XXXVIII.

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 Antoine était terrifié. Il n'avait jamais été très courageux. Face à l'adversité, il avait toujours adopté la fuite, c'était pour lui le meilleur moyen de s'en sortir. Or la fuite était impossible. Ils n'étaient pas là pour ça.

— On peut le déposer ici, je pense, signa-t-il de sa main libre.

Florence l'aida à allonger le corps inanimé de Rayenne. Elle tremblait et regrettait peut-être d'avoir choisi de les aider au lieu de se contenter du statut de simple otage potentiel. En tendant la main vers le jeune homme pour vérifier son pouls, il se rendit compte qu'elle s'agitait sans son accord. Peut-être que lui aussi aurait mieux fait de jouer les otages.

À quelques dizaines de mètres, un choc sourd se fit entendre. Le combat entre Ponce et ZeratoR. Il ne voulait pas y songer. Sans ZeratoR, il serait mort. Il le savait. C'était lui qui était venu le chercher lorsqu'il se laissait périr. Et Ponce était un ami cher. Quelqu'un sur qui il pouvait compter et avec qui il avait partagé de nombreux fous rires. L'idée que l'un des deux puisse tuer l'autre...

Il pensa à autre chose. Il avait déjà bien assez à faire avec le reste de ses soucis.

— T'es une soigneuse, non ? demanda-t-il.

— Oui... mais... je... j'ai jamais utilisé mes pouvoirs. Enfin... pas depuis des années.

— Tu pourras pas empirer les choses...

— Franchement, je pense que je pourrais.

La réplique de la jeune femme eut le mérite de le faire sourire. Elle l'avait signé avec un tel naturel.

— Tu serais bien la première à réussir cette prouesse, fais-toi confiance.

— On va en éclaireur ! annonça Tip dans son dos.

Quoi ? Ils partaient sans lui ? Comment allait-il les retrouver ? Florence refuserait de laisser Rayenne seul et ils ne pouvaient pas le traîner dans toute la prison. Il n'avait pas envie de s'engager dans les couloirs labyrinthiques à la recherche d'Ultia sans personne à ses côtés. Mais plus ils attendaient, plus il y avait de chance que les gardes réagissent.

Le chaos créé par Baghera, MV, Trivia et OP dans la ville basse ne pouvait pas monopoliser l'attention éternellement. Il était déjà étonnant que personne ne se soit tenu devant la cellule de ZeratoR...

— Ça marche, répondit-il.

Sa voix n'était pas aussi sûre qu'il l'aurait voulu, mais il faisait de son mieux. Il avait juste envie que les choses s'arrêtent. Que cette situation prenne fin. En bien ou en mal, mais qu'elle prenne fin.

Il croisa le regard perdu que Florence lui renvoyait et se força à inspirer. Il fallait qu'il se calme. Il ne pouvait plus fuir. S'il voulait sauver Ultia, s'il voulait sauver Rayenne, s'il voulait sauver tous les autres, il ne pouvait plus attendre qu'on agisse pour lui. Il afficha un sourire.

— Ça va le faire, tu vas voir, la rassura-t-il.

— T'as pas l'air convaincu.

— Je fais de mon mieux. Écoute, Florence, je sais qu'on se connaît pas très bien, et j'aurais préféré qu'on se rencontre dans de meilleures circonstances. Mais là, je vais pas te mentir, je suis terrifié. Je suis pas un guerrier, pas un combattant et je suis qu'un invocateur de la lumière donc si quelqu'un peut aggraver l'état de notre cher Rayenne, c'est bien moi.

Il se tut en entendant un nouveau choc derrière lui. Il se força à ne rien laisser paraître. Au moins Florence ne pouvait pas les percevoir d'aussi loin... il l'espérait.

— Un problème ? demanda-t-elle.

— Je suis pas très doué pour les discours, se rattrapa-t-il. Mais je veux juste dire que tu dois au moins essayer avant de laisser tomber.

La Troupe des DamnésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant