Chapitre 9 : Retrouvailles Compliquées

116 17 152
                                    

La confusion de Madrec était palpable, son visage un miroir de la nostalgie qui l’envahissait. La femme qui se tenait devant lui n’avait plus les traits familiers du passé. La pensée de la revoir ne l’avait jamais effleuré, tant il la croyait perdue à sa cause, une traîtresse dans son esprit. Le temps avait filé, emportant avec lui leurs souvenirs communs, les transformant.

Émilie, quant à elle, avait conservée l’éclat de sa beauté, mais l’aura de douceur qui l’entourait autrefois s’était dissipée, tout comme l’innocence jadis perceptible dans son regard. À présent, ses yeux reflétaient une froideur distante, un mépris silencieux. Madrec, le cœur serré par un millier de questions qu’il brûlait de poser, se trouvait paralysé par l’hésitation. Le regard d’Émilie, sombre et étranger, le tenait à distance, lui rappelant qu’ils n’étaient plus les mêmes personnes qu’autrefois.

Serphija échangeait avec Orland, une cordialité feinte dans sa voix, tandis qu’elle délaissait les deux autres de son attention. Madrec et Samellia, stupéfaits, apprirent qu’elle avait était l’apprentie de l’As du mystère, formée en secret aux arcanes de la magie. L’atmosphère se tendit lorsque Orland, avec une intensité soudaine, rejeta une demande de cette dernière.

— Je ne peux pas te laisser faire ça ! C’est bien trop périlleux, s’exclama-t-il, l’urgence teintant sa voix d’une gravité incontestable.

Émilie pivota brusquement vers Madrec, son nom s’échappant de ses lèvres dans un cri. Il se figea sur place, l’expression d’un enfant craignant le reproche d’un parent. À ses côtés, sa compagne de voyage étouffa un rire moqueur, observant la nervosité de ce dernier se traduire par une déglutition précipité.

— Qu’est-ce qu’il y a ? lança-t-il, masquant mal son irritation en se rapprochant d'elle.

— Tu es l’objet de graves accusations. Te rends-tu compte que tu es désormais la cible de toutes les recherches à Mesilfa ?

Madrec sentait la frustration bouillonner en lui. Émilie choisissait de rouvrir les blessures plutôt que de panser celles du passé, le confrontant à sa réalité de fugitif, malgré leur histoire commune.

— Oui, je suis au courant. Ce n’est pas la première fois qu’on me met en garde, merci pour l’information. Mais dis-moi, n’as-tu rien d’autre à partager après tout ce temps ?

— Quoi donc ? soupira-t-elle, l’agacement perçant dans sa voix.

— Eh bien, par exemple, pourquoi m’avoir drogué et t’être enfuie telle une sale voleuse ?

— Madrec, cette histoire est ancienne, nous n’étions que des gamins à l’époque, agissant sans réfléchir. Tes sentiments pour moi ne s’alignaient pas avec les objectifs que j’avais alors. J’ai accompli mon devoir, renonçant à mon propre bonheur pour le bien supérieur du royaume. Tu ne peux me tenir rigueur pour ce qui n’était à tes yeux qu’une simple amourette, rétorqua Émilie, visiblement irritée.

— Une amourette ? C’est donc cela que tu retiens de nous ? répliqua Madrec, la déception teintant ses mots.

Samellia, témoin silencieuse de leur échange, s’interrogeait sur la nature des sentiments du jeune homme envers la comtesse. Ses réflexions furent interrompues quand elle entendit Émilie la désigner comme la promise de Madrec.

— Sa promise ? répéta-t-elle, s’approchant d’un pas incertain, l’étonnement peint sur son visage.

— Assez ! Cessez ces querelles puériles ! Nous devons agir, et vite ! s’exclama Orland, imposant le silence de son autorité.

Funeste Origine - Tome 1: Des hommes et des monstresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant