L'aurore était encore loin de poindre que déjà la rosée automnale commençait à recouvrir la végétation, tandis que le vent qui la faisait onduler, chassait aussi les épais nuages qui obstruaient par moments la faible lueur de la lune. L'astre faiblissant éclairait de son mieux la forteresse, qui se dressait dans une plaine dégagée sur plusieurs lieux, même si des champs de cultures lui offraient une couronne végétale.
Derrière la haute palissade qui ceignait les habitations et les greniers à grains, quelques braséros aux flammes mourantes scintillaient encore. Visibles d'assez loin, ces petits feux révélaient partiellement les allées et venues des sentinelles, car certains hommes, ceux qui n'étaient pas assoupis par l'ennui et la fatigue, devaient veiller sur le chemin principal qui donnait accès à la forteresse, tandis que d'autres faisaient leur ronde sur le reste de l'enceinte.
Habitués à la pénombre de la nuit et concentrés sur la première phase de leur plan, Siger et quelques guerriers étaient accroupis, boucliers pendant dans le dos, et attendaient le signal de départ.
Joar, Liv, Sven et trois autres guerrières Norvégiennes étudiaient les mouvements en haut de la palissade.
Joar et Sven attrapèrent chacun l'extrémité du tronc qui allait les faire gravir l'obstacle. Siger et quelques guerriers qui portaient le levier de Joar coururent avec le jarl jusqu'au mur d'enceinte et sans ralentir, Joar marcha à la verticale, soulevé par la force des hommes qui dressèrent le tronc : d'où l'importance que le grimpeur ne soit pas trop lourd.
À l'instar de Joar, Sven s'agrippa au rebord tandis que Siger et les autres porteurs se délestaient de leur fardeau devenu inutile. Adossé à la paroi, l'homme du nord réprima un petit sourire de fierté face à la témérité de Liv qu'il observa grimper de la même façon que son frère.
Très vite, dans le silence paisible de la nuit, les trois autres guerrières qui constituaient l'équipe d'ouverture, furent propulsées au sommet du mur. Au pied de l'enceinte et dans l'ombre de la nuit, les guerriers s'armèrent de leur bouclier et de leur lame, puis ils longèrent le mur pour s'approcher sans un bruit de la grande porte.
Le pas léger, Joar et Sven avaient déjà tué deux gardes, assurant la tranquillité aux quatre guerrières qui devaient les rejoindre, ainsi les deux frères d'arme pouvaient avancer sans les attendre. Tandis que Joar s'approchait des marches pour gagner la cour, Sven agrippa le battant de la cloche d'alarme et trancha la corde de l'autre, empêchant ainsi qu'un mouvement de balancier ne fasse capoter leur effet de surprise, mais l'agitation survint quand même.
Dans la cour, Joar, Sven et Liv se dressèrent entre les soldats et les guerrières Norvégiennes. Pendant que les Danois se défendaient, deux d'entre elles soulevèrent la poutre qui scellait la grande porte pour la nuit, ouvrant le passage aux hommes à l'extérieur, puis la troisième agita un flambeau, que Storm aperçut de loin, donnant le signal à ses cavaliers.
Un premier archer, réveillé brusquement, s'était posté dans le couloir de l'étage qui bordait la cour. Il abattit un Danois qui franchit la grande porte juste après Siger. Lui et ses hommes étaient entrés avec la rage au ventre, pensant que la forteresse tomberait vite, mais c'était sans compter sur le nombre de Saxons qui vivaient là.
Tirés du sommeil par les cris d'alerte des soldats et le ferraillement des lames qui s'entrechoquaient, la garnison de Merciens et les résidents prirent les armes.
Alors que les cavaliers arrivaient en trombe, des villageois en fureur déboulèrent d'une ruelle, armés de faux, de fourches et de couperets, faisaient reculer les envahisseurs.
Dans la cohue des affrontements, Siger se rapprocha de Liv, qui bloquait une attaque frontale à coups de bouclier et riposta d'un coup d'estoc, lacérant la gorge de son adversaire de la pointe de son épée.
Une flèche manqua de peu l'homme du nord, aussi, quand il repéra l'archer, Siger planta son épée au sol, puis il saisit sa hache et la propulsa de toutes ses forces. L'arme fila et tournoya pour terminer sa course dans le torse de sa cible.
De son côté, Storm comprit que la forteresse était plus grande qu'ils ne l'avaient cru. L'enceinte possédait beaucoup de venelles et de bâtiments. Aussi, sur ses ordres, les cavaliers ouvrirent les ruelles aux fantassins, car il fallait prendre possession des lieux le plus vite possible.
De sa vision périphérique, Siger repéra Liv qu'il avait perdue de vue un peu plus tôt. La Danoise était à l'étage et affrontait un Saxon : le Soldat fracassait sa lame sur son bouclier et ses coups puissants l'obligeaient à reculer.
Siger rengaina son épée, courut jusqu'à un chariot, grimpa dessus et sauta pour s'agripper au rebord, puis il escalada la balustrade et alla poignarder dans le dos le soldat qui avait le dessus sur Liv.
— De quel droit ? ragea-t-elle à Siger, furieuse qu'il soit intervenu.
— Plus tard, feula-t-il, en affichant le même air meurtrier que Storm.
L'homme du nord la bouscula pour fondre sur les hommes qui arrivaient en hurlant et brandissaient des hachoirs à viande.
En replaçant son bouclier, Liv éprouva une violente décharge dans l'épaule et elle prit conscience d'avoir trop forcé pour se protéger au lieu d'attaquer. Elle en fut d'autant plus furieuse, car sans l'intervention de Siger, elle aurait perdu son bouclier et probablement la vie.
Alors que les combats s'éternisaient, de son surplomb, Liv aperçut les premières lueurs irisées de l'aube qui se dressait à l'horizon. Ainsi, elle baigna dans un rais de lumière avant d'emboîter le pas à Siger.
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Vikings - Le feu sous la glace (1er jet - arrêté ) 🔞
Ficción históricaLa période est trouble, car Ubbe Ragnarsson est mort et il était le seul capable de réunir tous les clans derrière lui pour former la Grande Armée Danoise. Comme beaucoup d'autres, le jarl Joar le Valeureux et ses héritiers devront faire des choix...