.8. Invitation

120 22 15
                                    










⊱♥⊱╮꧁ - Chapitre 8 - ꧂╭⊱♥≺





Les pétales d'un blanc hypnotisant me font perdre mon attention dans cette couleur profonde. Si pure, si délicate.

L'inverse d'elle.

– Madame ? me rappelle le fleuriste.

Je me racle la gorge en sortant de mes pensées.

– Oui-, combien est-ce que je vous dois ? le questionné-je.

Le vieil homme constate le bouquet qu'il m'a concocté et me donne le prix. Sans me faire attendre, je sors mon porte-monnaie et lui dédie dix dollars. Je salue le fleuriste et sors de la boutique située au cœur du centre-ville de Shatwood.

L'air frais de l'automne entre dans mes narines alors que je me traîne jusqu'au cimetière. Hors cette période de l'année, je ne viens en aucun cas me recueillir auprès de sa tombe. À vrai dire, rien ni personne ne m'oblige à le faire. Seulement, j'aimerais continuer à me souvenir d'elle. Malgré le supplice qu'elle m'a infligé, une part de moi-ou probablement ma conscience-souhaite la voir lorsque la période de sa mort approche. Un goût amer de remords et de culpabilité parcourt ma gorge tandis que j'aperçois le cimetière après une dizaine de minutes de marche. Cet endroit se situe à la sortie de la ville. L'endroit le plus isolé de Shatwood. Spécialement dédié aux morts.

Dès lors que je franchis le pas à l'intérieur du cimetière, la nostalgie entretient mon corps. Je me remémore ma personne à la même période, chaque année, depuis sa mort. À chaque fois que je remets les pieds ici, les mêmes sentiments ressurgissent.

Et ce, depuis déjà quatre ans.

Parfois, le visage de ma mère me paraît lointain, puis d'autre fois, je me rappelle sa présence comme si c'était hier.

Comme lorsque Neven me ruer de coup et que je suis prisonnière.

Je chasse cette pensée en avalant ma salive et me concentre sur la tombe de ma mère qui se tient devant moi.

" Rosalia Cowell", est gravé sur son cercueil.

Mama, tvoje čudovište je ovdje, balbutié-je dans ma langue maternelle. "Maman, ton monstre est là"

Je dépose les fleurs sur sa tombe en inspirant un grand coup avant de m'accroupir en face d'elle. Avec courage, je décide de lui confier ma vie.

– J'ai eu mon baccalauréat cette année, et j'ai réussi à intégrer une université de droit, raconté-je sans regarder la tombe.

– Je sais que tu t'en fiches de là où tu es.

Un silence de plomb tombe et seules les feuilles qui se frottent entre elles font office de bourdonnement.

Mes épaules se relâchent. Je scrute du regard le cimetière et aperçois que je suis seule.

Il y a seulement moi, et le cadavre de ma mère.

Mes cheveux volent dans le vent alors que je m'agrippe à mes genoux pour rester immobile.

– Je mettrai les salauds comme mon géniteur en taule, je te le promets.

Une image de ma mère qui se force à avaler sa bouteille de Jack Daniels envahit mon cerveau. Je sens l'odeur du liquide, la colère de ma mère et ma peur à ce moment précis.

Je tousse difficilement pour chasser une nouvelle fois ces souvenirs du passé et fixer la tombe de cette ancienne chanteuse.

– Tu aurais pu avoir une belle carrière, dis-je avec un léger sourire de compassion.

UNFAIRNESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant