Alors que Liv retirait la laisse du cou de la nonne, son esclave, après lui avoir ordonné d'aller s'asseoir près du feu, Joar le Jeune échangea un bref regard avec Sven et lui fit signe du menton.
Les deux amis se connaissant par cœur, Sven saisit un pichet de bière et fila discuter avec quelques Danois et hommes du nord pour savoir ce qui avait bien pu se passer entre Liv et Magni, car c'était ce que Joar le Jeune attendait de lui.
De son côté, fatiguée et irritée par la manigance de Magni, Liv retourna s'allonger sur sa fourrure espérant trouver le sommeil.
Conscients que des chuchotements seraient plus perceptibles à travers le calme de la nuit, le jarl et son fils décidèrent de parler de ce premier raid à Eirik l'Ancien, qui était resté en retrait avec les quelques intendants et les esclaves qui avaient veillé sur les biens de leurs compagnons :
— Ce village était pauvre, soupira Joar le Jeune.
— Et nous étions bien trop nombreux, ajouta le jarl. Nous avons dû quitter le village avant la nuit parce que les hommes allaient finir par se battre entre eux pour le peu de richesse qu'ils ont pu trouver.
— Nous aurons plus de chance au prochain raid, les rassura Eirik l'Ancien en remontant la fourrure qui lui tenait le dos au chaud.
— Nous verrons, soupira Joar le Valeureux, tout en regardant sa fille dormir paisiblement sous sa fourrure.
Depuis que Liv avait rencontré Siger, l'homme du nord faisait fréquemment un bref passage dans ses songes nocturnes, mais cette nuit-là, peut-être à cause de l'intervention de Magni qui avait clamé à sa manière qu'elle aimait les femmes, Liv s'imagina être à la place de l'esclave qui avait réclamé l'attention de Siger. Elle avait conscience d'être assise sur sa cuisse, que sa main était pressée sur sa hanche et que l'autre était posée sur sa gorge pour mieux attirer ses lèvres vers les siennes.
Allongée sur le flanc, Liv se réveilla avant que le contact nes'établisse entre eux. Elle ouvrit les yeux, agacée par l'attirance physiqueque l'homme du nord exerçait sur elle et bien qu'ils n'aient eu que deséchanges banals, hormis celui où elle l'avait surpris en train de se laver... Unedouleur à la main lui fit comprendre qu'elle serrait le manche de sonscramasaxe qui était posé près d'elle.
Elle roula sur le dos et fixa le ciel encore voilé par la noirceur de la nuit, puis se frotta le visage avant de s'asseoir et de saisir son outre d'eau pour se désaltérer. Elle jeta un rapide coup d'œil à l'horizon apercevant à peine la naissance de ce nouveau jour, puis elle regarda son père qui dormait sur le flanc, son épée à portée de main, tout comme son frère et Sven.
Quant à son grand-père, comme à son habitude, il dormait sur le dos tout en serrant le manche de son scramasaxe tiré de son fourreau et le tenait contre son torse, comme s'il attendait que la mort le cueille dans son sommeil, puisque le vieux guerrier n'était plus apte aux autres combats.
Ensuite, Liv se souvint qu'elle avait une esclave. La nonne n'avait pas dormi et était assise près du feu mourant, le menton posé sur les genoux et les bras enserrant ses jambes repliées.
Liv prit son sac et se leva :
— Suis-moi, ordonna-t-elle à l'esclave qui obéit malgré son corps ankylosé.
Liv guida l'esclave en dehors du camp endormi, hormis quelques veilleurs, et elles se dirigèrent vers le ruisseau à l'eau vive, cernée de buissons épars.
— Si tu veux te débarrasser de la souillure c'est maintenant, affirma Liv avant de s'accroupir pour s'asperger le visage d'eau froide.
La nonne hésita retira ses chausses puis elle releva sa bure et entra dans le petit courant pour se laver les cuisses et l'entrejambe. De son côté, Liv alla derrière un buisson pour faire ses besoins.
— Et maintenant ? demanda la nonne quand Liv vint se laver les mains.
— Tu as compris ce qui s'est passé hier soir ? demanda Liv.
— Je ne parle pas votre langue, mais il me semble avoir compris l'essentiel, soupira la nonne.
— Depuis hier soir, tu es mon esclave, expliqua Liv en dévisageant la nonne qui serrait sa croix en bois suspendu à son cou.
Les cheveux blonds de la Saxonne avaient été saccagés et son visage affichait quelques marques du temps, d'ailleurs Liv estima qu'elle devait avoir deux fois son âge ou presque.
— Quoi ? s'inquiéta la nonne, n'appréciant pas d'être fixée.
— Qui t'a coupé les cheveux ? s'indigna Liv.
— Oh, c'est la mère supérieure du couvent où je vis, s'exclama la nonne.
— Et quel mal as-tu fait à cette femme pour qu'elle te traite ainsi ? s'étonna Liv.
— Aucun, répliqua la nonne. J'ai fait le vœu de rester humble, se justifia-t-elle.
— Peu importe, quel est ton nom ? soupira Liv dépitée.
— Esther, répondit la nonne.
— Esther, si tu m'avais écoutée la veille, tu ne serais pas dans cette situation, lui reprocha Liv. Alors écoute-moi bien. Tu es à mon service et à celui de ma famille, aucun homme ne peut te toucher, à ce sujet j'ai peut-être exagéré... En tout cas, tu n'auras plus aucun acte charnel avec un homme. J'imagine que ce point te convient, sourit la guerrière en croisant les bras sur la poitrine.
— Parfaitement, avoua Esther.
— J'en étais sûre, se moqua la fille du jarl. Donc à partir d'aujourd'hui, tu feras notre lessive et participeras aux corvées avec les esclaves.
— Est-ce que je suis autorisée à prier ?
Liv plissa les yeux de mise en garde :
— Bien sûr, si tu ne méprises pas mes croyances, je respecterai les tiennes, conclut-elle avant de prendre le chemin du campement.
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Vikings - Le feu sous la glace (1er jet - arrêté ) 🔞
Historical FictionLa période est trouble, car Ubbe Ragnarsson est mort et il était le seul capable de réunir tous les clans derrière lui pour former la Grande Armée Danoise. Comme beaucoup d'autres, le jarl Joar le Valeureux et ses héritiers devront faire des choix...