Du côté de Joar le Jeune, alors que le soleil étirait doucement ses rayons derrière l'horizon, l'aube blanche et brumeuse répandait partout sa rosée, fraîche et humide.
Joar le Jeune était assis près d'un braséro qu'il avait ravivé et buvait un bouillon, profitant du calme du moment, car peu d'hommes et de femmes étaient debout.
À travers le voile brumeux qui planait çà et là dans le camp, Joar aperçut un veilleur s'approcher, puis il comprit qu'il n'était pas seul et réalisa que les hommes derrière lui étaient blessés.
— Seigneur, le salua le veilleur alors que Joar marchait vers eux.
— Que s'est-il passé ? clama Joar à la poignée d'hommes qui avaient pris la route avec le jarl et sa sœur.
— Nous avons subi une attaque, expliqua l'un d'entre eux.
— Les Merciens étaient nombreux, une petite armée ! précisa un autre.
— Où est mon père ? demanda Joar, le front plissé par un mélange de colère et d'inquiétude.
— Au Valhalla, seigneur ! affirma le premier guerrier.
— Je l'ai vu tomber, précisa un autre Danois. Trois flèches, seigneur, dans le dos, je l'ai vu, il est tombé de cheval.
— Liv ? Où est ma sœur ? grogna Joar, furieux.
— Elle n'est pas avec nous, seigneur, répondit le premier guerrier.
— Elle doit être morte, ajouta un autre.
— Ou prisonnière ! gronda Joar, les mâchoires serrées par la fureur qui lui brûlait les entrailles.
— Nous l'ignorons, seigneur, insista le premier guerrier.
— Qu'est-ce qui se passe ? demanda Guthred qui arrivait à grand pas, attiré par le ton de la discussion.
— Le convoi du jarl a été attaqué hier, répondit Joar.
— Il est blessé ? Où est-il ? insista Guthred.
— Mon père est au Valhalla... il festoie avec les dieux, déclara-t-il, contenant le chagrin qui dévastait son cœur.
— Ça fait de toi notre nouveau jarl ! répondit Guthred le désossé, après un court moment de silence pour digérer l'information. Que fait-on, seigneur ? ajouta-t-il avec l'envie de ravager tous les villages alentour.
Joar le Jeune soutenait son regard marron qui brillait d'une soif de sang, puis il réalisa qu'à quelques pas derrière Guthred se tenaient Eirik l'Ancien, Iseult et la nonne. Joar marcha vers son grand-père d'un pas décidé et lui posa une main compatissante sur l'épaule :
— Nos morts doivent être vengés, clama-t-il.
Cette déclaration fit monter la ferveur dans le cœur des Danois, que l'agitation avait tiré brutalement du sommeil pour beaucoup, pour les regroupés autour de leur nouveau jarl.
Alors que l'ordre était donné, Eirik l'Ancien retint son petit-fils par le bras :
— Prends le temps de réfléchir, Joar, l'encouragea-t-il à voix basse.
— Je n'oublie pas qu'il nous faut plus d'hommes pour attaquer la forteresse, répondit-il sur le même ton.
— Prendre le risque de réduire encore notre nombre n'est pas judicieux, précisa l'Ancien.
— J'enverrai des hommes en Danelaw pour enrôler des hommes de Guthrum, mais je veux ma vengeance ! martela-t-il à son grand-père, ignorant l'agitation ambiante.
— Alors va, mon fils, répliqua le grand-père. Et reviens comme un jarl, fier et victorieux !
À la nuit tombée, toutes les équipes Danoises étaient revenues au campement, repues de massacres et de chaos.
Ils festoyaient avec tout ce qu'ils avaient pris aux morts Saxons, célébrant la vie et honorant les défunts.
Le cœur alourdi par le chagrin, Joar le Jeune s'éloigna des festivités et marcha dans la pénombre de la forêt.
Pas assez ivre pour oublier la douleur qui voulait le mettre à terre, il manqua d'air et dut s'accroupir de crainte de chuter. Il se pinça la base du nez espérant retenir ses larmes et finit par pleurer.
Un bruit de pas un peu plus loin de lui, le ramena à la raison, il se redressa et se passa les mains sur le visage pour effacer ses pleurs et comprit que c'était Iseult qui revenait avec les outres d'eaux pleines.
Ils se dévisagèrent en silence un court moment, car Joar marcha vers elle et céda à son besoin de la prendre dans ses bras.
Surprise par la chaste étreinte, elle réalisa que le Danois pleurait au creux de son cou, alors elle lâcha ce qu'elle tenait pour lui offrir ses bras compatissants. Ils restèrent enlacés, jusqu'à ce que Joar se ressaisisse et s'écarte d'elle. Il lui prit le visage à deux mains et posa son front contre le sien, puis il soupira pour remettre son esprit en ordre d'idées :
— Ne t'éloigne pas seule, lui conseilla-t-il en s'écartant d'elle.
Iseult récupéra les outres qu'elle avait laissé tomber.
— Votre grand-père doit m'attendre, affirma-t-elle soudainement éclairée par le fait qu'il était le nouveau jarl et qu'il pouvait décider de la prendre à son service pour répondre à son bon vouloir.
— Alors, va ! conclut-il avant de s'écarter pour la laisser passer.
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Vikings - Le feu sous la glace (1er jet - arrêté ) 🔞
Ficção HistóricaLa période est trouble, car Ubbe Ragnarsson est mort et il était le seul capable de réunir tous les clans derrière lui pour former la Grande Armée Danoise. Comme beaucoup d'autres, le jarl Joar le Valeureux et ses héritiers devront faire des choix...