Chapitre 16 - La cave de l'horreur

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François était prêt à montrer ses deux romans aux deux gourous. Il pensait que c'était sûrement le début d'une grande carrière d'écrivain. Il s'imaginait déjà faire ses dédicaces dans les supermarchés, signer ses ouvrages à des millions de lecteurs en transe entre le rayon boucherie et le rayon bricolage ! Il se voyait sur des montagnes d'or, au bras des plus belles femmes du monde et au volant des voitures les plus luxueuses. Ses rêves de grandeur et de démesure le transportaient, et lui faisaient oublier sa condition misérable.

Un matin, il se leva tout décidé. Et il fila droit chez son bouquiniste et ami, GéGé.

Mais l'accueil ne fut pas celui escompté. Gérard était préoccupé et n'avait même pas salué notre jeune auteur à son arrivée. Il était au téléphone et paraissait très nerveux. Son front était rouge et ruisselait de gouttes de sueur. Que se passait-il ? Qu'attendait il ? Avec qui était-il en communication ?

Gérard reprit nerveusement sa conversation. C'était l'éditeur d'Émile qui voulait savoir où en était son prochain best-seller. Il devait lui remettre au moins un brouillon ou un échantillon. Gérard attendait la venue imminente du grand Émile entre ses murs. Mais celui-ci était en retard. Il ne respectait vraiment rien !

Gérard fit machinalement un hochement de tête en guise de salut vers François quand d'un coup il se figea, ses yeux s'écarquillèrent et fixèrent le jeune novice comme un prédateur guette sa proie. Une idée lui passait par la tête ! Cela donnait à ce petit bouquiniste bonhomme un air étrange à la fois d'intelligence et de malice. Son sourire était maintenant devenu immense, exagéré, malsain. Il fonça vers François :

— Mon gars ! Tu tombes à pic ! Faut que tu nous sauves la vie ! Y a que toi qui peux nous pondre un miracle ! Faudra pas nous décevoir ! On compte sur toi nous !

— Heu ... Salut ! Mais qu'est-ce qui se passe ? Ok je veux bien vous aider. Mais tu veux quoi ? Enfin Vous voulez quoi ? Il va passer Émile ?

— Houla mon gars ! T'as trop de questions ! La vérité c'est qu'on est dans la mouise ! Voilà ! Émile il a dit qu'il avait un autre roman à sortir ! Et il a rien ! Il a promis une date à l'éditeur ! Mais il tient pas ses paroles !

— Mais justement je suis venu t'apporter ce que j'ai écrit. Je voulais que tu me dises ce que t'en penses.

— Quoi ? Non ? Sérieux ! T'as commencé à en faire un ? Trop bien ! Fais voir ! Fais voir !

Gérard se trémoussait d'impatience et ses yeux étaient ronds comme ceux des enfants devant le sapin de Noël !

François sortit de sa hotte, ou plutôt de son sac à dos, son premier roman tout corné : son premier polar.

Gérard le prit avec ses deux mains avec un respect incroyable, on aurait dit Indiana Jones tenant le Graal ou un croyant avec le saint suaire.

Son visage avait à présent de la fierté envers le nouvel auteur en herbe.

— Oh purée de pommes de terres ! Tu nous sauves vraiment la vie toi ! Il avait raison Emile ! Oh punaise ! Il va être trop content quand il va voir ça ! Et en même temps qu'il parlait, il feuilletait avidement le manuscrit. Il était subjugué !

— Wow ! Emile il va adorer ! Attends qu'il arrive ! Il va te prendre dans ses bras le grand !

François était sur un nuage.

Il sortit son deuxième manuscrit de son sac, comme un magicien sort un lapin de son chapeau.

— Heu Gérard ! J'en ai fait un autre ! c'est un roman à l'eau de rose ! J'en suis moins fier mais je pense qu'il est bon. Tu me diras ce qu'il faut changer ou améliorer, ou enlever !

MONTEZ ! [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant