.16. Aveux

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-⊱♥⊱╮꧁ - Chapitre 16 - ꧂╭⊱♥≺


La chaleur qui émerge de lui atténue amplement mes préoccupations. Une bulle intelligible s'impose autour de nous. Je n'entends plus aucuns bourdonnements. Seules ses pulsations brèves tambourinent contre mon tampon juxtaposé contre sa cage thoracique. À cet instant, il n'y a que lui et moi dans ce couloir dépeuplé de l'université. Mes larmes cessent de perler sur mes pommettes tandis que les doigts d'Ylass caressent maladroitement ma colonne vertébrale. Il est encore plus surpris que moi par ce contact. Je le sens. Inconsciemment, mes bras qui le maintiennent contre moi, sont enroulés solidement dans son dos en créant un lien indéfectible. Tout se bouscule dans mon esprit. Par cette proximité silencieuse, je me rends compte de beaucoup de choses. L'animosité que je présumais ressentir à son égard quant à ce qu'il s'est produit avec Neven est finalement utopique. J'essayais de me convaincre que Ylass était un monstre. Un homme sans cœur et dénué d'émotions. Cependant, je ne m'étais pas rendue à l'évidence. Ylass s'est mis en danger pour m'aider. Il m'a extirpé d'un calvaire dans lequel je me pourrissait un peu plus chaque jour. Certes, Ylass n'y est pas allé de main morte, mais il l'a fait.

Soudainement, son corps bouillonnant se détache du mien. Ylass passe délicatement sa paume droite sur ma joue. Le contact contradictoire de sa main glacée hérisse les petits poils de ma nuque. Ma tête s'incline en arrière et mes yeux localisent ses iris hadaux. Pour la première fois depuis que je connais cet homme, l'attention mutuelle que l'on se témoigne ne démontre aucune haine ou quelconque ressentiment.

– Tu te sens mieux ?, feint-il avec une poignée d'humanité.

J'acquiesce courageusement, sans avoir la force de lui répondre.

La pulpe de son pouce efface avec douceur la trace de ma larme séchée sous mon œil. Une étincelle parvient à ma cage thoracique. Je fais mine de paraître impassible. Les lèvres d'Ylass s'étirent en coins avant qu'il m'adresse un regard rempli de véracité.

– Tu ne devrais pas avoir le droit de pleurer.

Je hausse les sourcils tandis que je sens mes joues progresser vers une couleur écarlate. Des interrogations brûlent ma bouche et une question imprudente réussit à se faufiler entre mes lèvres.

– Pourquoi ? bredouillé-je, incertaine d'articuler ces paroles.

Ylass avance légèrement son visage du mien.

– Parce que tu me donnes toutes les raisons d'éradiquer tes douleurs, confie-t-il.

Je contracte péniblement ma mâchoire alors qu'un frisson parcourt mon rachis.

– Alors un conseil, débute-t-il.

Il tourne sa tête et se penche davantage sur moi. Je déglutis en sentant sa bouche se présenter à de minimes centimètres de mon oreille.

– Ne pleure pas devant moi si tu n'es pas prête à voir les gens comme Neven souffrir.

Mon cœur rate un battement et j'étouffe un hoquet de surprise lorsque ses paroles se gravent dans mon esprit. Ylass recule considérablement et se met à marcher dans le couloir. Je vois son dos s'éloigner avec insouciance. Je cille en essayant de remettre mes idées troublées dans l'ordre.

– Magne-toi, je te dépose, m'ordonne-t-il.

J'arque un sourcil en retrouvant cette part à la fois stoïque et provocatrice d'Ylass. En croisant mes bras sur ma poitrine, je décide de rappliquer.

UNFAIRNESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant