Chapitre 34

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Je regarde la tablette, effleurant le texte des doigts, dépliant à nouveau le tissu pour relire la traduction. Suite à notre rencontre, Théa s'est lancée dans une quête afin de me retrouver et, alors qu'elle m'a de nouveau rencontré, elle a accédé à l'immortalité sans que ce soit ce qu'elle escomptait. Je lis une note d'Egna, qui m'explique que ce texte avait été perçu comme un récit initiatique, jetant les bases du culte de Théa, alors qu'il est fait mention du bain rituel, du lien du sang et de l'accouplement. Je réalise que si je ne m'étais pas accouplée avec elle, reproduisant son rite, les Gexuthéens célébraient probablement encore le culte de Kex'il.

Je pleure en silence, réalisant l'amour qu'elle me portait. Je sens la présence de Shanrys dans mon dos, elle ne sait pas comment réagir face à ma tristesse et mes sentiments, bien qu'elle soit bien plus en phase avec mes émotions depuis que nous sommes ensemble.

« Serre-moi, Shan. »

Elle se précipite dans mon dos, me serrant contre elle.

« J'ai fait une grosse bêtise.

- Laquelle ? » murmure-t-elle à mon oreille.

« En m'accouplant avec Théa selon le rituel. Il n'existait pas avant, à cause de moi j'ai...

- Importé un culte du futur dans le passé.

- Oui. Ce texte est l'histoire de la quête de Théa pour me retrouver. Excuse-moi, Shan.

- C'est de ma faute, je ne t'aurai pas emmené au Temple, rien de ceci ne serait arrivé.

- Ce serait forcément arrivé, si Théa a un culte c'est que ce serait arrivé. »

Mes parents sont rentrés à la Cité, me tenant informé de ce qui se passe. Le système ne répond plus, les humains essayent de s'adapter à leur nouvelle réalité, prenant conseil auprès des Gexuthéens. Je me suis reposée plusieurs jours, mon uniforme est rangé au fond du placard.

Aujourd'hui est un grand jour, je suis habillé de ma tunique et j'avance lentement dans le Temple. Egna et la grande-prêtresse sont présents, c'est cette dernière qui préside la cérémonie.

Je suis à genoux, en l'écoutant parler de mes origines, de ce que j'ai accompli pour mon peuple adoptif, parlant de mes enfants. Elle effectue un rituel que j'ai appris, je m'incline et récite le texte ancien. Puis, lentement, elle s'approche de moi, posant un coffret devant moi. Il semble ancien, je l'observe intensément alors qu'il vient chercher un souvenir enfoui au plus profond de moi.

Je fais glisser mes doigts dessus, appuyant sur divers angles, avant de soulever le couvercle.

« Théa, » murmurais-je en regardant l'objet dans le coffret.

J'avais vu cet objet dans les cheveux de Théa.

« Je peux ?

- Cela t'appartient.

- Non, c'était à Théa, elle le portait quand... »

Comment expliquer que j'allais voir Théa pour être initiée et surtout m'accoupler avec elle.

Je sors délicatement l'objet, le dépliant et l'accrochant dans mes cheveux, fermant les yeux en souriant.

« Personne n'a ouvert ce coffret avant toi. Personne n'a touché cet objet avant toi, Théa. »

Je suis surprise, regardant autour de moi, mais tous sont inclinés.

Théa ?

L'air devient subitement plus lourd, beaucoup plus chargé, les herbes qui brûlent dégagent beaucoup trop de fumée. J'observe néanmoins ce qui se passe devant moi, ce doit être une partie du rituel.

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