C H A P I T R E 14

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SETH
2085, District Nexus

Lorsque je coupe enfin le moteur, le silence devient le seul bruit qui remplit l'habitacle, loin du brouhaha incessant de la ville. Un silence qui sonne assourdissant et désagréable à mes oreilles, cette sensation est déplaisante, comme si je n'avais plus l'habitude de me retrouver seul avec moi-même.

Je n'ai pas le temps de faire deux pas dans l'immeuble désaffecté que Zedkiel et Olympe me tombent dessus.

- Qu'est-ce que tu foutais putain? hurle presque Zedkiel. Ça doit faire plus d'une heure qu'on t'attend comme des cons ! s'emporte-t-il, une réelle colère dans les yeux.

Il me fusille du regard, les yeux tellement sombres que c'est comme si je constituais absolument tous les problèmes qu'il avait en ce moment.

- Je suis arrivé à un point où je suis fatigué de te suivre dans tous tes délires obsessionnels, crache-t-il d'un ton dur.

- Si tu étais à ma place, tu aurais fait pareil, je tente de le raisonner, en vain, il est borné.

- Je n'irais pas jusqu'à sacrifier ma vie, non, et encore moins à des inconnus de m'aider dans un quête surréaliste en promettant quelque chose d'encore plus surréaliste.

Je l'observe quelques secondes durant lesquelles je vois sa mâchoire se contracter et ses poings se serrer.

Ses paroles sont blessantes et il le sait très bien, pourtant, il continue d'appuyer là où ça fait mal, sans se préoccuper des conséquences, c'est dans son tempérament.

- Plus le temps passe, plus je me demande ce qui m'a pris d'accepter de m'engager auprès de toi pour t'aider dans ton objectif. Je suppose que c'est parce que tu es le célèbre Seth Lazarus, mais plus je songe à mes choix, plus je me dis que c'était une réponse purement irréfléchie. Tu-

- Ça suffit ! s'écrie Olympe d'une voix tranchante qui ferait peur même auprès de la plus effrayante des personnes.

Des frissons me parcourent l'échine et des gouttes de sueur apparaissent sur mon front.

- Je vois que tu n'as absolument pas changé, siffle-t-elle avec amertume, la mâchoire serré. A la moindre difficulté, tu abandonnes parce que tu choisis le chemin de la facilité, comme toujours. C'est comme ça aujourd'hui et c'était comme ça quand on sortait ensemble. Tu te lasses avant même d'essayer et c'est pourquoi tu ne vas jamais au bout des choses, tu n'est qu'un incapable !

J'écarquille les yeux en alternant le regard entre elle et Zedkiel. Ai-je bien entendu ? Sortait ensemble ? Alors, ils sont sortis ensemble...

Pendant plusieurs secondes, je reste bouche bée, à assimiler les informations que je viens de me prendre en pleine figure. Mais plus j'y réfléchis, plus ça devient logique. Tous ces regards désagréables et irrités qu'ils se lançaient, la façon dont ils se parlaient entre eux, tout devient clair maintenant, tout était sous mes yeux et je n'ai strictement rien remarqué. C'est pourtant évident maintenant, toute cette rivalité et ce mépris venait d'une ancienne relation qui n'avait pas dû très bien se terminer.

Le ton commence à monter de plus en plus et si je ne les arrête pas rapidement, ils vont finir par se sauter dessus.

- Calmez-vous ce n'est pas le moment de se battre, j'interviens lors d'un court silence, mais ils ne me calculent pas une seule seconde et continuent à se crier dessus.

Il va falloir que je dépasse leur niveau sonore - qui est déjà bien trop élevé - pour me faire entendre. Je prends une grande inspiration les yeux fermés pour me donner du courage avant de les rouvrir.

FALLONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant