Chapitre 7: Mr Whitford (pov)

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Le mardi, je donnai le dernier cours sur le fonctionnement du cœur. A ma surprise, Mlle Cavendish était revenue. Elle me demanda de postposer le test que j'avais programmé pour le lendemain. Je ne comprenais pas pourquoi je devais lui accorder cette faveur. Elle qui s'en fichait des cours, des professeurs et de l'Université. Je l'évitai du regard. Ma colère ne s'était point encore dissipée, manifestement.

Je lui fis comprendre qu'elle devrait le passer avec les autres, elle qui prétendait s'être mise en ordre. Elle me fixa de ses grands yeux noisettes remplis de colère, je fis de même. On aurait dit qu'elle m'étudiait pendant quelques instants.

Lorsque je me lançai en marche, elle se dressa devant moi, obstruant délibérément mon chemin. Je fis un pas en arrière, arborant un froncement de sourcils, perplexe.

Qu'est ce qu'elle avait dans sa petite tête cette fille?  me dis-je. 

Une fois de plus, elle laissa transparaître son insolence, mais cela ne me surprit guère ; en vérité, je commençais à m'y habituer. Cette proximité n'avait pas l'air de la déranger, je semblai plus troublé qu'elle.

— Vous voulez la raison de mon absence aux cours? dit elle en me regardant droit dans les yeux, sans l'once d'embarras, vous et votre...et Mlle Dawson vous vous êtes ligués contre moi. C'était insupportable!

—  Mlle Dawson? Vous l'avez humiliée. Peu importe d'où vous venez et qui est votre père, cela ne vous donne pas le droit de vous comporter ainsi avec les autres, dis-je. Elle était convaincue d'avoir le droit de parler comme elle l'a fait à Mlle Elizabeth.

— Mon père? Pourquoi tout le monde parle de mon père? dit-elle furieuse. Elle m'accusa de défendre ma 'fiancée' puis se précipita vers la sortie.

Mlle Dawson ne se permettrait jamais d'être injuste. Mais je voyais bien que Mlle Cavendish était blessée, il a dû se passer quelque chose que j'ignore. Ce n'est pas dans son caractère de montrer sa faiblesse, elle aime bien que trop montrer sa force et sa supériorité aux autres. Or, dans sa voix on sentait qu'elle était affectée.


Le jour du test, je balayai du regard l'auditoire, Mlle Cavendish était absente. Peut- être lui aurais-je dû laisser une chance me dis-je, regrettant de ne lui avoir pas permis de faire ce test un autre jour. Mais vu son comportement, ses absences injustifiées, elle ne méritait pas qu'on lui accorde cette faveur. Je m'approchai de la sortie pour fermer la porte, lorsque subitement, elle s'ouvrit brusquement, heurtant violemment ma tête dans son élan.

C'était Mlle Cavendish.

Dans un frémissement de douleur, mon corps se crispa. Elle se rua vers moi et saisit la main qui soutenait ma tête. Instinctivement, je la repoussai. On se regarda quelques instants, pour une fois notre gêne était partagée. Elle pâlit d'effroi, réalisant peut-être le geste qu'elle venait de faire. Je me tournai vers les étudiantes assises nous observant, qui demeuraient silencieuses. Mon coeur s'accéléra. Elle avait ses cheveux longs lâchés, le visage endormi, la robe desserrée.

—  Allez prendre place, dis-je en fermant la porte et en évitant de m'attarder sur elle.

J'étais curieux de voir si elle allait réussir. Elle qui ne s'intéressait à rien. Vu son état et son empressement, je supposai qu'elle y tenait. Elle fut la dernière à rendre sa copie, je l'observai, elle arborait une expression profondément investie, sa plume incessamment en mouvement.


Mlle Elizabeth insista pour que nous prenions un repas ensemble, cela faisait longtemps que l'on ne s'était pas retrouvés seuls. Nous avons été prendre celui-ci à Grana Forteresse. Le restaurant de la ville le plus convoité.

Holloway (réécriture en cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant