Chapitre 17

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Le convoi des hommes du nord voyagea une bonne partie de la nuit aux flambeaux, préférant s'éloigner du lieu du massacre et espérant rejoindre rapidement le clan de Joar le Valeureux, qui devait avancer lentement vers l'est et Lichfield. Il fallait les prévenir de sa mort, si les fuyards ne l'avaient pas déjà fait et peut-être même que la petite armée de Merciens était à leurs trousses.

Les nuits automnales devenant de plus en plus fraîches, quand la halte fut donnée, plusieurs petits foyers furent allumés dans les braséros en fer et ainsi réchauffer l'air pour les dormeurs.

Par habitude, Siger faisait le tour de leur campement pour s'assurer qu'il n'y avait pas d'agitation dans les petits groupes formés pour la nuit, car fatigue et frustration pouvaient rapidement engendrer des conflits superflus.

Magni sur les talons, Siger revenait vers son emplacement et aperçut Liv et Sven, assis près d'un petit foyer, leur manteau de fourrure sur le dos, tous deux entretenaient le fil de leur épée, qui avait beaucoup servi durant la journée.

Au petit matin, alors qu'un léger voile brumeux couvet les dormeurs et dont l'humidité étouffait les dernières flammes des braséros, Liv, allongée sur le flanc sous sa peau de bête, se réveilla en sursaut revoyant le moment où le Mercien lui exposait la tête de son père.

Elle roula sur le dos, ravie de ne jamais pouvoir oublier le visage du Saxon, car elle voulait le tuer.

Liv jeta un œil à Sven qui dormait sur le dos, ronflant par moments. Le meilleur ami de son frère avait été un allié de poids la veille et pas que... Depuis leur enfance, Sven avait toujours répondu présent pour sa famille. Elle connaissait l'attachement et le respect qu'il avait pour leur jarl et savait qu'il était aussi dévasté qu'elle par sa mort. Tous guerriers et guerrières savaient qu'ils ne pouvaient mourir qu'une fois et qu'il fallait choisir ses batailles. C'est sans doute pour ça que Liv ne parvenait pas à accepter le décès de son père : il n'y avait eu aucune gloire pour lui, juste une fin banale... Presque absurde pour un homme aussi valeureux.

Le cœur lourd et la gorge nouée par son besoin de retenir ses larmes, Liv se leva et marcha un moment pour se vider la tête et alléger son âme torturée.

— Déjà debout, lui souffla une voix familière provenant de la forêt encore obscurcie.

Siger s'approcha de Liv et lui adressa un salut de tête respectueux.

— J'ai hâte de retrouver mon clan, avoua-t-elle, emmitouflée dans son lourd manteau.

— Je comprends, concéda l'homme du nord. Suis-moi, Liv ! ajouta-t-il.

S'attendant à ce qu'il la conduise à une chope de bière, elle lui emboîta le pas et ils avancèrent en silence un moment, alors que les hommes et les femmes se réveillaient peu à peu.

Siger s'arrêta devant un chariot et souleva la bâche goudronnée :

— Fais ton choix, lui déclara-t-il en s'écartant pour lui montrer les armes.

— Pourquoi ? s'étonna-t-elle en soutenant son regard bleu.

— Je crois savoir que tu n'as plus de hache ni de scramasaxe, alors fais ton choix !

— Combien ? soupira-t-elle en étudiant les armes des yeux.

— Tu ne me dois rien, sourit Siger. Ces armes ne sont pas à moi, précisa-t-il. Mais, j'espère qu'elles te seront plus utiles qu'à leurs derniers détenteurs.

Liv le dévisagea brièvement puis elle soupesa quelques haches et longs couteaux, les maniant brièvement pour mieux faire son choix.

— Je prends celle-là et ce scramasaxe-là, affirma-t-elle. Combien ? insista-t-elle.

— Rien, soupira-t-il déçu par son obstination.

— Siger...

— Tu ne me dois rien, clama-t-il en croisant les bras sur le torse. Mais peut-être qu'une offrande aux dieux serait judicieuse, pour que ces armes t'offrent meilleure fortune qu'à leur dernier propriétaire, ajouta-t-il l'air sérieux.

Liv plongea les yeux dans les siens, y trouvant bienveillance et sincérité.

— Merci... pour les armes et pour le conseil, déclara-t-elle.

— De rien, lui sourit-il. Allez, viens, allons manger ! conclut-il.

Vikings - Le feu sous la glace (1er jet - arrêté ) 🔞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant