Partie 1 - Le patient.

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« M. Guillaume Tranchant ? »

Il était en train d'observer le jeune homme plongé dans un profond sommeil devant lui, debout dans l'embrasure de la porte de sa chambre d'hôpital, quand il fut interrompu dans ses pensées par une voix l'appelant derrière lui. Il se retourna légèrement et aperçut le médecin qui s'était occupé de sa petite copine, Chloé, celui-ci ayant accompagnée cette dernière jusqu'à la fin.

« Docteur... dit-il dans un murmure fatigué, comme pour éviter de réveiller le garçon dans la chambre et celui-ci lui sourit doucement.

— Votre copine ne vous avait donc rien dit ? Réellement ?

— Non, je ne savais pas qu'elle avait pris cette décision... Elle ne m'en avait pas parlé... »

Le docteur ne répondit rien et il se tourna de nouveau vers le garçon profondément endormi dans la petite chambre d'hôpital. Celui-ci était plongé dans un profond coma depuis plusieurs jours, lui avaient expliqué les médecins de l'hôpital quand il avait demandé après lui.

« Ce jeune homme a besoin d'une greffe de cœur urgemment... dit prudemment le docteur et il ferma les yeux, sachant ce qu'il allait dire d'avance. Et comme votre copine a signé les papiers pour le don d'organes après sa mort... on voulait vous prévenir que c'était ce garçon qui allait hériter de son cœur. Avez-vous... quelque chose à redire là-dessus ?

— Non... Bien sûr que non... Vu que c'est son choix... »

Il sentit sa gorge se serrer à l'idée que le cœur de sa petite copine allait à présent se retrouver dans ce garçon.

« Est-ce qu'ils... se connaissaient...?

— Non, pas le moins du monde. Aurélien est arrivé il y a plusieurs semaines alors qu'on suivait votre amie depuis quelques jours à peine... Et il n'a jamais refait surface depuis qu'on l'a mis dans cet état.

— C'est vous... qui l'avait plongé dans ce coma...? bredouilla-il, soudain gêné de savoir le prénom du garçon devant lui sans trop savoir pourquoi.

— Oui, c'est un coma artificiel. Il a une insuffisance cardiaque et a besoin d'une transplantation au plus vite. On vous a expliqué, je crois ? »

Il hocha la tête, se rappelant de quand il avait littéralement agressé les infirmiers un peu plus tôt pour que ceux-ci lui disent à qui profiterait les organes de sa copine tout juste décédée, celle-ci ayant signée apparemment un papier autorisant le personnel médical à utiliser ses organes post-mortem.

« Je... Je dois y aller. Quand aura lieu l'opération ? Quand pourrais-je enterrer Chloé ? demanda-t-il d'un air troublé, n'ayant plus qu'une seule envie à présent : s'échapper de cet hôpital, et le docteur lui offrit un petit sourire compatissant.

— Dans les prochaines heures nous opérerons votre copine pour récupérer ses organes. Dès ce soir, nous pourrons transférer son corps au service funéraire de votre choix.

— Et... lui ? bredouilla-t-il, embarrassé et ne sachant pas trop lui-même pourquoi il demandait cela.

— Avant demain, le cœur de votre amie doit être greffé dans les heures qui suivent si on veut que l'opération marche. Le cœur est un organe fragile. Il nous faut juste vérifier de sa... qualité... on va dire. Vérifier qu'il n'y aura pas de rejet du corps receveur.

— Je vois, dit-il difficilement, ayant la désagréable impression d'avoir une boule dans la gorge, puis il ferma les yeux et poussa un petit soupir, se sentant complètement abattu. Très bien. Vu que je n'ai pas mon mot à dire là-dedans de toute façon... je m'en vais. J'attendrais de savoir dans quel service funéraire elle a été transporté pour aller l'enterrer. Merci pour tout docteur, au revoir. »

Il jeta un dernier regard au garçon profondément endormi dans la chambre d'hôpital avant de tourner les talons et de s'éloigner. Enfin, endormi... Il savait bien que ce n'était pas vraiment le cas. Il semblait dormir, mais en réalité, c'était les médecins qui l'avaient forcé dans ce coma artificiel. Sûrement pour éviter qu'il ne souffre trop. Ou peut-être qu'il extrapolait, il n'en savait rien après tout, c'était peut-être la procédure classique pour les patients souffrant d'insuffisance cardiaque. Il sortit de l'hôpital en secouant la tête, se demandant pourquoi il se posait toutes ses questions à propos de ce garçon. C'était comme lorsqu'il était entré en trombe dans sa chambre d'hôpital tout à l'heure. Il avait été hors de lui sans même savoir pourquoi il était autant en colère – hormis l'information de la mort de sa copine quelques heures à peine auparavant – et à l'instant où son regard s'était posé sur ce garçon, toute sa colère s'était évaporée. Il avait aussitôt ressenti une énorme peine en le voyant ainsi, allongé dans son lit d'hôpital, semblant apaisé au premier abord mais les fils le parcourant de toute part et le masque qui lui recouvrait le nez et la bouche pour lui apporter de l'oxygène lui indiquant bien que tout ça n'était qu'une simple impression. Il secoua de nouveau la tête, se forçant littéralement à arrêter de penser au garçon qui accueillerait bientôt le cœur de sa petite copine. Aurélien. Il fallait qu'il pense à elle plutôt, il n'en avait rien à faire de lui. Chloé.

Fiction OrelxGringe - Ma renaissance. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant