Chapitre 20

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Du côté des deux frères, le soleil au zénith offrait une douce chaleur réconfortante, contrastant avec la fraîcheur de la matinée.

Le convoi avait avancé vite malgré le transport du matériel du campement à travers l'épaisse forêt. Storm et Siger chevauchaient en tête, suivis par Magni, puis derrière Liv et Sven. Un éclaireur arriva au triple galop et tira sur les rênes, arrêtant brutalement sa monture, arrivé à leur hauteur.

— Les Saxons, clama-t-il. Ils sont une petite armée ! précisa-t-il.

— Ils savent que nous arrivons ? demanda Storm.

— Non, seigneur, ils démontent leur campement, expliqua-t-il.

— Où sont-ils ? demanda Siger.

— Au sortir de la forêt, sur la colline qui surplombe la clairière, précisa l'éclaireur.

— Contournons-les et prenons-les en tenailles, sourit Storm à Siger.

— Des cavaliers par nord et un mur de boucliers par le sud, approuva Siger.

Siger et Storm allaient faire volte-face quand l'homme du nord vit Liv et Sven mettre pied à terre.

— On va avec les fantassins, déclara Liv en saisissant son bouclier.

— Une vierge guerrière au milieu d'un mur de boucliers, quelle bonne idée, ironisa Storm avant de talonner sa jument.

Siger étudia la détermination de la Danoise, tandis que Magni et l'éclaireur suivirent Storm.

— C'est un beau jour pour mourir, mais le Valhalla peut encore attendre, lui déclara-t-il.

Elle opina déjà concentrée sur ce qui allait suivre, alors Siger talonna sa monture et alla donner des consignes aux guerriers.

Les cavaliers attaquèrent le campement des Merciens en plein démantèlement. La panique n'enlevait rien à leur nombre. Storm et Siger du haut de leurs chevaux donnaient des coups d'épée, fracassant des crânes à tout va. Puis, les hommes du nord se regroupèrent et chargèrent pour repousser les Merciens tout droit sur leur mur de boucliers.

L'efficacité de leur défense reposait sur la cohésion des hommes, coordonnant leurs mouvements d'avance ou de recul.

Pris en tenaille, les Merciens formèrent deux murs de boucliers pour tenter de survivre. Boucliers contre boucliers, les hommes du nord poussaient pour avancer, puis s'arrêtaient pour donner des coups de lame au travers des protections : entaillant des tibias, des ventres et des gorges, tandis que de l'autre côté, les cavaliers chargeaient la deuxième défense des Saxons pour les faire reculer et oppresser les hommes sur l'autre front.

— On avance ! hurla Sven pour faire bouger leur mur.

Liv à côté de lui, poussait de toutes ses forces et suivait le mouvement et comme les autres elle marchait sur des corps, à cela s'ajoutait le fait la résistance opposée était forte, aussi le mur peinait à bouger, donc les protections s'écartaient çà et là pour attaquer l'ennemi. Aussi, les blessés s'effondraient de part et d'autre.

La tension était à son comble et accentuée par la pression exercée sur les murs de défense. Oppressée, Liv ne pouvait pourtant se sentir plus vivante qu'à cet instant.

Les Saxons qui se tenaient sur les côtés abandonnèrent leur poste et ce fut le début de la débâcle des Merciens.

Les hommes du nord les laissèrent fuir préférant ne pas avoir à faire de prisonniers, et il était exclu d'épuiser leur force à les poursuivre.


Le soir venu, les cadavres Saxons avaient été dépouillés de leurs biens et les morts Norvégiens étaient ensevelis honorablement.

Les hommes du nord avaient établi leur campement sur celui de l'ennemi et en avaient profité pour prendre tout ce qui avait de la valeur.

Ainsi, Liv et Sven avaient chacun leur petite tente pour dormir à l'abri du vent qui s'était levé en fin d'après-midi.

Liv qui n'arrivait pas à savourer sa vengeance, puisque l'homme qui avait décapité son père n'était parmi les morts, avait beaucoup bu. Elle se leva et laissa Sven qui somnolait d'ivresse au coin du feu.

Elle tituba un moment, déambulant au travers de la liesse ambiante et où des couples se formaient pour la nuit, parmi les guerriers, les guerrières et les civils (hommes et femmes) qui formaient l'intendance du convoi.

— Tu es perdue ? lui lança Siger qui faisait son tour habituel.

— Jamais, clama-t-elle, chancelante tout en levant l'index vers la voûte céleste. Je me repère à la lune...Non, aux étoiles, précisa-t-elle. Et toi ? clama-t-elle.

— Je sais où je vais, sourit Siger.

— C'est bien, soupira-t-elle alors qu'elle entendait des rires et des sons de luxure à proximité.

— Oui, souffla-t-il en s'approchant plus près d'elle. Permets-moi de t'accompagner jusqu'à ta tente, lui déclara-t-il en lui saisissant le coude.

— Si ça peut te faire plaisir, répliqua-t-elle d'un haussement d'épaules.

Siger lui sourit et ne s'attendit pas à ce qu'elle se dresse devant lui pour se mettre sur la pointe des pieds et tente de l'embrasser. Surpris, il lui saisit les épaules et la repoussa, non sans regret :

— Tu as plus besoin d'ami que d'un amant ce soir, se justifia-t-il.

Vexée et douchée par le rejet, Liv recula de deux pas et opina :

— Oublie ça, je ne sais pas ce que je fais ! clama-t-elle, un peu plus lucide.

Elle tourna les talons et marcha d'un pas pressé mais chancelant vers son petit pavillon. À peine plus spacieuse qu'une simple tente, Liv franchit les battants et espéra tituber jusqu'au lit de camp, mais elle tomba à genoux avec l'envie de hurler de désespoir. Les mains plaquées sur son visage elle espérait étouffer son cri et ses larmes...

Siger qui l'avait suivie pour veiller à ce qu'elle soit en sécurité l'entendit pleurer. Sa tristesse lui brisa le cœur, alors il entra pour la trouver prostrée au sol, le corps secoué par des sanglots intarissables. Il s'agenouilla près d'elle et lui posa une main réconfortante sur le dos. Sans réfléchir et ayant besoin du réconfort qu'il lui offrait, Liv se laissa aller contre lui et profita de la tendresse de ses bras.

Ils restèrent un long moment ici, jusqu'à ce que, épuisée par l'alcool et les larmes, Liv s'endorme. Siger la porta jusqu'au lit de camp. Avant de la laisser se reposer, il lui glissa une mèche de cheveux derrière l'oreille, caressant au passage sa pommette puis sa gorge.

Il allait reculer mais Liv lui saisit le poignet :

— Reste avec moi, lui demanda-t-elle.

Il se pencha et des deux bras, il prit appui sur le cadre en bois :

— L'idée n'est pas pour me déplaire, mais tu ne comprendras pas ma présence à ton réveil, lui répondit-il avant de l'embrasser sur le front.

— Merci, souffla-t-elle en sombrant dans le sommeil.




Vikings - Le feu sous la glace (1er jet - arrêté ) 🔞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant