Chapitre 47 - Des tensions provisoires

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Avant de quitter le commissariat, une conseillère pénitentiaire indiqua à nos deux détenus qu'avec leurs bracelets électroniques aux chevilles, ils étaient "assignés à résidence", et devaient scrupuleusement respecter des horaires précis de sortie de leurs domiciles : du lundi au vendredi, de 8h30 à 14h30 et seulement pour un travail, une formation, ou une thérapie, mais pas pour des activités de loisir !

C'était la décision du juge d'application des peines. Et si un détenu ne respectait pas les conditions fixées, il retournerait immédiatement en prison !

Les détenus en liberté devaient aussi se rendre obligatoirement à des rendez-vous réguliers avec l'assistant de justice.

Ils ne pouvaient donc plus se voir jusqu'au paiement intégral de leur dette !

Ils devaient se rendre chacun directement à leur adresse respective où avait été posé un boitier électronique pour surveiller leur présence mais surtout signaler leur absence et alerter immédiatement les autorités.

Ils n'étaient donc pas en prison, certes, mais ils n'étaient pas libres de faire ce qu'ils voulaient non plus. Ils ne pouvaient pas vivre ensemble parce qu'ils n'étaient pas mariés.

Ponce raccompagnait Anna chez elle et Rafeu escortait François jusqu'à chez lui.

Ponce s'adressa à Anna :

—  Anna ma belle ! ça ne te serre pas trop ton bracelet à la cheville ? Je suis désolé mais c'est la procédure. Tu sais, c'est la meilleure des choses au final ! Au moins tu es chez toi. Tu n'es pas derrière les barreaux !

— Mouais ! Super ! Je me sens tellement libre ! Je crois revivre le confinement avec ce satané Covid ! répondit-elle désabusée.

—  Anna ! Tu as le droit de sortir tu sais...mais sous conditions ma belle...et c'est que le temps de payer ta dette, enfin votre dette ! dit Ponce avec une extrême gentillesse.

—  Pffff ! On va la payer votre fichue amende ! c'est bon ! fit Anna en tapant du pied à l'arrière de la voiture comme une adolescente rebelle.

De son côté, Rafeu était beaucoup plus strict avec François :

— Bon. J'espère que t'as bien compris ce qu'on t'a dit mon gars! Tu arrêtes de jouer les filles de l'air avec ta copine ! Et tu restes bien gentiment chez toi ! Tu vas bosser pendant les horaires autorisées et tu rembourses ta dette envers la société ! Ok ?

— Mais comment voulez-vous que j'arrive à réunir 90 000 € en bossant à mi temps !? C'est débile !

— Hola ! On se calme à l'arrière, petit ! C'est ton problème ! T'as qu'a vendre tes biens ! T'as une maison ? Une voiture ?

— Non j'ai rien ! Je suis locataire et je prends le bus ! J'ai pas les moyens ! Et je gagnerai jamais autant d'argent ! Comment je vais faire ?!

— Débrouilles-toi ! Vois avec ta famille ou tes amis...ou ta petite amie ! "Mais faut qu'tu craches ! Faut qu'tu payes" ! Comme chantaient les Inconnus ! Ha ha ha ! Rafeu était hilare. Sa méchanceté était à la limite du supportable pour le jeune homme qui était juste abattu et n'avait pas la force de s'énerver.

Ponce était arrivé devant chez Anna. Il lui dit d'une voix guillerette :

— Voilà ! ma p'tite Anna ! On est arrivés ! Prends bien soin de toi ! Et ne sois pas trop triste ! Tu as tout le temps pour rembourser ta dette ! Et puis c'est votre dette à tous les deux ! C'est du moitié-moitié ! Du "fifty-fifty" comme on dit ! Faut que ton François il se bouge le coquillard pour ramener de l'oseille ! Hi hi ! Vous savez comment vous allez faire ? Un emprunt ? Des amis ? Un braquage !? Non je rigole pour le braquage ! Hi hi ! Ponce était taquin mais cette idée laissa Anna pensive, le regard dans le vide.

MONTEZ ! [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant