.20. Défier

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  ⊱♥⊱╮꧁ - Chapitre 20 - ꧂╭⊱♥≺


Prise de confusion, j'observe le bâton qu'il me lègue. Mon encéphale ne se rend pas réellement compte du culot que Ylass ose détenir après ce qu'il s'est déroulé il y a de ça, pratiquement trois semaines. 

L'idée de faire du billard comme si de rien n'était me dépasse intégralement. Néanmoins, je me retrouve à cet endroit avec lui, à quatre heures du matin. 

En définitive, nous sommes tous les deux aussi contradictoires l'un de l'autre. Je laisse un court rire nerveux s'échapper de ma cage thoracique qui est brusquement comprimée par notre proximité.

– Tu te fous de moi ?, articulé-je en le fixant. Ses lèvres jointes s'élèvent sur le côté droit de sa bouche charnue, et ce, une expression particulièrement malicieuse. 

De sa main libre, Ylass décale les mèches rouquines qui gênent mes yeux afin de dévoiler tout mon visage. Au contact rapide de ses doigts glacés, je suis prise d'un frisson situé dans le bas de mon dos qui s'étend, tel un coup d'électricité, tout au long de mon rachis.

– Tu as peur de perdre, Gospođa ? murmure-t-il avec une tranquillité baignée d'une ironie indéniablement épineuse. 

Mes pommettes sont incendiées au même instant et ses yeux commencent à s'attarder sur mes joues, devenues accidentellement écarlates. Mon malaise ne tarde pas à devenir insoutenable face à son regard, alors, je saisis le bâton de sa main afin de m'épargner une remarque déplorable de sa part portant atteinte à la coloration involontaire de mes joues.

En marchant, pour relâcher la tension qui soutient toujours ma colonne vertébrale, j'approche du billard dont la lumière tamisée illumine doucement le centre de la table. Ma tête est dirigée vers le sol pour éviter de paraître tourmentée, bien que la lumière éclipse complètement la tournure colorée de mes joues. Je me racle la gorge en relâchant mes épaules crispées.

– Comment on joue ? soufflé-je, rudement.

Ylass fait le tour sans me répondre, puis happe un bâton à son tour. Enfin, il progresse vers le billard.

– Je vais te simplifier les règles. Tu dois empocher toutes les billes pleines. Je prendrai les rayés. Quand tu as toutes les billes, tu dois t'emparer de la bille noire, m'indique-t-il en me la montrant du doigt. J'acquiesce en étudiant le terrain de jeu.

Enfin, je lève les yeux sur lui qui s'occupe d'immobiliser toutes les billes au centre de la table. 

Ses bras épais à découvert me donnent l'occasion de reconnaître de fines veines ornant ses avant-bras. Ylass est concentré puis, sans attendre, il casse en donnant un coup ferme à l'aide de la queue de billard. 

Aucune bille n'étant empochée après son coup, j'avance vers la table en cernant celles qui sont pleines. Je tente de me positionner convenablement pour avoir une prise ferme sur le bâton de billard. 

Ma langue claque contre mon palet tandis que l'incertitude de ma position se fait ressentir dans mes mouvements d'amatrice. 

Mais alors que j'essaye de me focaliser sur une boule en particulier, je ne peux m'empêcher de sentir sa présence dans mon dos par son indéniable parfum frais et boisé. L'aspect brûlant de son corps renvoie radicalement à un feu immaîtrisable qui tient dans mon échine, tandis que je suis penchée contre la table de billard. 

UNFAIRNESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant