OmegAlpha (La meute vagabonde T2) - Complete

Ancres

Betty s'essuyait les yeux tandis que Galen reprenait son souffle. Il avala sa salive.

— C'est un Ulfark ? C'est pour cela que Morgan ne vous a pas effrayé ?

Betty hocha la tête.

— C'est pour cela que je pense qu'il peut être sauvé. S'il était totalement perdu ses yeux seraient violet mais ils sont bleu parfois. C'est... c'est encourageant n'est-ce pas ? Ton Mate est un Ulfark et se contrôle parfaitement.

Galen tiqua.

— C'est plus compliqué que cela. Bien plus compliqué. Morgan se bat chaque jour contre la Bête pour être ce qu'il est, malgré l'aide et la paix que je lui apporte. La Bête m'accepte, m'a choisi. Byron n'a pas de meute, pas de mate... il n'a rien pour se raccrocher à son humanité. Il lui faut une ancre.

— Une ancre ? Il ne reconnait plus personne...

La créature donnait des coups de pattes dans la vitre qui tremblait sous les assauts. Galen ne le quittait pas des yeux. Le violet de la folie était revenu.

— N'a-t-il pas quelque chose qu'il aimait faire, de la musique, du sport ?

Elle secouait la tête à chaque proposition, de plus en plus désespérée avant d'ouvrir les yeux.

— Le dessin, Byron aimait dessiner ? Quand il était enfant, il y passait des heures entières.

— Pourquoi a-t-il arrêté ?

La créature avait arrêté de taper. Essoufflée. Elle grondait mais s'écarta, retournant faire les cent pas plus loin et grogner sur son ombre.

— Pour être pris au sérieux par le gang, mais dès qu'il avait un stylo ou un support il ne pouvait s'empêcher de gribouiller. Tu... tu penses que ça pourrait l'aider ?

Galen grimaça un sourire.

— Ça ne coûte pas grand-chose d'essayer. Quelque chose de peu toxique et de facile à manipuler avec ses mains... comme... de la craie.

— De la craie ? de la craie... Les jumeaux en ont, quelque part. Je vais en chercher... je... tu veux venir ?

Galen secoua la tête.

— Je vais t'attendre. Je ne risque rien ici.

Il entendit la porte coulissante de l'ascenseur se refermer sur Betty et il s'approcha de nouveau de la vitre. Il voyait la créature de dos. Elle s'était immobilisée et penchait la tête sur le côté. Galen savait qu'elle l'écoutait.

— Salut Byron. Ta sœur Betty m'a demandé de te ramener. Est-ce que tu veux être ramené ? Est-ce que tu veux retrouver ton humanité ? Est-ce que ton Loup te protège au point de te laisser te perdre en lui ? La souffrance fait partie de la vie d'humain... mais elle ne dure qu'un temps. Tout finit par passer.

Galen s'approcha de la vitre et souffla pour faire apparaître de la buée. La créature se retourna. Il dessina un smiley triste avec des larmes. La bête avança. Il souffla encore et dessina un cœur brisé tandis que le smiley s'effaçait. Il continua à parler.

— Mais tu n'es pas obligé de souffrir seul, de rester seul.

Il souffla encore et dessina des bonhommes bâtons.

— Tu as une famille. Betty...

Il la dessina grossièrement avec des cheveux longs et un gros ventre.

— ... Rosa

Galen fit un autre bonhomme avec une queue de cheval. Et deux petits enfants bâtons.

—... les jumeaux. Ils sont tous ta famille. Lorsque la vie change et que les chemins se séparent, ce n'est pas parce que nous sommes mis de côté ou oubliés. C'est l'élargissement des horizons. Lorsqu'on perd son chemin, cela ne signifie pas que nous ne pouvons plus rentrer, nous sommes toujours aimé ou accepté... attendu.