FALLON

C H A P I T R E 30

SETH
2085, District Nexus

On est de retour à l'entrepôt de la dernière fois pour retrouver l'omniscient. J'espère qu'il tiendra parole et qu'on ne s'est pas fait avoir. J'étais tellement pressé et stressé que j'ai obligé les autres à partir en avance, résultat, on a au moins une vingtaine de minutes à attendre. Mais au moins, je suis plus tranquille.

- Pourquoi as-tu voulu venir aussi tôt ? se plaint Zedkiel.

Il balance son pied vers le sol en signe de mécontentement.

- Imaginez qu'il ne vienne pas ? fais-je remarquer.

J'agite nerveusement ma jambe tout en faisant rouler mon collier entre mes doigts. Ça ne m'étonnerait pas qu'il nous fausse compagnie, on a fait ce qu'il a demandé, rien ne peut affirmer qu'il remplira sa part du marché. J'ai pu observer qu'il était quelqu'un de sournois, mais il a aussi l'air de quelqu'un qui tient parole, alors on a plus qu'à patienter.

- Mais si, il va venir, tente de me rassurer Ery. Ce n'est pas dans son intérêt de nous poser un lapin. Il honore toujours ses promesses.

- Et si pour faire passer le temps, on se posait des questions ? demande gaiement Olympe, un doux sourire aux lèvres.

Ce n'est pas une mauvaise idée, ça permettra de faire passer le temps et de se connaître un peu plus. Même si je déteste parler de mon passé, je suis prêt à faire un effort car je suis curieux d'en apprendre plus sur les autres. C'est important de mieux se connaître pour la suite des choses.

- Je commence. Ery, parles-nous un peu de ta famille.

La fallon relève la tête vers nous. Elle croise les jambes et met du temps avant de commencer à parler comme si elle réfléchissait à quoi dire ou non.

- Comme vous avez pu le comprendre, mon père est William Theron. Mes parents sont divorcés, en partie parce qu'il est recherché partout dans le pays, du coup, je... je ne l'ai pas vu depuis longtemps. J'ai aussi un petit frère qui s'appelle Lowen, c'est à peu près tout ce qu'il y a à dire...

Je me rappelle de son frère, je l'avais brièvement rencontré quand j'avais raccompagné Ery chez elle. J'ai un peu de la peine pour elle, ça ne doit pas être facile tous les jours de vivre sans son père et d'être dans cette situation où elle a automatiquement été considérée comme une fallon. C'est injuste et vivre en captivité doit être épuisant.

- Tu n'as même pas de quoi être en contacte avec ton père ? questionne Olympe. Désolée si c'est mal placé comme question.

Ery plonge son regard dans celui d'Olympe avant de lui sourire timidement et de baisser la tête vers ses pieds. Elle lève doucement la main pour lui faire comprendre que ce n'est rien et qu'elle n'est pas dérangée de répondre.

- Je n'ai plus aucun contact avec lui depuis un long moment déjà. Je ne peux pas te cacher qu'il me manque, mais c'est comme ça, je n'y peux rien.

Le groupe hoche la tête avant qu'un long moment de silence ne s'installe. C'est au tour d'Ery de poser une question.

- Bon, Zedkiel, à toi de nous parler de ta famille.

L'homme garde les yeux rivés devant lui. Son regard semble mélancolique et teinté de tristesse qu'il cache du mieux qu'il peut.

- Mes parents m'ont abandonnés à la naissance alors j'ai grandi avec ma tante. Je n'ai pas de frère et sœur à ma connaissance. C'est tout ce qu'il y a à savoir.

J'écarquille les yeux, surpris. Je ne pensais pas qu'il ne connaissait pas ses parents, il n'est pas du genre à laisser paraître ses émotions, c'est déroutant. Mais comme disait Claire France, "l'indifférence aussi est une blessure". Ça n'a pas dû être facile tous les jours, je n'imagine même pas toutes les idées noires qu'il a dû avoir. Est-ce ce qui l'a poussé à s'engager dans l'armée ? Je me demande bien...