Partie 2 - Le docteur.

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Cinq jours plus tard.

« M. Tranchant ? Mais qu'est-ce que vous faites là ? Vous vouliez me parler ? »

Il ferma les yeux en entendant le docteur qui s'était occupé de Chloé durant tout son séjour à l'hôpital l'appeler ainsi dans le couloir alors qu'il marchait en direction de la chambre d'Aurélien. Trois jours plus tôt, il avait enterré Chloé, comme elle avait toujours voulu être enterrée selon sa famille et surtout selon ses parents. Ça ne faisait que deux ans qu'ils étaient ensemble alors il ne savait pas vraiment ce qu'étaient ses choix à ce niveau-là. Ils n'en avaient jamais parlé. Pas très glamour en même temps quand vous ne sortez pas depuis longtemps avec quelqu'un. Il savait qu'elle croyait en Dieu, mais comme elle n'était pas pratiquante, il avait douté. Voilà pourquoi il avait appelé ses parents et en avait profité ainsi pour leur dire la nouvelle. Il les avaient prévenus bien sur dès le moment où elle était entrée dans cet hôpital après son accident de ski, une fois que lui-même ait été mis au courant, mais ils avaient gardé espoir de la voir rouvrir les yeux. Mais le verdict des médecins avait été formel : il n'y avait plus rien à faire et sa copine allait mourir d'elle-même alors qu'elle était plongée dans son coma. L'enterrement avait été un moment compliqué à passer, surtout par rapport au fait que toute la famille proche de Chloé était présente. Beaucoup de gens qu'il n'avait jamais rencontré auparavant. Il lui en avait voulu à ce moment-là d'avoir préféré garder leur relation secrète si longtemps, l'appelant mon petit secret que personne n'a à connaître dans ma famille, faisant ainsi que la première fois qu'il rencontrait sa famille était aussi la dernière fois qu'il les rencontrait tout court. Il ne savait toujours pas si c'était qu'elle avait honte de lui, comme il l'imaginait souvent, ou bien si c'était comme elle le lui répondait à chaque fois qu'il demandait parce que mes parents sont des vrais cons. Et le reste de ma famille pareil. Ils ne lui avaient pas semblé si cons que ça lorsqu'il les avait rencontrés même s'il avait bien vu qu'ils semblaient bien différents. Et alors ? J'aurais fait des efforts, eux aussi, et ça aurait marché. On se serait supporté quand même. C'est ça être civilisé. Mais ça ne servait plus à rien de penser à ça maintenant. C'était trop tard, et quand ils s'étaient dit au revoir après l'enterrement, déjà certain qu'ils ne se reverraient plus jamais, il avait lu dans les yeux de la mère de Chloé qu'elle était déçue de ne pas l'avoir rencontré plus tôt et que maintenant c'était trop tard.

« M. Tranchant ? l'appela de nouveau le docteur dans son dos et il se rappela soudain de sa présence.

— Ah, oui... Docteur... dit-il en se retournant et il vit ce dernier hausser un sourcil d'un air suspicieux, semblant attendre une réponse de sa part. Euh... oui... Je voulais... En réalité, je voulais voir Aurélien.

— Aurélien ? Le patient qui a hérité du cœur de votre copine ?

Ex-copine... ne put-il pas s'empêcher de rectifier avant de se mordre fortement l'intérieur de la bouche en entendant ce qu'il avait dit. Enfin... lui, oui. Est-ce que... Est-ce qu'il va bien ? L'opération s'est bien passée ?

— Pourquoi vous demandez ? Vous vous inquiétez pour le cœur de votre copine ou bien pour lui ?

— Les... Les deux...? bafouilla-t-il, gêné de la question du docteur. Je n'ai pas le droit de prendre de ses nouvelles ?

— Mm... Si, je suppose. En plus vous seriez bien le seul à le faire donc bon, c'est plutôt bien.

— Comment ça ? s'étonna-t-il, surpris d'entendre le docteur lui dire ça.

— Le pauvre garçon, depuis qu'il est ici, n'a reçu aucune visite. Aucun appel demandant après lui. Je me dis que soit personne n'est au courant... soit il n'a réellement personne.

— Vraiment ?

— Oui, c'est assez triste. Ça fait quand même trois semaines qu'il est chez nous.

— Mais... vous n'avez pas essayé de contacter sa famille ? Normalement c'est ce que vous faites, non ? Moi, pour Chloé, j'ai été appelé. Ses parents aussi.

— Ce n'est pas nous, non, qui nous occupons de ça. Ce sont les ambulanciers ou bien les secrétaires à l'accueil. Vous vous doutez bien qu'avec le nombre d'entrées et de sorties, on n'a pas le temps pour ça. Donc si personne ne s'est présenté pour lui... c'est que personne n'a été retrouvé.

— Je vois... Et... est-ce que je peux demander ce qu'il s'est passé pour qu'il arrive ici ?

— Un incendie dans son immeuble. Les pompiers ont donné l'adresse à la secrétaire en nous l'amenant. Comme il a une insuffisance cardiaque, il a pas dû supporter la fumée. Pas assez longtemps en tout cas, car il était déjà inconscient apparemment quand les pompiers l'ont trouvé. C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, on va dire.

— Mais maintenant... il va bien ? Je veux dire... avec la transplantation... la greffe de cœur...

— Maintenant, il va mieux en effet. On l'a sorti du coma dans lequel on l'avait plongé en attendant de trouver un donneur. On l'avait endormi parce qu'il avait beaucoup trop de mal à respirer quand il est revenu à lui. Il aurait pu y passer. D'autres questions ?

— Je peux... aller le voir ?

— Vous étiez venu pour ça ? lui demanda d'un air suspicieux le médecin et il hocha la tête d'un air embarrassé. D'accord. Je ne vois pas pourquoi je vous l'interdirais. Il doit dormir encore, vu qu'il dormait quand je suis passé le voir il y a vingt minutes. Ne le réveillez surtout pas, hein. Il est encore épuisé. Je peux vous faire confiance ?

— O-Oui. Bien sûr, docteur. Je vous promets de ne pas faire de bruits. »

Le docteur hocha la tête et il le suivit un instant des yeux quand celui-ci tourna les talons. Il fit donc la même chose et se dirigea vers la chambre de l'autre garçon que la secrétaire lui avait indiquée quand il avait demandé après lui. Il avait le cœur qui battait la chamade à l'intérieur de lui à l'idée de le revoir. C'était trop bizarre.

Fiction OrelxGringe - Ma renaissance. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant