Chapitre 15 - Le touche-à-tout !

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Il mit moins de temps pour avaler toutes ces infos que pour les imprimer ! Il dévora comme un glouton tous ces conseils prolifiques. Il allait faire naître enfin son livre, briller devant Gérard et Émile, et peut être, lui aussi, devenir célèbre !

Il se lança dans le polar.

Il était plus armé maintenant pour enchaîner les chapitres. Il connaissait les mots, et il avait de la technique, il était plus à l'aise devant sa feuille blanche. Il y voyait toujours se dessiner les points noirs de ses lettres qui lui indiquaient sa trajectoire de récit. Il n'était jamais perdu. Il rebondissait d'intrigue en intrigue avec un rythme haletant. Il travaillait le suspense, le vocabulaire, la vraisemblance la psychologie, l'humour. Il essayait de doser tous les ingrédients comme un vrai maître cuisinier. Il enrichissait les descriptions, durcissait les scènes d'action et coupait fins les dialogues. Il identifiait bien chaque personnage, adoucissait ou épiçait le paysage pour le rendre agréable ou terrifiant selon le besoin de la scène.

Tout s'enchaînait sans problème. Un meurtre, un faux coupable, une fausse preuve, puis un rebondissement et hop. Il avait fait arrêter le vrai meurtrier ! C'était presque trop facile à écrire ! Ce n'était pas de la grande cuisine mais il était fier de lui !
Il était lancé, plein d'énergie.
En 3 semaines il l'avait écrit.

Le polar c'est fastoche ! se dit-il !

Il s'essaya ensuite au roman d'amour. Il donna dans le mièvre, le mielleux, la guimauve, le "fleur bleue". Il prêtait des sentiments profonds à tous les personnages et en toutes circonstances. Il s'attardait pendant des pages sur la description de la boutonnière de la dame de compagnie de Duc de MontMorency qui était trop ajourée et qui ne laissait que trop dévoiler un sein bien importun en pareille affaire ! Il détaillait des heures les regards langoureux du Baron de Miossec sur les joues roses de la jeune marquise de Cavignac. C'était les Liaisons Dangereuses revisitées avec une débauche de frou-frou et de dentelle ! Deux couples se forment, se défont, se brisent, se déchirent, sur fond de désir et de jalousie.
Ça sentait le réchauffé ! Mais il trouvait ça mangeable !
Il était content encore de ce qu'il avait concocté.

C'est simple en fait les romans à l'eau de rose ! pensa-t-il .

Il écrivit celui-là en un mois.

Il ne trouvait rien de changé dans sa vie malgré le fait qu'il soit devenu (pensait-il) écrivain.

Sa vie n'était pas devenue plus belle, mais changée, différente.
Il remarquait la grande importance dans son quotidien de ce qu'il écrivait. Rien que ces deux livres, écrits comme des nouvelles, prenaient une place énorme.

Chaque roman - avant, pendant et après l'écriture - le travaillait, lui monopolisait l'esprit. Qu'allait il écrire après ce chapitre ? Est-ce que ce personnage ne pourrait pas faire ressortir son côté diabolique ?
Cette dame cache-t-elle son amour pour ce personnage ? Ou lui dévoile-t-elle un moment ? Le travail de création est de tous les moments !

Il voulait montrer ses deux essais dans deux styles différents à Gérard et surtout à Émile ! Mais Émile était absent et Gérard était malade. Il avait pondu ça si vite qu'il en était agréablement surpris. Il avait bien dû laisser des fautes ou des incohérences (et il allait devoir passer par une beta lectrice !) mais il était trop impatient d'être lu !

On aurait dit un enfant quand il avait fini de construire un jouet LEGO ou un château Playmobil, il voulait tout de suite le montrer à son père ou sa mère !

Le lien n'était d'ailleurs pas si éloigné. Jouer aux Lego ou aux Playmobil c'est construire des histoires, inventer des personnages, des caractères, des costumes, des actions faites ou à faire, une intrigue, de l'action, des décors, des dialogues, des amis, des personnages secondaires...bref c'est tout le travail intellectuel d'un écrivain et d'un metteur en scène !

Celui-là serait un méchant. Il serait habillé d'une certaine manière ! Il a fait des vilaines choses. Le gentil arrive, super fort, super malin, super beau, et arrête le méchant avec ses amis.

Les enfants sont de bons inventeurs d'histoires. Ils adorent en lire, en entendre, en voir et en créer.

L'enfance, c'est le monde du rêve, des contes de fées, de la magie et des monstres !

L'idée d'une histoire de science-fiction, de Fantasy, le titillait aussi. Des super pouvoirs, une planète étrange, un méchant intergalactique ! Un minerai qui vaudrait de l'or, des illustrations bien flashy en mode seventies ! Il se voyait bien se diriger vers ces territoires là, plus tard peut-être ...

MONTEZ ! [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant