma mère, le regard sombre rivé droit devant moi.

- Je promets de te venger, je murmure pour moi-même.

A suivre...
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Bienvenue dans l'univers Fallon ! Je suis ravie de vous partager ma dystopie/science fiction, en espérant que ce prologue vous aura donner envie. A bientôt pour le chapitre 1 ;)

INSTA ET TIKTOK : Mademoiselle_Azel

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