Chapitres 27 : Les confidences de la reine part1/2

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Dans l'intimité de la salle des soins, mes mains tremblaient légèrement alors que j'observais Finoc Asgon, notre médecin de confiance, s'occuper de Dylan avec une extrême délicatesse. Chaque mouvement était mesuré, chaque décision prise avec la gravité que la situation imposait. Mon cœur de mère se serrait aux gémissements étouffé de mon petit prince, malgré le philtre censé apaiser sa douleur.

Le roi, mon époux, se tenait à mes côtés, et son visage, d'ordinaire si imposant, trahissait une inquiétude profonde. Les assistants s'affairaient en silence : l'un écrasait des éclats de cristal luminescent, en libérant une brume apaisante qui se dispersait dans l'air, l'autre appliquait sur la blessure une pommade d'herbes rares, qui diffusait une chaleur réconfortante tout en refermant les plaies. Mais c'était le son de la douleur de Dylan qui emplissait la pièce.

Je ne pouvais rester là, impuissante. M'approchant du lit de mon fils, je posai une main rassurante sur son front brûlant. "Mon cher enfant, te souviens-tu de la berceuse que je te chantais pour t'endormir ?" Ma voix tremblait, mais je commençai à fredonner doucement la mélodie familière. À ma grande surprise, ses gémissements se calmèrent, et un silence presque sacré envahit la pièce. Même Finoc, qui n'avait jamais vu une telle blessure chez un enfant, s'arrêta un instant, reconnaissant le pouvoir d'une mère sur la douleur de sa progéniture.

La tension dans la salle des remèdes était palpable ; chaque souffle était retenu, tous les cœurs battaient à l'unisson pour la survie de mon enfant. Lorsque Finoc, avec une précision témoignant de son expérience, retira le dernier morceau de pierre incrusté dans l'œil du prince, je sentis un poids se lever de mes épaules. Il confia l'objet ensanglanté à un assistant, qui le prit avec une révérence presque religieuse, comme s'il s'agissait d'une relique maudite.

Le médecin nettoya la plaie avec une serviette humide, ses mains tremblantes, non pas de peur, mais sous la charge émotionnelle de l'acte. L'élixir de rétablissement qu'il avait préparé avec tant de soin commença son œuvre, et je vis la couleur revenir sur le visage de mon enfant. Lorsqu'il relâcha la serviette, un soupir collectif de soulagement s'échappa des lèvres de tous les présents.

Il se tourna ensuite vers nous, ses parents, son regard portant la lourdeur de la nouvelle qu'il s'apprêtait à partager. "Le prince survivra," dit-il, et ces mots furent comme une douce mélodie après une succession de craintes. Je me laissai tomber dans les bras de mon époux, laissant les larmes de soulagement couler librement.

Mais alors que je m'apprêtais à remercier Finoc par une étreinte, il me retint avec une douceur qui portait en elle la gravité de son diagnostic. " Votre fils sera désormais borgne," annonça-t-il. La nouvelle tomba comme un coup de tonnerre, et je compris que notre vie, à partir de ce moment, serait une fois de plus, changée à jamais.

Malgré le tumulte de mes émotions, je demandai à voir la blessure de Dylan. Lorsque mes yeux rencontrèrent la réalité crue de sa mutilation, un voile d'horreur obscurcit mon regard. À côté de moi, mon époux , perdit pour un instant son ancrage et quitta la pièce dans un élan de désarroi.

Seule au chevet de Dylan, je trouvai la force de murmurer des prières de gratitude pour sa vie préservée, même si son avenir serait désormais marqué par cette épreuve. Puis, rassemblant la dignité qui sied à une reine, je demandai un entretien privé avec le guérisseur.

Le médecin m'écoutait, son visage impassible se fissurant peu à peu sous l'impact de mes révélations. Je lui parlais d'Audrey, ma fille, la sœur jumelle de Dylan, qui m'avait été arrachée alors qu'elle n'avait à peine huit ans.

"Vous voyez, Finoc," dis-je, ma voix réduite à un murmure presque sacrilège dans le silence qui nous enveloppait, "la vérité est souvent plus complexe que ce que l'on raconte. Mon époux, le roi, est un homme de bien, mais malgré nos nombreuses tentatives, il ne pouvait me donner d'enfant. Désespérée de devenir mère et sous la pression d'assurer une descendance, j'ai été poussée à franchir des limites que je n'aurais jamais imaginées."

Funeste Origine - Tome 1: Des hommes et des monstresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant