Partie 6 - L'appartement.

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« Vas-y entre, sois pas timide. »

Il dit ça en rigolant en se tournant vers Aurélien mais au vu de l'expression sur son visage, celui-ci était au moins tout autant stressé que lui. Il sentait une torsion dans son bas-ventre à l'idée que le plus jeune allait à présent entrer dans son intimité à lui. Son appartement. L'appartement qu'il avait partagé avec Chloé, aussi, mais pas vécu. Celle-ci avait trop besoin de son indépendance pour habiter aussi tôt dans leur relation avec lui. Et s'ils l'avaient fait, ils auraient sûrement pris un appartement à deux au lieu d'emménager dans le sien, celui-ci étant un peu trop petit pour une vie de couple à ses yeux. Aurélien lui offrit un petit sourire embarrassé et entra dans l'appartement à sa suite, le laissant refermer la porte derrière lui. Il l'entraîna ensuite jusqu'au salon où il lui dit qu'il pouvait poser ses affaires sur la table basse – un simple sac en papier contenant une ventoline que lui avait prescrite au cas-où le docteur ainsi qu'une pommade pour apaiser la petite cicatrice à présent par-dessus son cœur et qu'ils étaient allés chercher à la pharmacie en sortant de l'hôpital –, Aurélien portant sur lui les seules affaires qu'il possédait quand il était entré à l'hôpital.

« Assis-toi, je vais te chercher à boire, d'accord ? » lui dit-il et Aurélien hocha la tête doucement avant de lui offrir un petit sourire.

Ce dernier semblait un peu inquiet malgré le fait qu'il fasse tout pour le mettre à l'aise alors il en fit sa mission première de le rassurer. Il remplit deux verres d'Ice Tea dans la cuisine et avant de le rejoindre, il fit un détour par sa chambre où il prit un carnet un peu brûlé ainsi qu'une photo. C'était deux des objets que la concierge lui avait donnés quand il était venu voir l'appartement d'Aurélien à la recherche d'affaires à lui pour sa sortie de l'hôpital, celle-ci lui disant que tout le reste avait brûlé et qu'elle avait mis ce qu'elle avait trouvé d'intact dans une petite boîte pour la lui donner à son retour. Là encore, il s'était présenté comme son petit-ami et la vieille dame lui avait donné la boîte à chaussures renfermant les affaires personnelles d'Aurélien. Là aussi, il avait eu honte.

« Tiens, j'espère que tu aimes, dit-il en entrant dans le salon, tendant l'un des deux verres à Aurélien, et celui-ci lui sourit doucement.

— Merci. Je suppose. »

Aurélien prit une gorgée de la boisson avant de hocher la tête et de lui sourire et il s'assit à côté de lui sur son canapé.

« Et... ça ? Qu'est-ce que c'est ? lui demanda Aurélien en jetant un petit coup d'œil curieux au carnet qu'il avait posé sur la table devant eux en s'asseyant à ses côtés.

— Ah c'est... ton carnet de santé. Je suis allé le chercher chez toi.

— Chez moi ? Mais... tu as les clés de chez moi...? »

Quand Aurélien lui demanda ça d'un air surpris, il sut qu'il avait encore une fois parlé avant de réfléchir. Quel con. Vite, il lui fallait inventer une excuse maintenant.

« Je... O-Oui...? bafouilla-t-il, ne sachant pas quoi répondre d'autres et ne pouvant décemment pas dire à Aurélien qu'il s'en était servies avant de les lui rendre tout à l'heure en sortant de sa chambre d'hôpital au cas où le docteur vérifiait qu'il les avait bien avant de partir. Mais je n'ai pas pu entrer, c'était condamné. C'est la concierge de l'immeuble qui me l'a donné. Elle l'a trouvé parmi d'autres objets. »

Le plus jeune lui lança un regard un peu confus avant de hocher la tête et de baisser les yeux sur le carnet qu'il avait déjà parcouru lui :

« Tu vois, y'a ta date de naissance ici.

— Mm... hocha la tête Aurélien avant de lire. 1982. Ce qui me fait... vingt-huit ans. C'est ça ? lui demanda-t-il et il hocha la tête. Et toi, Guillaume ? Tu as quel âge ?

— Trente. J'en ai trente. Trente-et-un le 20 d'ailleurs.

— Le 20...? Le 20 de quoi ?

— Le 20 de ce mois-ci. En février. » expliqua-t-il et Aurélien hocha la tête avant de baisser de nouveau cette dernière en direction du carnet.

Il eut à peine le temps de voir passer une lueur de tristesse dans ses prunelles sombres et il se demanda à quoi celle-ci était due. Aurélien lut la première page attentivement avant de soupirer tristement :

« Donc... j'ai cette maladie depuis que je suis né. Je ne comprends pas pourquoi je n'ai pas été opéré avant.

— Peut-être... que c'est trop dangereux comme opération à tenter sur un enfant ? Et qu'après... tu as appris à vivre avec ?

— Tu crois ? lui demanda Aurélien et comme il hésitait sur quoi répondre, il vit son regard dévier sur la petite photo sur la table basse. Et ça, c'est quoi ?

— Oh, c'est une photo qu'elle m'a donnée avec le carnet. C'est tes grands-parents, non ? »

Il prit la photo pour la tendre à Aurélien et celui-ci s'en empara après avoir posé le carnet devant lui, avec énormément de délicatesse comme s'il avait peur de la froisser. Lorsque leurs doigts se frôlèrent, il sentit un courant électrique le parcourir. Aurélien dut le sentir de même car il le vit lui lancer un petit regard hésitant, mais celui-ci ne dit rien.

« Peut...être...? À toi de me le dire. »

Il lança un regard attristé au plus jeune en l'entendant répondre ça, puis celui-ci reposa la photo par-dessus le carnet sur la table basse devant lui :

« Je suis désolé, Guillaume, mais... je suis un peu fatigué. Est-ce que je pourrais me reposer un peu quelque part ? Sans que ça ne te dérange ?

— Euh oui bien sûr... Tu peux... Tu peux aller dans la chambre.

— La chambre ? le questionna Aurélien en fronçant les sourcils et il déglutit avant de se lever et de lui faire signe de le suivre.

— Tu peux te reposer là. C'est aussi là que tu dormiras ce soir. Enfin, si ça te va.

— Mais c'est... ta chambre, non ?

— Oui, mais c'est pas grave. Je dormirais dans le canapé, moi. Il est moins confortable alors je préfère y dormir moi que toi. En plus ta peluche est déjà là, tu vois, sur le lit ? »

Aurélien jeta un regard inquiet à la peluche en effet sur le lit, posée bien en évidence sur un des oreillers, avant de se tourner de nouveau vers lui :

« C'est la mienne ?

— Euh... Oui... Je... Allez, repose-toi bien, Aurél. À toute. »

Il tourna les talons, les joues rouges d'en avoir encore une fois trop dit et pas assez en même temps. Il n'arrivait plus à savoir ce qu'il lui fallait dire ou pas. Aurélien devait se poser pas mal de questions déjà et lui ne faisait vraiment rien pour l'aider. Quelle idée il avait eue de déballer ses affaires ainsi, même s'il avait pensé que ça l'aiderait à se sentir plus à la maison. Plus en sécurité. Dans un endroit qui lui semblerait familier. Il était décidément trop bête.

Fiction OrelxGringe - Ma renaissance. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant