C H A P I T R E 24

31 7 5
                                        

SETH
2085, District Orlie

Sa question me frappe en plein cœur, laissant un trou béant dans ma poitrine. Qu'est-ce que c'est que cette merde encore ?

Je reste bête, les bras ballants, à la dévisager sans rien comprendre à ce qui est en train de se passer. Je sens la présence des filles à mes côtés, mais je n'y prête pas attention tellement je suis sous le choc. Mon cerveau se déconnecte et arrête de fonctionner correctement, ne laissant qu'un corps sans vie. Mon monde vient de s'écrouler sous mes yeux, me ramenant à cette période où la guerre faisait rage. Et j'ai beau savoir que c'est à cause du vaccin, que ce n'est pas vraiment elle qui dit ça, je n'arrive pas à passer outre, c'est beaucoup trop dur mentalement. Je n'arrive pas à dissocier la personne de la chose qui contrôle son cerveau, pas alors que ça fait je ne sais combien de semaines que je ne l'ai pas vu. C'est la seule capable de m'anéantir, c'est ma seule faiblesse, ma seule famille... Sans elle, je ne suis rien, je ne suis personne, je ne vaut plus rien.

Ça fait tellement mal de ne voir aucune émotion dans son regard, de constater que pour elle je ne suis qu'un putain d'étranger. C'est comme si c'était Vénus, sans vraiment être elle et c'est la pire sensation que je n'ai jamais ressenti. Je sais que je ne devrais pas laisser mes sentiments altérer autant ma concentration, mais elle compte bien trop pour moi pour que ça ne m'atteigne pas au moins un peu.

Soudain la rage s'empare de moi me faisant serrer les poings jusqu'à ce que les jointures de mes doigts blanchissent et que mes ongles courts entaillent ma peau. Je n'arrive plus à décrisper la mâchoire à tel point que je finis par en avoir mal aux dents. J'en veux aux jumeaux Watts, je leur en veux plus que tout pour m'avoir enlever ma meilleure amie, ma sœur, ma confidente. C'est une colère destructrice et indescriptible qui coule à flot dans mes veines. Je n'arrive pas à penser à autre chose que les anéantir tant ils alimentent cette rage. Je détruirais leur empire, tout ce qu'ils ont mis des années à bâtir. Je le jure.

Je prends une grande inspiration, reprenant lentement le contrôle de mon corps ainsi que de mes émotions malgré la difficulté que ça me demande à cet instant précis. J'affiche un visage stoïque comme je l'ai si bien appris et me mets en tête que ce n'est pas ma meilleure amie que j'ai en face de moi. Je dois arrêter de montrer mes faiblesses et agir comme il se doit au lieu de rester planter là comme un imbécile. Ressaisis-toi putain !

Venus nous dévisage tous les trois, les sourcils froncés. Elle nous sonde pour savoir ce qu'elle doit faire. Je sens qu'elle ne va pas tarder à appeler les gardes de notre intrusion parce qu'elle nous suspecte, c'est pourquoi on doit se dépêcher d'agir. J'ai perdu bien trop de temps à la fixer parce que j'étais heureux de le retrouver.

Je m'approche d'elle, mais elle recule au même moment, l'air plus que méfiant.

- Qui êtes-vous ? demande-t-elle à nouveau, en adoptant une posture de défense.

Je plonge mon regard dans le sien et là c'est évident, ça me frappe aux yeux. C'est peut-être physiquement ma meilleure amie, mais il ne reste rien d'elle à l'intérieur, comme si on l'avait éteinte. Je dois arrêter de me voiler la face, ce n'est plus Venus qui se tient en face de moi. Et ça fait peur, peur de se dire que c'est si facile de contrôler la population. Je dois me mettre en tête que ce n'est plus Vénus, mais un simple robot. Ça rendra peut-être les choses plus simples ?

- Seth, dépêche-toi, me presse Olympe.

Je jette un coup d'œil vers celle-ci avant de revenir vers Vénus. Cette fois je ne cherche plus à savoir, je me rue sur elle et l'attrape par l'épaule dans la précipitation. Elle se débat, me donnant coup sur coup, cependant, je suis bien plus fort qu'elle. Avant qu'elle ne se mette à crier, je plaque ma main sur sa bouche tout en tâchant de la retenir par les bras pour ne pas recevoir d'autres malheureux coups - il faut avouer qu'elle reste tout de même forte, ça doit être grâce au tir à l'arc qu'elle pratique depuis son enfance.

FALLONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant