« Give your tears, to the tide... »
Samedi 19 janvier 2013 – Londres
- Tout va bien Ellie ? Je te sens tendue. Fit la voix grave d'Harry.
La jeune femme déglutit difficilement. Il y avait plusieurs raison. La principale était la proximité du corps du brun. Il avait refusé que la jeune femme s'installe à côté de lui sur son fauteuil, l'attirant sur ses genoux. Sa tête était délicatement déposée contre sa poitrine, son oreille collée à son sternum, ses boucles soyeuses chatouillant la peau de sa gorge. Elle sentait les aspérités de ses doigts sous sa chemise, juste au-dessus de son jean, dessinant des cercles à la surface de son épiderme qui fourmillait à son contact. Ses prunelles d'un vert éclatant avaient quitté l'écran de télévision, et cherchaient celles d'Ellie.
La jeune femme soupira, avant de secouer la tête.
- Tu... Tu ne regrettes pas... Commença Harry, la voix brisée.
- Non, le coupa soudainement Ellie, craignant qu'il ne pense qu'elle ne veuille revenir sur sa décision d'être avec lui. Je... J'ai juste... Hésita-t-elle quelques secondes.
Elle releva son regard gêné et le planta les iris émeraude qui la considéraient, remplies d'interrogations.
- Je n'ai jamais fait ça avant. Conclut-elle d'une petite voix. Je n'ai jamais été aussi proche de quelqu'un.
La main droite de Harry quitta sa hanche quelques secondes pour frôler sa joue en feu du bout de ses doigts. Il plongea dans le regard gris d'Ellie, les comissures de ses lèvres frémirent avant de s'étirer en un sourire timide.
- Moi non plus. Jamais comme ça.
- Ca ne te fait pas peur ? Interrogea-t-elle, caressant avec douceur les mèches de cheveux à la naissance de la nuque du jeune homme.
- Pas vraiment, répondit-il après quelques secondes de silence, en haussant les épaules. Je n'ai jamais peur quand je suis avec toi.
Ellie eut à peine le temps de se sentir fondre que les lèvres charnues du jeune homme avaient déjà trouvé les siennes. Et à cet instant précis, elle était sûre que son coeur battait uniquement pour lui.
Mercredi 14 janvier 2015 – Londres
Harry s'était arrêté de pleurer depuis une bonne vingtaine de minutes déjà, et tout ce qu'Ellie distingait était son souffle chaud qui s'écrasait contre ses clavicules, et sa cage thoracique qui s'élevait à intervalles réguliers contre son coeur. Ellie n'avait pas eu besoin de baisser la tête et de vérifier que ses paupières étaient closes pour comprendre que le jeune anglais s'était endormi, ses bras filiformes toujours enroulés autour de la taille de la jeune femme, leur étreinte un peu plus lâche que plus tôt. Elle le connaissait par coeur.
Harry s'était arrêté de pleurer, mais Ellie, elle, peinait à faire taire les sanglots qui la faisaient trembler toute entière. Elle tentait de couper volontairement son propre souffle pour s'empêcher d'éclater et de réveiller le brun, mais sans succès. Les halètements hachés franchissaient la barrière de ses lèvres par moments, les torrents de larmes qui s'étaient accumulés derrière ses paupières dévalaient désormais silencieusement ses joues, pour se mourir dans le creux de son cou. Elle sentait brûler au plus profond de son être la fin de leur histoire.
Elle entendit une clé tourner dans la serrure de la porte d'entrée, qui s'ouvrit quelques secondes plus tard sur Zayn, qui était revenu avec un sac à dos accrochés à ses épaules, un petit cabas dans sa main. Il referma silencieusement la porte blindée derrière lui, et s'immobilisa dans l'entrée lorsque ses prunelles ambrées rencontrèrent le regard mouillé d'Ellie. Elles scrutèrent le clair-obscur de la pièce, et s'adoucirent à la vue des corps emmêlés des deux jeunes adultes. La jeune femme observa Zayn s'avancer à pas feutrés, puis s'agenouiller sur le tapis à franges, juste devant eux. Il inspira profondément, et observa le visage apaisé de Harry, avant de tourner ses orbes brillants vers Ellie.