Chapitre 28 - Liberté !

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Anna cherchait à fuir la police et l'hôpital avec François.

Elle voulut passer par les toits mais elle se rappela sa chute de deux mètres sur la poubelle qui aurait pu lui être fatale ! Et puis elle n'aurait pas pu aller bien loin avec un fauteuil roulant sur les toits !!

Alors elle réfléchit.

Elle vit une passerelle aérienne et couverte qui menait au bâtiment d'à côté. Elle commença à y amener son cher patient. Elle arriva devant l'entrée de ce tunnel de verre et de lumière où toute la chaleur du jour était restée emmagasinée. C'était la dernière ligne droite vers la liberté Anna se voyait déjà hors de danger. Elle commençait à sourire de soulagement en entrant à l'intérieur mais elle se figea comme dans la glace. Un autre policier était en faction à l'autre bout du tunnel !

- Mais y en a partout ma parole ! Marmonna rageusement Anna, que la blouse blanche commençait à agacer ! C'est une armée qu'ils ont déployée pour un seul homme ! En plus un rescapé des flammes ! C'est pas Rambo non plus mon petit François d'amour !

Encore une fois, Anna dût faire demi-tour.

Elle était revenue face aux ascenseurs et là ... la solution lui sauta aux yeux. C'était tellement évident ! Comment n'y avait-elle pas pensé avant ?

A côté de chaque ascenseur était indiqué à quel étage se trouvait quel service : 6 étages, 1 RDC.

Mais il y avait aussi marqué : "- 1" !

Il y avait donc un sous sol !

Ça serait par là, enfin, qu'elle fuirait avec son auteur adoré ! Et ça ne pourrait pas être pire que le sous-sol de feu le bouquiniste !

L'expression consacrée pour parler d'un mort avait pour lui encore plus de sens !

Elle entra dans l'ascenseur en poussant son grand brûlé. Avant que les portes ne se referment, elle jeta un œil aux alentours. Elle eut une intuition, un pressentiment !

Son cœur se bloqua quand elle croisa le regard noir de l'inspecteur Rafeu ! Il était encore là ! Et il se dirigeait droit vers elle !

Les portes se refermèrent et l'ascenseur descendit au sous-sol. Il resta comme bloqué deux secondes une fois arrivé en bas. Cela parut des heures pour Anna !
Dès que les portes s'ouvrirent, elle fila comme une furie vers l'endroit marqué "SORTIE".

Elle hâtait le pas. Le sol était abîmé et le fauteuil roulait mal. François tremblait de tout son corps avec les vibrations. Dans sa précipitation Anna ne vit pas un petit trou et roula dessus. Une roue fut bloquée net et la chaise fit un demi tour ! François fut éjecté sur le sol ! Anna lui cria :

- Oh mon Dieu François ! Ça va ? Tu n'as rien ? Vite ! Relève toi ! Il est à nos trousses ! Le policier ! Je l'ai vu ! Il va arriver ! Vite ! Il faut qu'on sorte d'ici !

Anna commença à courir. François avait du mal à avancer mais il serra les dents et se découvrit une force extraordinaire sous l'effet conjugué de l'adrénaline et de l'amour. Il arriva à rejoindre sa belle et courrait maintenant à la même allure qu'elle dans des grands couloirs interminables et sombres, où sont stockés les poubelles malodorantes et le linge sale.

Ils arrivèrent au bout de ce tunnel glauque. Les grandes portes automatiques s'ouvrirent.
Ils furent enfin dehors, sur le parking de l'hôpital.

Elle regarda nerveusement derrière son épaule pour voir si l'inspecteur était là...

Personne.

Ils étaient enfin libres !

Elle sauta de joie en riant ! Elle lui prit la main avec énergie et lui dit :

- Là ! Regarde ! Y a un arrêt de bus ! Viens ! Faut pas traîner ici !

Ils coururent comme s'ils étaient encore poursuivis, et s'assirent, le souffle court, tranquillement, comme un couple "normal".
Ils commencèrent à discuter comme si de rien était :

- François ? où est-ce qu'on peut aller ? Tu as quelqu'un en qui tu as une entière confiance ?

- Oui toi ! Dit-il d'un ton amusé en retrouvant un peu sa voix et son sourire.

- Oh ! c'est gentil ! mais y a pas quelqu'un d'autre chez qui on peut aller quelques temps pour se faire oublier et reprendre des forces ?

François, pensif, déclara au bout de quelques secondes :

- Ben...chez Mamie !

- Quoi ? Ta grand mère ? C'est mignon ça ! Elle habite où ? Elle a quelle âge ? Elle va bien ?

- C'est une pile électrique ! Elle pète la forme ! Elle habite en banlieue, à la campagne, à Loubignac.

- Mais elle vit seule ?

- Non elle vit avec papi !

- Ok ! Alors allons-y ! Chez papi et mamie !! s'exclama Anna toute excitée !

Mais sa joie fut de courte durée. Elle sentit un danger derrière elle. Elle se retourna et vit au loin ce chien de Rafeu qui sortait du parking de l'hôpital et fonçait vers eux comme un missile en aboyant des insanités.

- Le flic ! Il nous a retrouvés ! Mais bon sang ! il a le feu aux fesses celui là !

François pouffa de rire !

- Mais François pourquoi tu te marres ? Il est à nos trousses ! C'est pas le moment !

- Pierre "Rafeu"...a le feu...aux fesses ! Ah ah ah ah ah ! Gloussa Francois.

Ce qui mit Anna dans une colère noire :

- Mais tu vas arrêter tes gamineries oui ! Ils t'ont donné trop de morphine ou quoi ? Y a un flic qui te colle aux basques et qui veut te coffrer, et toi tu rigoles comme un enfant ! Arrête maintenant ! Ça suffit ! Le bus arrive ! Saute dedans ! Vite !

Le bus s'approchait...Le policier était bientot là....ils s'engouffrèrent à l'intérieur. Les portes se fermèrent et le bus repartit juste sous le nez de leur poursuivant.

- Ouf ! souffla Anna ! Juste à temps ! On a eu chaud !

Et François se remit à rire bêtement :

- Oui on eu chaud ! On avait.. nous aussi ...le feu ...aux fesses !! Hihihi !

- François ? ... mon chéri ?

- Oui ?

- T'es lourd !

L'agent Rafeu courrait derrière le bus. Anna le regardait se fatiguer pour rien. Dans un élan de désespoir, l'agent porta sa main sur son arme, déclipsa la sécurité, s'apprêtant à tirer. Mais, avec cette foule autour de lui, il ne pouvait pas utiliser son arme sans risquer de blesser un passant.

François le vit faire et dit cette fois sans réfléchir :

- Rafeu va quand même pas faire feu !?

Et se rendant compte du jeu de mots qu'il avait encore fait , il éclata de rire et entraîna Anna dans un fou rire irrépressible !

L'officier remit la sécurité de son arme et, la mâchoire serrée, il ne lâcha pas des yeux le bus des amants fugitifs qui s'éloignait vers la liberté.

Leur rire insolent et sonore résonnait dans le bus, au milieu des gens tristes et apathiques, et laissait éclater au grand jour leur leur liberté et leur amour, comme deux adolescents rebelles.

Mais Rafeu n'en avait pas fini avec eux...

MONTEZ ! [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant