Partie 4 - Reconnaissance.

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Deux jours plus tard.

« Perte de mémoire ?

— Oui, M. Tranchant. Il s'est réveillé comme ça, sans souvenirs. Il vous a dit quelque chose d'étrange la dernière fois que vous êtes venu le voir ? »

Il réfléchit intensivement à ce que venait de lui dire le docteur qui s'occupait d'Aurélien. Une perte de mémoire totale. Le pauvre garçon ne savait plus comment il s'appelait auparavant quand il s'était réveillé après son coma.

« Et... c'est réversible ? Je veux dire... est-ce que ses souvenirs vont lui revenir un jour ?

— On ne sait pas encore. Et on peut pas trop l'aider, n'ayant aucun contact avec sa famille. Tout ce que l'on sait de lui à la limite, c'est son ancienne adresse. Je dis ancienne parce qu'avec l'incendie, l'immeuble doit être inhabitable à présent...

— Vous avez... les clés ? De chez lui ?

— Mm... Oui, je crois que la secrétaire les a. Mais M. Tranchant, j'ai cru comprendre que c'était le cœur de votre petite amie qu'on lui avait greffé, c'est bien ça ? Vous n'avez aucun autre lien avec M. Cotentin, lui dit le docteur d'un air soucieux et il sentit son cœur rater un battement en l'entendant lui dire le nom de famille de ce dernier. Est-ce que c'est à cause de cette greffe que vous vous faites autant de souci pour lui ?

— Je... Non... Enfin... Je crois pas. J'ai juste... J'ai envie de l'aider... comme un ami. Est-ce que c'est interdit ? Il n'a personne d'autre en plus, non ?

— C'est vrai...

— Alors... laissez-moi lui venir en aide, s'il vous plaît. Je l'aiderai à retrouver ses souvenirs et même sa famille, ses amis... Ce n'est pas votre rôle et vous n'avez pas de temps à perdre avec ça. Le docteur de Chloé me l'a assez bien expliqué la dernière fois. Juste... ne lui dites pas qui je suis vraiment. Je n'ai pas envie qu'il s'imagine des choses.

— Des choses ? Comme quoi, M. Tranchant ?

— Des choses comme celles que vous imaginez vous. Que c'est parce que le cœur de ma copine est à présent à l'intérieur de lui que je m'intéresse à lui.

— Et ce n'est pas le cas ?

— Je ne sais pas. Peut-être. Mais ça risque de lui faire de la peine. Et de ruiner un quelconque début d'amitié entre nous. Alors ne lui dites pas. S'il vous plaît. »

Le docteur le regarda d'un air incertain et il se joignit les mains sous le bureau dans une prière silencieuse alors qu'il implorait le docteur du regard. S'il vous plaît. Ne ruinez pas tout. Je ne suis pas revenu ici pour rien.

« Très bien. D'accord. Je ne lui dirais rien à propos de vous. Mais il saura pourquoi il a été hospitalisé. Il le sait déjà d'ailleurs. Comme pour sa perte de mémoire.

— Merci docteur. Et pour les clés de chez lui ?

— Nous les lui rendrons dans quelques jours lorsqu'il sortira.

— Vous ne pouvez pas me les donner à moi ? demanda-t-il innocemment et le docteur lui jeta un regard méfiant à ça.

— Non, seulement la famille peut avoir accès aux affaires personnelles du patient hormis lui.

— Je vois... Très bien alors. Merci pour tout, je vais aller le voir maintenant. »

Le docteur hocha la tête sans jamais le lâcher du regard et il s'en alla, la gorge nouée. Il ne savait pas pourquoi il avait demandé tout ça à ce dernier mais il se rappela que lorsqu'il s'était réveillé ce matin, il avait décidé de revenir voir Aurélien à l'hôpital et de lui proposer de l'aider le temps qu'il en aurait besoin s'il avait personne d'autre. Il ne savait pas si c'était le fait en effet que le cœur de sa copine – le seul organe dont il était au courant de son receveur tant il avait été obnubilé par ce dernier – était à l'intérieur de ce garçon, mais il ne voulait pas y penser. C'était la seule chose qu'il lui restait d'elle, c'était vrai, mais ce garçon l'avait aussi intéressé dès la première fois que son regard s'était posé sur lui. Sa peau si blanche et ses longs cils noir par-dessus des paupières closes qui menaçaient de ne plus jamais s'ouvrir. Il voulait en apprendre plus sur Aurélien, lui venir en aide et rester en contact avec lui. Tant pis si pour ça il lui faudrait lui cacher l'entière vérité. Il n'avait pas envie de risquer de le perdre.

***

« Excuse-moi. Quand tu es venu la dernière fois... je ne savais pas encore pour mes souvenirs. Le médecin m'a fait faire les tests après ton départ. »

Il écoutait Aurélien s'excuser auprès de lui sans savoir que dire. Que pouvait-il répondre à ça sans dévoiler sa couverture ? Sans lui dire qu'il était déjà au courant car il était allé parler à son médecin ?

« C'est pour ça que je ne me souviens pas de toi. Tu m'en veux, Guillaume ? »

Aurélien lui lança un regard larmoyant qui fit rater un battement à son cœur devant le désespoir qu'il put lire à l'intérieur et il secoua vite la tête pour le rassurer.

« Bien sûr que non, Aurél... Je ne t'en veux pas le moins du monde. C'est même pas de ta faute. »

Ce dernier lui lança un regard encore plus larmoyant à ça et quand il le vit sur le point de s'effondrer en sanglots, il l'attira dans ses bras alors que ce qu'il venait de dire résonnait en lui : Aurél. Ça avait paru tellement naturel. Ça paraissait normal, et dorénavant il décida de toujours l'appeler ainsi.

« Je suis désolé...! Je ne sais même pas qui tu es pour moi...! C'est horrible ! sanglota Aurélien dans ses bras et il sentit les larmes lui monter aux yeux en l'entendant dire ça d'un air si désespéré.

— Un ami... Un simple ami... C'est rien, Aurél. Tout va bien. Je te promets. »

Aurélien continua à pleurer contre lui et il ferma les yeux, soupirant doucement. Qu'est-ce qu'il pouvait dire d'autre ? À part essayer de le rassurer et le réconforter ? Il avait promis à présent.

Fiction OrelxGringe - Ma renaissance. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant