interlinked

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on dit qu'il existe, pour chaque individu sur Terre, une âme-sœur qui lui est destinée. on décrit les deux âmes comme reliées par un fil invisible. nos coeurs se croisant et se décroisant régulièrement, comme des droites perpendiculaires infinies. nos âmes quant à elles, ne sont jamais réellement entrées en collision; avançant toujours parallèlement l'une à l'autre, nous condamnant à errer à bonne distance l'un de l'autre mais toujours dans la même direction. toujours côte à côte.
nous étions, la plupart du temps, sur la même longueur d'onde. parfois trop. je n'avais pas l'impression de parler à une tierce personne mais plutôt à moi même, simplement dans un autre corps. comme s'il était une version de moi venue d'un autre univers pour me rencontrer à ce moment précis d'un espace temps si vaste. pourquoi nous? pourquoi ce moment? lorsque je l'ai vu pour la première fois, qui aurait pu deviner ce que l'Univers nous réservait?
il y a un an de cela, je n'aurais jamais imaginé le rencontrer. aujourd'hui, je chuchote encore son prénom dans l'obscurité, comme s'il allait répondre. la croisée de nos univers a été si soudaine, si brutale. évidemment la séparation n'aurait pu être douce. la force nous attirant l'un à l'autre était compensée par la force nous éloignant inexorablement, deux âmes vagabondes destinées à l'errance et non à l'appartenance. l'issue de l'avancée parallèle de nos âmes ne pouvait laisser entrevoir aucune solution pour Nous. que sommes nous, même? amis? je n'ai jamais trouvé de mots justes pour labelliser cette relation instable, secrète, blessante, euphorique, basée sur des cycles d'ignorances puis d'explosions sentimentales, puis d'ignorance encore.
nos cœurs indécis, convergeaient, parfois éloignés l'un de l'autre, parfois proches, parfois même quasiment confondus, comme s'ils tournaient indéfiniment autour d'un axe fixe, l'axe de collision de nos être tout entiers, l'axe qui Nous permettraient de fonctionner.
malheureusement, nos âmes butées, déterminées à poursuivre leur course en ligne droite, ne suivent jamais assez pour que nous nous abandonnions en ce lieu où il devenait Moi et je devenais Lui. elles nous condamnent à nous refléter l'un l'autre sans cesse pour l'Éternité, sans jamais pouvoir se croiser à nouveau d'assez près pour ne serait-ce que le frôler une dernière fois.

recueil Où les histoires vivent. Découvrez maintenant