Chapitre 41 - Anna fait son rap'port

37 9 19
                                    

Devant l'arrivée en fanfare d'Anna, la policière de l'accueil leva les sourcils très haut et écarquilla les yeux sous l'effet de la surprise.

Elle appela sans attendre les agents en service, Rafeu et Ponce. Ils arrivèrent et installèrent Anna pour prendre sa déposition.
Rafeu la regardait avec insistance mais ne savait plus où il l'avait vue.

Sans aucune gêne, au milieu du commissariat, à côté de tous ces employés qui étaient penchés sur leurs bureaux bien sagement ou qui interrogeaient d'autres suspects, Anna, fan de Diams, commença son flot de paroles comme un "flow" de rapeuse avec le rythme, la posture et les gestes typiques ! Elle aussi voulait parler de sa "boulette" !

<< Bonjour Messieurs les policiers !
Je suis venue de mon plein gré
pour tout avouer !

Mais d'abord je voulais me présenter :

Je m'appelle Anna !

Je suis une nana
qui fait pas
des "nanani nanana" !

Si tu r'gardes mon anatomie
Tu vas faire des analogies !

Oh le flic !
Vois mon physique
Fais pas de choc anaphylactique !
Tu verrais ta tête
C'est trop critique !
On dirait que t'es
sous analgésiques !

Je suis pas analphabète !
Je suis pas une nana bête !

Je suis un peu anarchique !
Et même anachronique !

J'aime les ananas
Mais pas les Anacondas !

Anna
c'est un palindrome
C'est pas un syndrome !

Je resterai dans les annales !
Alors pas d'analyse
ou d'anagramme

M'appelle pas Annabelle
Mais plutôt Belle Anna !
Appelle moi Mademoiselle !
Sinon j'te parle même pas !
Yo ! >>

Et elle finit son sketch comme dans les clips de rap, en mode ghetto, bras croisés, regard fier, insolent, et méprisant.

Puis elle se mit à rire aux éclats en voyant les têtes des deux agents, stupéfaits d'un tel spectacle et d'une telle verve ! On pouvait presque voir du respect et de l'admiration dans leurs yeux.

Mais Rafeu se reprit et engagea la contre offensive :

— Madame. C'est bien joli tout votre charabia ! Mais on n'est pas dans un cabaret ici alors votre petit numéro n'impressionne personne ! Vous disiez que vous vouliez avouer ! Mais avouer quoi ? Je suis obligé de prendre votre déposition madame !

— "Mademoiselle" ! Monsieur l'agent.

— Bien "Mademoiselle" !
Alors ! Qu'est ce vous avez fait de mal ou d'illégal ? Traffic de drogue ? Prostitution ? Meurtre ? Incendie criminel ? Vol à l'étalage ?...ou usurpation d'identité peut-être ? dit Rafeu en dévisageant intensément ce beau minois qui lui semblait si familier.

— Heu...non ! juste meurtre et incendie criminel ! C'est tout !avouait-elle d'une petite voix presque infantile que semblait reconnaître aussi Rafeu, de plus en plus septique.

— Quoi ? Vous avez tué qui ? réagit Rafeu.

— Ben.... c'est pour le double meurtre et l'incendie de la librairie...c'est moi !

— Quoi ! cria l'agent Ponce

— Calme toi Pierre, lui dit Rafeu.

— Je suis très calme Pierre ! Ça roule, lui répondit Ponce. Madame racontez-nous tout ça s'il vous plaît ! Je suis à votre entière écoute !

— Mais quelle galanterie et quelle classe agent Ponce ! lança Anna. Ça change des autres policiers ! Suivez mon regard ! Et elle regardait très fixement Rafeu qui commençait à mettre les mains sur ses menottes... L'agent Ponce ne vit que du feu et ne comprit pas les insinuations d'Anna, il se retourna pour chercher derrière lui de qui elle parlait !

MONTEZ ! [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant