(faites attention aux dates :) x)
Dimanche 18 octobre 2014
Le souffle chaud de la respiration de Camille contre son cou, les ronflements réguliers de son père endormi sur une chaise inconfortable près de la fenêtre, le regard bienveillant de sa mère qui ne la quittait pas des yeux, Ellie aurait presque pu croire qu’elle était de retour chez elle, à Brighton, au milieu des siens. A l’exception que la fillette de 8 ans qu’elle avait laissé derrière elle était devenue une jolie pré-adolescente de 11 ans, gagnant quelques centimètres, et de la maturité au passage. La jeune femme serra sa petite sœur inanimée un peu plus contre elle, et lui embrassa le front, en fermant les yeux à son contact. Elle laissa ses doigts ses balader au gré des ondulations brunes de l’interminable chevelure de sa sœur, et cala sa respiration sur les battements réguliers de son cœur. Comment avait-elle pu oublier d’avoir vu sa petite sœur grandir ?
Elle leva ses prunelles grises vers sa mère, qui l’observait intensément.
- Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ? S’enquit Ellie en esquissant un sourire. Je ne vais pas m’enfuir, tu sais…
- Quelque chose a changé dans tes yeux. J’ai l’impression d’avoir retrouvé ma petite fille.
- Pourquoi est-ce que tu dis ça ? Quelque chose n’allait pas avant…
- Non chérie, tout allait bien… C’est juste que… Tu vivais toujours à la maison quand tu étudiais à Brighton. Même quand tu as commencé à voir Harry, tu faisais toujours en sorte de ne jamais rester plus de deux nuits hors de la maison, hésita Norah après quelques minutes de silence. Et puis quand c’est devenu plus sérieux, tu étais de moins en moins à la maison. Puis tu as déménagé cet été, pour les études… Et disons que ça n’a pas été facile…
- Maman…
- Non Ellie, je sais… C’est juste toujours un peu dur de voir ses enfants grandir. De les voir progressivement prendre leur envol…
Ellie attrapa la main de de sa mère en percevant l’émotion faire trembler sa voix d’habitude assurée.
- Je t’aime maman. Je t’aime, pour toujours.
- Je t’aime aussi Ellie, bien plus que tout au monde.
La jeune femme baissa le regard et fixa leurs deux mains enlacées.
- J’ai peur maman. J’ai tellement peur.
- De quoi chérie ?
- De tout, littéralement. J’ai peur de sortir de cet hôpital, et de constater à quel point les choses ont changé. A quel point le monde a avancé sans moi… J’ai vu le psychiatre hier, tu sais, et il m’a dit que la meilleure chose pour moi était de reprendre ma vie là où je l’avais laissée, que même si je ne recouvrais jamais la mémoire, c’était la meilleure solution pour retrouver ma stabilité.
- Je pense qu’il a raison.
- Mais comment veux-tu que je me remette en route alors que je n’ai aucun souvenir des personnes qui m’entourent ? Que je n’ai pas la moindre idée sur ce qu’il s’est passé ces trois dernières années ? C’est comme si tu demandais à quelqu’un qui a perdu sa jambe de marcher au même rythme que les autres ? Je… je ne connais pas Harry, je ne peux pas… retourner vivre avec lui comme ça, pas maintenant, je suis trop…
- Ellie. Regarde-moi s’il te plait.
La jeune femme ravala l’amertume qui lui brûlait la gorge et plongea dans les iris noisette qui avaient veillé sur elle toute sa vie.
