Fiction OrelxGringe - Ma renaissance.

Partie 16 - La colocataire.

Deux jours plus tard.

Aurélien. Il était en train de penser à lui et plus particulièrement au matin-même où il s'était réveillé avec le plus jeune blotti contre lui, sa tête quasiment sur son épaule et ses cheveux longs frôlant son cou, le chatouillant. La chaleur qu'il avait alors sentie grandir dans sa poitrine l'avait pratiquement fait suffoquer devant cette sensation soudaine et il s'était aussitôt levé du lit pour s'éloigner de lui. Les premiers jours où il avait accepté de dormir avec lui dans son lit après qu'Aurélien le lui ait proposé, il avait fait bien attention de mettre une distance de sécurité entre eux deux, se tournant même dos à lui pendant qu'ils dormaient, puis il avait fait en sorte de toujours se lever avant qu'Aurélien ne le fasse... Il avait aussi pris l'habitude de prendre sa douche en attendant qu'il se réveille à son tour, espérant que le bruit le réveillerait, ce que ce dernier faisait presque toujours, et dans le cas où ça ne le réveillait pas, il allait préparer le petit-déjeuner en attendant que le plus jeune se lève à son tour... Mais ce matin, ça avait été différent. Il était resté là, allongé sur son côté du lit, à observer le plus jeune dormir. Ce qu'il ne s'était jamais autorisé auparavant. Par peur ? Par timidité ? Par gêne ? Il ne savait pas, mais ce matin lui avait paru comme un moment suspendu dans le temps. Comme si les aiguilles de ce dernier s'étaient arrêtées de tourner rien que pour lui, pour qu'il puisse profiter de la vision qui s'offrait à lui. Il avait ainsi pu contempler à loisir le visage si doux d'Aurélien, celui-ci lui semblant tant apaisé qu'il en avait sourit de tendresse. Et pour la vingtième fois au moins depuis que ce dernier était venu vivre chez lui, il s'était dit qu'il était adorable et qu'il en était tombé fou amoureux.

« Ça y est, je suis prête. Ah, nos boissons sont arrivés, c'est top. »

Il sortit de ses pensées en entendant la voix féminine qui s'adressait à lui et se concentra sur la jeune femme qui était en train de s'asseoir en face de lui, revenant des toilettes où elle était partie se laver les mains. Clara. Un moment pas si agréable, ça, par rapport à celui du matin. Mais il fallait y passer.

« Alors ? Qu'est-ce que tu voulais me dire ?

— Je... Aurélien m'a dit que tu étais passée à l'appart avant-hier ?

— Aurélien ? C'est le nom du garçon qui m'a ouvert quand je suis venue ? demanda Clara d'un air confus et il hocha la tête. J'ai été étonnée de le voir d'ailleurs. C'est qui ? Ton coloc ?

— On... peut dire ça, oui... bredouilla-t-il et Clara lui lança un regard méfiant avant de hausser les épaules.

— Je croyais que Chloé et toi aviez comme projet d'emménager ensemble ? Vous avez changé d'avis ?

— Je... Non, c'est pas ça... balbutia-t-il, se demandant comment lui dire la vérité, cette dernière faisant aussi mal.

— Tu sais, je la connaissais pas trop ta copine, comme toi d'ailleurs... Mais ça fait plusieurs semaines qu'elle est pas rentrée à la coloc alors je m'inquiète, normal, tu vois... Surtout si elle est pas chez toi non plus.

— Je sais, elle... elle est partie... commença-t-il, se demandant comment finir cette phrase et essayant de puiser au fond de lui le courage dont il avait besoin pour annoncer la nouvelle à sa colocataire.

— Partie ? Où ça ? Vous avez rompu, vous êtes plus ensemble ?

— Euh, je... Non... Elle est... Elle est partie... partie aux... aux Maldives.

— Quoi ? »

Il ferma les yeux en entendant ce qu'il venait de dire. Aux Maldives. C'était littéralement plus fort que lui. Il n'arrivait pas à parler de la mort de Chloé. C'était trop douloureux. Et puis cette Clara... elles n'étaient pas si potes que ça, non ? Elles n'avaient pas l'air très proches, en tout cas c'est l'impression qu'elle lui donnait. Puis Chloé ne lui en avait quasiment jamais parlé, si ce n'était pour se plaindre. Alors pourquoi lui gâcher la journée pour rien ? décida-t-il.

« Oui, elle est partie faire de l'humanitaire là-bas. J'ai cru que ça lui avait pris comme ça, mais apparemment c'était un projet qu'elle mûrissait depuis longtemps. Et comme je n'avais pas envie de l'y suivre... on a décidé de rompre. On est restés en bons termes, mais... voilà... on n'est plus ensemble. D'où le fait que c'est mon nouveau coloc qui t'a ouvert y'a deux jours et pas elle. »

Clara le regardait d'un air suspicieux, ayant de toute évidence du mal à le croire, avant qu'il ne la voit soupirer :

« Aux Maldives, donc. Pour longtemps je présume ? Si vous avez préféré rompre que vous attendre.

— Ouhla oui. C'est une mission d'un an, mais elle m'a dit qu'elle aimerait bien rester y vivre après. Puis moi, le soleil... C'est pas trop mon truc, tout ça...

— Je vois. Donc t'es célibataire maintenant ?

— Euh... Oui, pourquoi ? demanda-t-il d'un air méfiant, ne sachant pas ce qu'elle avait en tête, et Clara exhala un petit rire avant de finir d'une traite la bière qu'elle avait commandée.

— Pour rien. Enfin, pas tout de suite quoi. Tu sais bien que je t'ai toujours trouvé mignon, non ? Mais ce serait précipité. Et du coup, les photos ? Est-ce que tu veux que je te les donne ou pas ? Ça va peut-être remuer le couteau dans la plaie ?

— Je... Euh... Quelles photos...? bafouilla-t-il, grandement déboussolé par la déclaration inconvenante de la jeune femme face à lui.

— Celles que j'étais venue apporter à Chloé avant-hier. Elle a dû les commander avant de partir en voyage. Bizarre d'ailleurs. Peut-être un cadeau d'adieu un peu macabre ?

— Des photos de... nous deux?

— Oui, toi et elle. Tu les veux quand même ? lui demanda Clara en haussant les sourcils et il hocha la tête alors elle sortit un grand album de son tote-bag qu'elle déposa devant lui. Ok. Et pour ses affaires, je fais comment ? Y a pas grand chose qui lui appartient dans l'appart mais quand même. Y'a sa chambre à vider.

— Je... Je sais pas. Si tu veux... Je peux passer t'aider à tout ranger ? proposa-t-il et les yeux de Clara s'illuminèrent à ça, semblant apprécier l'idée. Je trierai entre les choses à jeter et les choses à ramener à ses parents...

— Rassure-moi, ils sont au courant eux qu'elle est partie à l'autre bout du monde, eux, quand même ? Parce que là... ça fait un peu voleuse de partir sans rien dire et en tout laissant derrière elle.

— Euh, oui, oui, bien sûr. Mais c'est vrai que ça s'est un peu fait au dernier moment, en quelques jours même pas, continua-t-il de creuser son mensonge, espérant qu'elle le croyait.

— Ok. Très bien. On fait ça alors. Je dois vraiment y aller par contre alors à bientôt, Guillaume. Je te laisse mon numéro comme ça on s'organise une journée rangement. À plus ! »

Il regarda Clara écrire son numéro sur la petite serviette qu'on lui avait amenée avec sa bière, puis celle-ci se pencha vers lui pour l'embrasser rapidement sur la joue avant de s'en aller. Il n'eut pas le temps de réagir et déjà, elle était partie. Quelle tempête. Il se prit alors à penser à Chloé qui était si calme à côté d'elle. Et encore plus Aurélien, qui lui était la tranquillité même. Si sage. Il se sentait apaisé à ses côtés. Il pensa alors à quel point il avait envie de le voir à ce moment précis, afin d'oublier tout cet épisode avec Clara à ses côtés, et il se leva en prenant l'album photo sur la table. Il n'osait même pas regarder à l'intérieur, parce qu'il savait qu'il risquait de pleurer. C'était encore trop frais. Alors il allait ranger cet album dans sa chambre et l'oublier pendant quelques semaines encore.