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Dimanche 26 octobre 2014

Le brouhaha incessant, les voyageurs pressés, le raclement des valises sur le sol brillant, la danse chaotique des allées et venues des hôtesses, des pilotes, rien dans ce hall d’aéroport n’arrivait à couvrir le vacarme des pensées emmêlées d’Ellie. Assise sur un siège en plastique inconfortable, ses prunelles anthracite restaient fixées sur le brun élancé accoudé au poste d’enregistrement. Son garde du corps était resté en retrait, quelques mètres derrière lui, et veillait à ce que personne ne s’approche de trop près. Ellie se redressa sur son siège lorsqu’elle vit qu’Harry marchait dans sa direction, passeport et carte d’embarquement en mains. Comme à chaque fois, elle se retrouvait le souffle coupé par sa beauté, si intrigante. C’était le genre de beauté dont on ne se lassait pas, le genre de personne qui brillait toujours plus fort à chaque fois que nos yeux se posent sur elle. La jeune femme le trouvait adorable, son bonnet gris couvrant ses boucles chocolat, son sweat bleu marine qui laissait entrevoir ses clavicules et une partie des oiseaux à l’encre noire qui ornaient le haut de ses pectoraux. Même son jean noir déchiré de toutes parts, et ses bottes défraichies n’enlevaient rien à son éclat. Si seulement sa perfection se contentait d’être physique, s’était-elle dit alors qu’il s’asseyait à côté d’elle. Harry était généreux, altruiste, brillant, bien plus que les étoiles qui peuplaient le ciel lorsque le soleil tombait derrière l’horizon. La douceur dans chacun de ses mots, l’attention qu’il lui portait, la façon dont il la traitait, avec précaution, comme si elle était le diamant le plus précieux au monde et qu’il avait peur qu’elle se brise comme du cristal, sa bienveillance, la désarçonnaient au plus haut point. Elle se demandait souvent ce qu’elle avait pu bien faire dans sa vie pour mériter quelqu’un comme lui à ses côtés.

-         A quoi tu penses ? L’entendit-elle lui demander.

-         A toi.

Ellie prit conscience des mots que ses lèvres avaient laissé sortir lorsque le regard émeraude d’Harry croisa le sien. Rempli d’intensité, mais intrigué, comme s’il pensait avoir mal entendu.

-         Je veux dire… se reprit-elle en se raclant la gorge, je… ça va être vide à l’appartement sans toi.

-         Victoria sera là demain.

-         Oui, soupira Ellie, l’estomac noué en pensant à son retour à l’université qu’elle avait prévu le lendemain.

-         Ellie… Tu sais que tu n’es pas obligée d’y retourner demain… commença Harry devinant le malaise derrière les gestes de la jeune femme. Les vacances commencent vendredi soir, tu pourrais tout autant y retourner après.

-         Je ne peux pas repousser éternellement l’échéance… La plus tôt sera le mieux.

Ellie sentit ses joues rosir lorsque la main d’Harry pressa affectueusement sa cuisse. Depuis qu’il l’avait embrassée par surprise et s’était ouvert sur les sentiments qu’il éprouvait à son égard, Ellie acceptait mieux sa proximité. Son contact ne l’effrayait plus autant, au contraire, il l’apaisait, à la manière du bruit reposant de la pluie au milieu de l’été.

Une annonce sonore retentit dans le hall bondé de l’aéroport de Londres-Heathrow, appelant les passagers du vol pour Los Angeles, celui d’Harry. Les deux jeunes adultes se redressèrent, et marchèrent dans un silence solennel jusque la porte d’embarquement. Ellie se sentit ridicule, parce qu’elle sentait déjà le manque s’infiltrer dans ses veines, diffuser dans chacune de ses artères, dans chacun de ses capillaires, comme un poison mortel, prêt à couper sa respiration. Elle inspira profondément, tenta d’esquisser un sourire à Harry qui la regardait déjà, qui se transforma en grimace.

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