Chapitre 6: Mr. Whitford (pov)

494 29 15
                                    

Le jour de la rentrée des étudiantes se pointa plus rapidement que je ne l'avais envisagé. Le directeur prononça quelques mots de bienvenue et après la visite nous prîmes place dans la vaste salle de réception de l'Université de Royal Holloway.

—Je vous remercie d'avoir accepté de donner cours cette année. Nous étions vraiment en difficulté après la découverte de la maladie de notre cher et brillant Professeur Degant qui dut nous quitter, s'exprima Monsieur Fanfold, le directeur. 

Il m'avait supplié de venir donner cours. Étant à la base médecin, et un hôpital à gérer, je ne voulais pas abandonner mes patients à mon hôpital, qui avait été inauguré par mon père, décédé il y a cinq ans.

— C'est un plaisir de donner cours dans l'Université où j'ai moi même fut un jour étudiant, affirmai-je en souriant.

— Mlle Dawson y est pour quelque chose, très certainement, ajouta Mr Brant, Professeur de Physique. 

Tout le monde était informé de nos fiançailles. Nos pères avaient déjà programmé le mariage lorsque nous étions enfants. Nous avions opposé notre avis lorsque nous atteignîmes l'âge adulte, que les parents acceptèrent malgré leur déception. 

Mais Mlle Dawson fut, quelques années plus tard, la proie à des calomnies qui portaient sur son honneur. Étant des amis d'enfance, je ne pouvais la laisser dans cette mauvaise posture, on décida donc de se fiancer de nouveau, pour sauver son honneur. Au moins le temps que les bruits ne cessent.


Je donnai mon premier cours aux garçons à l'Université, le bâtiment annexé à celui des jeunes filles. Elle était séparée en deux. Les garçons étaient les seuls à en profiter au départ mais depuis la nouvelle loi autorisant les femmes à étudier, les jeunes filles purent l'intégrer, il y a cinq ans déjà. Mlle Elizabeth Dawson, ma présumée fiancée, fut l'une des premières à intégrer celle-ci, en même temps que moi.

— Monsieur Whitford, a ce qu'on dit il y a beaucoup d'inscriptions cette année du côté des filles, roucoula l'un de mes élèves, sourire large, qui n'avait sans doute pas saisi pourquoi il était là.

— Je vous prierais d'éviter ce genre de remarques à l'avenir. Vous êtes là pour étudier, le sermonnai- je en essayant d'être le plus sérieux possible. Le directeur m'avait conseillé de garder une certaine distance entre moi et les élèves, ne pas trop m'investir, cela risquerait de me causer trop de soucis. 

Comme nous l'avons pu observer dans le passé, l'un des professeurs dut quitter son poste suite à l'insolence envers celui-ci de la part des étudiants qui ne lui portait aucun respect. Pourtant c'était un bon professeur qui s'investissait beaucoup, peut être trop.

En arrivant du côté des filles, je craignais d'être mal à l'aise. Effectivement, elles ont presque toutes mon âge, et parler devant autant de femmes était quelque peu intimidant. J'évitai de les regarder au début, d'ailleurs. 

Elles étaient calmes et à l'écoute ce qui me facilita la tâche. Je rappelai les règles quand soudain une jeune fille entra sans même prendre la peine de toquer. C'était la fameuse Mlle Cavendish, fille de l'un des hommes les plus riches et influents du pays. Et elle le savait bien. Elle le faisait bien savoir aux autres également. Ça se remarqua dès son arrivée lors du petit déjeuner lorsqu'elle menaça Mme Berry.

Elle en fut bouleversée: "vous vous rendez compte? Jamais on ne m'avait humiliée de la sorte! Insolente fille d'un père aussi insolent qu'elle! Ils ne jurent que par leur argent!". Même le directeur n'osait lui adresser la moindre réprimande, de peur de perdre l'un des plus gros investisseurs de cette Université.

Holloway (réécriture en cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant