Partie 10 - La cicatrice.

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Quelques jours plus tard.

« Aurél, t'as fini ? Je peux prendre ma dou- ? »

Il se stoppa net dans sa lancée en entrant dans sa chambre quand il aperçut le plus jeune assis sur son lit, torse nu et un miroir dans les mains. Aurélien était parti se doucher près de quinze minutes plus tôt et il lui avait dit qu'il irait après lui. Alors quand il ne l'avait pas entendu sortir de sa chambre après le temps imparti, il était allé voir ce qu'il faisait et il avait décidé d'entrer pour toquer à la porte de la salle de bain en voyant la porte de sa chambre entrouverte. Il le vit sursauter violemment avant de se tourner vers lui un air franchement effrayé sur le visage et il haussa les sourcils, surpris de sa réaction.

« Dé-Désolé... Je te croyais encore dans la salle de bain... balbutia-t-il avant de se rendre compte que le plus jeune avait les larmes aux yeux. Au-Aurél ? Quelque chose ne va pas ? »

Le plus jeune resta silencieux à sa question, le regardant d'un air larmoyant et toujours aussi effrayé, et il céda alors à la tentation de regarder son torse découvert. Et là, il comprit ce qu'il devait être en train de regarder comme ça avant son arrivée. Aurélien avait une cicatrice à l'endroit précis où son cœur devait battre en dessous, cicatrice devant bien faire la taille de son index et même un peu plus. Elle était plus grande que ce qu'il se l'était imaginée, étant au courant, bien sûr, mais ne l'ayant jamais vue de ses yeux. Normal, pensa-t-il, vu que je ne l'ai jamais vu torse nu avant aujourd'hui. Il avait presque failli oublier qu'il en avait une, malgré le fait qu'il l'avait accompagné chercher une pommade pour apaiser la douleur éventuelle due à sa cicatrice le premier jour hors de l'hôpital avant même de rentrer chez lui. Et ça faisait à peine deux semaines qu'il venait d'être opéré alors évidemment qu'il allait encore avoir les traces d'une opération telle. Il eut envie de s'enfuir, de s'excuser, persuadé qu'Aurélien devait être gêné au plus haut point qu'il le voit ainsi et ses souvenirs de Chloé lui revenant soudainement à la simple vue de la cicatrice sur le torse du plus jeune. C'était son cœur qui battait en dessous. Mais il n'en fit rien, rassemblant toute sa volonté pour s'empêcher de fuir, et il s'approcha d'Aurélien en forçant un petit sourire sur ses lèvres pour le rassurer.

« Eh... C'est ta cicatrice qui te met dans cet état ? »

Le plus jeune releva le visage pour le dévisager d'un air inquiet et il vint s'asseoir à ses côtés dans le lit.

« Elle... est vraiment grande, murmura alors Aurélien quand il fut près de lui et il lui offrit un petit sourire désolé.

— C'est vrai... Mais elle va s'estomper avec le temps. Elle va commencer à disparaître. Tu mets bien la pommade tous les jours ?

— Oui, lui répondit Aurélien en hochant la tête doucement. Deux fois par jour. Le matin et le soir.

— C'est bien, sourit-il, attendri, avant de se dire qu'il devait essayer de trouver quelque chose pour lui faire comprendre que c'était pas grave d'avoir une cicatrice. Il faut... Il faut que tu te dises que cette cicatrice est la preuve que tu es en vie. C'est une bonne chose qu'elle soit là. Visible. Elle te rappelle que l'opération a été un succès.

— Mm... Elle me rappelle aussi que quelqu'un a donné sa vie pour moi, murmura Aurélien en baissant la tête et il se raidit en l'entendant dire ça.

— N-Non. P-Personne n'a donné sa vie pour toi. Personne ne s'est sacrifié, dit-il difficilement en pensant à Chloé, sa gorge se nouant en pensant au moment où on lui avait annoncé sa mort. La personne... dont tu as hérité le cœur... Elle était sûrement déjà morte quand les docteurs ont pris la décision de te greffer son cœur. Elle n'y est pour rien dans cette décision...

— Je sais, oui... C'est un coeur, pas un rein. On en a qu'un, lui répondit Aurélien en venant se passer rapidement une main sur le visage et il sut à ça qu'il pleurait. Mais... je ne peux m'empêcher de le voir comme ça. C'est même toi qui m'a dit que cette personne était un véritable héros, au même titre que les médecins, non ? Alors maintenant... quand je vois cette cicatrice, je ne peux m'empêcher de me demander à qui appartenait ce coeur avant de m'être transféré.

— Tu n'as pas à le savoir, dit-il peut-être un peu trop brusquement en l'entendant dire cela, le faisant paniquer aussitôt à l'idée qu'il puisse l'apprendre, et il vit Aurélien relever le visage pour lui lancer un regard surpris.

— Pardon ?

— Non, je veux dire... Ça ne sert à rien de savoir ça. Ça t'avancerait à quoi, franchement ? On s'en fiche.

— Pourquoi... Pourquoi tu t'énerves ?

— Je... Je m'énerve pas... C'est juste que... je trouve que c'est pas important de savoir. T'as un nouveau cœur qui te permet de continuer de vivre et c'est ça qui est important. Pas à qui celui-ci appartenait avant. »

Aurélien lui lança un regard inquiet devant son début d'emportement inattendu et il força un sourire sur ses lèvres, essayant de calmer son palpitant à l'intérieur de lui. Tout allait bien. Aurélien n'allait jamais rien en savoir. Il était en sécurité... N'est-ce pas ? Le plus jeune continua pourtant de le dévisager d'un air inquiet un long moment avant de baisser la tête pour se regarder de nouveau dans le miroir, un air triste sur le visage. Qui sait ce qui se passait dans son esprit à ce moment-là.

Fiction OrelxGringe - Ma renaissance. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant