.6. Violet

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⊱♥⊱╮꧁ - Chapitre 6- ꧂╭⊱♥≺

Dans les jardins de chacune des maisons de Shatwood, nous pouvons d'ores et déjà apercevoir des citrouilles, des guirlandes, mais aussi des tas de fausses toiles d'araignée qui embellissent l'entrée des habitations. Les enfants semblent heureux et la magie de cette fête donne un charme à notre ville.

En effet, plus le temps avance et plus l'ambiance d'Halloween commence à prendre manifestement une place dans notre ville. À présent, nous sommes à deux semaines de ce jour de festivité.

Cette période m'a toujours plu, et ce, pour des raisons assez particulières. Lorsque j'étais qu'une simple gamine qui ne tenait pas correctement sur ses pieds, je ne me déguisais jamais pour cette occasion. Ma mère me disait chaque année que je n'avais pas besoin de me costumer parce que j'étais déjà un monstre. Ce qui est idiot dans le fond. Cependant, qui avait tout un sens pour mon moi de l'époque.

Quand je voyais des enfants habillés en vampires, en zombies ou je ne sais quelle autre créature fantastique, je me disais que ce jour-là, nous étions tous des monstres. Que pour une fois, j'étais comme les autres enfants.

Puis un beau jour, j'ai fini par comprendre que tout ce que ma mère m'avait baratinée sur cette fête était un mensonge. Que non, pendant tout ce temps, cette gamine de ses trois à dix ans n'était pas un monstre. Pourtant, bien que j'aie pris conscience de la vérité, je ne me suis jamais déguisée.

Je ne sais pas, c'était comme si je ne me sentais pas légitime.

Ou du moins, c'était comme un respect que je devais à ma mère.

En passant une mèche derrière mon oreille, je retire mon regard qui est accroché à la fenêtre de la salle de cours. Notre professeur quinquagénaire se prépare à distribuer les copies de nos travaux dirigés qu'on a effectués la semaine dernière. Maeve qui se tient sur la chaise à côté de moi croise ses doigts pour prier une bonne note tandis que je glousse en la voyant faire.

Je survole ensuite la classe et saisis que les premières copies commencent à être distribuées. Sur le visage des étudiants, je peux déjà voir l'énervement de certains ou alors, à l'inverse, le soulagement d'autres. Après le supplice qu'endure Maeve depuis maintenant une trentaine de secondes, le professeur parvient à notre table.

– Mademoiselle Laurre, débute-t-il en fixant mon amie.

Elle déglutit en hochant la tête en guise d'approbation.

Le quinquagénaire dépose la copie sur la table et Maeve manque de s'étouffer sur le coup.

– Félicitations, lui dit-il.

Je me penche et écarquille les yeux devant le " A" que mon amie vient d'obtenir. Sur le champ, je la félicite à mon tour.

– C'est un truc de ouf ! s'exclame-t-elle en rivant ses yeux sur sa feuille tandis que notre professeur s'éloigne de la table pour poursuivre sa distribution en désordre.

– Tu devrais prendre ma place au club, la taquiné-je, ravie par sa note.

Elle m'envoie un sourire amical avant de décortiquer sa copie du regard.

Ce n'est qu'après un autre tour de distribution que le professeur réapparaît à notre table.

J'inspire pleinement quand ce dernier me tend ma copie qui semble être l'une des dernières de sa pile.

Soudain, mes lèvres se séparent en découvrant ma note.

– Comme d'habitude, Mademoiselle Cowell, me lance-t-il avec un sourire en coin.

UNFAIRNESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant