Chapitre 32 : La flèche du pisteur part 1/2

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Les rires gras et les sifflements vulgaires se répercutèrent contre les murs crasseux de la taverne, un écho malsain qui fit grincer les dents d'Ordense. Elle comprit rapidement que ces provocations lui étaient adressées, étant la seule femme présente dans ce repaire de crapules. Les ricanements persistèrent, emplis de mépris et de désir, exacerbant la colère sombre qui grondait en elle.

Elle balaya l'assemblée de son regard perçant, localisant les auteurs des sifflements et des moqueries. Son sang bouillonnait déjà. D'un geste imperceptible, elle déclencha son pouvoir. Ses doigts effilés se tendirent légèrement, et sans un mot, elle projeta de minuscules épines rouges, invisibles à l'œil nu, qui filèrent à travers l'air vicié de la taverne. Elles percutèrent les crânes des insolents, s'enfonçant profondément dans leur chair. Leurs rires moururent dans leur gorge, remplacés par un silence mordant. L'un après l'autre, ils s'effondrèrent, morts avant même d'avoir réalisé ce qui leur arrivait.

Kyllian, les yeux écarquillés, fixa les cadavres qui jonchaient le sol. La rapidité et la précision du massacre l'avaient laissé sans voix, et il ne put s'empêcher de ressentir un frisson de terreur face à l'efficacité redoutable d'Ordense. Se tournant vers elle, il murmura d'une voix tremblante :

— Était-ce vraiment nécessaire ?

Cette dernière ne lui accorda qu'un bref coup d'œil avant de répondre d'un ton glacial :

— Tais-toi, à moins que tu ne veuilles être le prochain.

Le silence qui s'était installé fut rapidement rompu par le cliquetis d'acier dégainé. Les autres clients de l'auberge, choqués mais non découragés, se levèrent en masse, leurs épées brillant dans la faible lumière des bougies. La tension monta d'un cran alors qu'ils s'avançaient en direction des deux compagnons. Sous son masque, un sourire carnassier étira les lèvres d'Ordense. Elle se réjouissait à l'idée d'avoir d'autres proies à supprimer.

Kyllian, bien qu'encore nerveux, dégaina ses deux sabres, les lames sifflant en quittant leurs fourreaux. Il se positionna à côté de la tueuse, prêt à faire face à cette nouvelle menace.

Juste au moment où l'affrontement semblait inévitable, un homme imposant à l'allure de malandrin fit irruption dans la pièce, traînant derrière lui une odeur âcre de fumée et d'alcool. Il avançait d'un pas lourd, son torse bombé couvert de cicatrices visibles malgré sa chemise usée. Une balafre en travers de son menton déformait légèrement sa bouche, qui laissait entrevoir une dentition mal entretenue, où brillaient ici et là quelques dents dorées. Il portait sur lui une armure de cuir noirci par le temps et les combats, ses bottes cloutées résonnant sur le sol de bois sale à chacun de ses pas.

Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres alors qu'il balaya la scène du regard, s'attardant brièvement sur les cadavres avant de reporter son attention sur les malfaiteurs encore debout.

— Allons, allons, calmez-vous, mes amis, intervint-il d'une voix forte mais décontractée. Nous sommes ici pour discuter affaires, pas pour répandre le sang inutilement. Reposez vos armes, ou je vous garantis que cette soirée se terminera très mal pour tout le monde.

Les hommes, d'abord hésitants, reculèrent lentement, abaissant leurs épées. L'aura de menace émanant du nouveau venu était indéniable, et il semblait bien décidé à ne pas laisser le chaos s'emparer de son territoire.

Ordense, bien que déçue, rangea son pouvoir, se contentant de croiser les bras en jetant un dernier regard défiant aux malfrats. Kyllian, quant à lui, essuya une goutte de sueur sur son front avant de rengainer ses sabres, soulagé que le combat ait été évité, du moins pour l'instant.

L'homme, toujours aussi enjoué, s'approcha lentement de ce dernier. Un sourire cruel se dessina sur ses lèvres alors qu'il s'avançait.

—  Eh bien, qu'est-ce qui te ramène ici, mon beau ? lança-t-il d'un ton mielleux, trahissant le mépris dans ses yeux. Il passa une main sur sa cicatrice, un geste devenu presque habituel.

Funeste Origine - Tome 1: Des hommes et des monstresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant