IX - Mia

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Je me réveille lentement, tirée de mon sommeil par un maelström de sensations désagréables. J'essaie de me redresser, je reste clouée au matelas avec l'impression que mon corps pèse une tonne. Une douleur sourde résonne dans ma tête, et je sens une nausée envahissante remonter de mon estomac. Je réalise rapidement que quelque chose ne va pas, et alors que je m'assois péniblement, les souvenirs de la soirée précédente me reviennent en mémoire.
Hier soir, j'étais sortie avec Charlie, Lara et Ojun dans le club que les extraterrestres s'étaient créé. La musique, les lumières étincelantes, l'ambiance électrisante... Tout avait été génial. Nous avons dansé, ri et passé un moment incroyable. Mais maintenant, je paie le prix de l'excès.

J'ouvre lentement les yeux et me retrouve face à une chambre qui me semble vaguement familière, mais je suis incapable de me rappeler comment je suis arrivée ici. Alors que je me redresse sur le bord du lit, mes pieds nus touchent le sol froid. Je frissonne, en proie à un malaise généralisé. Mes yeux se posent sur le fauteuil à côté du lit, où une partie de mes vêtements est soigneusement posée. Je lutte pour me rappeler comment je suis rentrée chez moi, mais tout est flou, comme si j'étais dans un brouillard épais. Je me traîne jusqu'à la salle de bains, mes jambes tremblantes et mes mouvements désordonnés. Mon reflet dans le miroir est pitoyable. Je ressemble à un épouvantail, mes longs cheveux châtains sont emmêlés, et mes yeux sont gonflés. Heureusement que je n'avais pas de maquillage, j'évite au moins de ressembler à un panda en fin de vie. Je me penche au-dessus du lavabo et me rince la bouche, espérant chasser le goût désagréable de la soirée passée. L'eau fraîche glisse sur mes lèvres sèches, mais rien ne semble pouvoir me soulager de cette sensation nauséeuse qui me ronge. Je jure de ne plus jamais toucher ces satanées boissons de toutes les couleurs. Après cet effort surhumain, je retourne dans ma chambre pour m'effondrer sur le lit, et m'enroule dans ma couverture. Je suis envahie par un mélange de honte, de gêne et de regret sans parvenir à savoir pourquoi. J'espère ne pas avoir été incontrôlable et fait n'importe quoi hier soir. Pourquoi ai-je autant bu ?

Les heures qui suivent passent lentement, je reste allongée, me sentant faible et vulnérable. Il me semble entendre dans mon demi-sommeil, Charlie qui vient me demander comment je vais. Je marmonne quelques mots pour lui faire comprendre que malgré mon apparence de cadavre, je suis encore bien vivante. Ce n'est qu'en fin de journée que je commence à me sentir un peu mieux. La nausée s'est atténuée, ma tête est moins lourde, et les souvenirs de la soirée d'hier en profitent pour m'assaillir de tous les côtés. Je revis les événements comme un film en accéléré.

Shoross ! J'ai fait du rentre-dedans au commandant ! Une nuée de papillons fait la fête dans mon ventre. J'avais osé exprimer mon attirance pour lui, j'avais posé mes mains sur lui, mais il m'avait repoussée. Les papillons s'envolent et laissent place à un impitoyable étau venu prendre mon cœur en otage. Revivre son rejet une deuxième fois me dévaste. J'avais pourtant ressenti l'intensité qu'il avait mise dans son baiser. Une faim dévorante, peut-être même plus puissante que celle que je nourrissais à son égard. Ai-je été naïve de croire que quelque chose entre nous était possible ? Et pour qui se prenait ce crétin arrogant pour m'interdire de fréquenter quelqu'un d'autre ? Comme si j'étais une marionnette à ses ordres, une personne qui n'a pas le droit d'explorer d'autres relations, de vivre ma vie. Comment peut-il exiger que je ne voie personne d'autre alors qu'il ne veut pas être avec moi ? La tristesse laisse place à la colère contre lui pour sa cruauté, sa possessivité mal placée. Je suis venue ici pour me renseigner sur le programme de reproduction, et maintenant que j'avais vu le quartier général et que les Cargaris étaient plutôt sympas, je n'avais aucune intention de repartir à l'extérieur pour mourir de faim ou être tuée par des individus errants. Ce fantasme envers le commandant n'avait été qu'un rêve éveillé, une fantaisie éphémère. Il est comme une étoile lointaine et mystérieuse que je ne pourrai jamais attraper, et que je dois laisser filer.

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